Les députés Christian Kert et Jean Dionis du Séjour proposent de solder les livres au bout de six mois et non plus de
deux ans. Pourquoi pas ! Mais le livre n'est pas une boîte de fruits au sirop. Il s'inscrit dans une autre durée que la conserverie. Et ce serait un premier coup de canif à la loi Lang sur le
prix unique du livre. Qu'adviendrait-il alors de l'édition encore indépendante des grands groupes financiers ? Comment subsisterait le réseau des petits libraires déjà mis à mal par le rouleau
compresseur de la distribution ? L'abrogation de la loi Lang sonnerait l'avènement du règne absolu des best sellers vendus à prix cassés et l'arrêt de la diffusion d'une littérature plus
exigeante, moins formatée. Les livres, enfin, pourraient être fourgués au poids comme des légumes. Cela se pratique déjà les jours de braderie. Je l'ai vu de mes yeux vu à Auchan. Les
consommateurs ne semblaient pas s'en étonner. Eux-mêmes sont vendus depuis longtemps, au pois chiche de leur aveuglement.