Moi, instit', j'ai aussi claqué un môme !

Publié le 27 juin 2008 par Cetaitdemainorg
La mésaventure du professeur José Laboureur qui risque huit cents euros d'amende pour avoir giflé un gosse de onze ans, m'amène à ce témoignage : " C'était un soir vers dix-sept heures. J'avais terminé mon service mais j'étais encore présent à l'école. Un enfant de huit ans, qui en paraissait douze par la corpulence et le langage déjà adolescent, ayant commis de nombreuses agressions sur ses pairs, tabassait un autre élève pis que dans les westerns. J'ai crié. " Eddy, arrête !". Rien n'y fit. Eddy était rompu de longue date aux admonestations pédagogiques des maîtres et des maîtresses, avait épuisé depuis longtemps la litanie des lignes punitives sans pour autant accéder à la différence entre le bien et le mal. Il suivait en cela l'exemple de son frère aîné qui traitait ostensiblement sa mère de conne et refusait de lui téléphoner alors qu'il était en classe de neige. Sans doute ai-je lancé dans le désert une seconde sommation pendant que les coups pleuvaient sur la victime à terre. Puis, je pris la décision de la gifle. Froidement. J'attrapai Eddy et lui claquai le visage. N'ayant pas agi  sous le coup de la perte de contrôle, je prie mes lecteurs de croire que le soufflet fut symbolique donc indolore. N'empêche ! Eddy fut stupéfait... et l'enfant tabassé bien soulagé. Un quart d'heure plus tard, la mère d'Eddy, toutes griffes dehors, faisait un raffût de tous les diables à l'école et envisagea de porter plainte. Un collègue parvint à la calmer, à lui réexpliquer tant de choses déjà expliquées et l'affaire ne s'envenima point. Aujourd'hui, je croise assez souvent Eddy dans la rue. Son regard est noir, sa rancune tenace. Je croise aussi sa mère, qui parfois m'adresse un signe de tête. Je suis de toute évidence un bourreau. Mais je ne regrette rien. J'ai choisi de baffer Eddy et je le referais sans vergogne. Dans certaines circonstances, quand toutes les solutions ont été essayées et qu'elles n'ont rien donné, une gifle vaut mieux que la camisole chimique de la Ritaline administrée aux hyperactifs. Elle ne constitue pas un remède, elle doit rester très exceptionnelle, mais elle ne mérite pas la condamnation.