C'est vrai que la première fois j'ai été euphorique, la deuxième fois également. D'un coup d'un seul, j'ai cru que le pays merveilleux des bébés meugnons sans fumet démoniaque existait bel et
bien. Oui, j'ai cru que tout coulerait de source, que ma torture s'achèverait là et que nous serions une famille normale. Enfin !
Tout ça parce que le premier pot que Haricot a rempli, comme le suivant, s'est vu vidé en un tourne-main dans les toilettes.
Un geste simple, efficace, pour ne pas dire élégant.
Un contact minimal avec la Chose.
La possibilité de retenir sa respiration un labs de temps respectable, sans tomber dans les pommes.
Depuis... j'ai vécu l'enfer.
Je n'avais pas prévu qu'en mettant le Haricot sur le pot, il me faudrait lui tenir compagnie pendant son déstockage. Parce qu'il faut "l'occuper" pour qu'il se détende. Donc je lui donne à manger,
ou je lui tiens sa lecture (pour des raisons techniques complexes, j'ai également trop peur d'une caca-strophe s'il glisse en avant à cause de son bouquin ou d'un bout de fruit qui se
débinerait.)
Samedi soir par exemple, je lui avais mis sous le nez un exemplaire de Chasse et pêche* avec un beau serpent dessus. J'étais prête psychologiquement.
Moi: Et le serpent, il fait sssssssssss !
Haricot: Ssssssssssssss !
Les mains du Haricot se crispent sur les miennes, et je lis dans son regard toute sa détermination, tandis que moi, pauvre petite chose affolée, je me rends compte que je suis obligée de rester en
zone sinistrée, vu qu'il me retient.
Notons que c'est un rapide, il ne lui a pas fallu trop longtemps pour évacuer la cargaison de taupes. Sauf que c'était pas de la belle taupe ferme au corps avenant, mais plutôt du ciment de
rémoulade de taupes. Telle Jack Bauer, j'ai couru aux toilettes avec le pot, et bien entendu, j'ai réalisé le gracieux mouvement de poignet qui aurait dû mettre fin à mon calvaire et sauver la
maisonnée d'un étouffement certain (surtout qu'on s'apprêtait à manger).
Mais non, ça ne descendait pas. Pas moyen. Ca tenait bon comme une bouse accrochée à son rocher. Les taupes solidaires refusaient l'inéluctable !
Le reste n'est pas racontable. J'ai fait preuve d'un courage exemplaire, sans faille, mais croyez bien que je ne suis pas sortie indemne de cette expérience.
* Je n'avais que ça sous la main, c'était un magazine du TadCoz.