Du 1er au 23 septembre, la Maison Départementale de l'Environnement et l' Artothèque Montpellier présentent :
biodiversité et insectes pollinisateurs
Trente-six artistes pour traiter d'un thème fort, au cœur de notre avenir et de celui de la planète.
L'exposition est ouverte (ou peu s'en faut) et avec les six artistes qui suivent nous terminons notre tour d'horizon.
Isabelle Nagy, Oddbjørg Reinton, Marie Hélène Roger, Sycha, André Le Corre, Mahi
En six articles, l'Artothèque-Montpellier et IDHERAULT vous ont proposé une visite virtuelle de To be(e) or not to be(e), il ne vous reste plus qu'à y aller voir !
Le domaine départemental de Restinclières, havre de verdure et de paix, lieu accueillant par excellence, constitue par lui-même un but de belle balade, ajoutez-y cette exposition et la visite devient obligatoire.
Vernissage le 14 septembre !
Isabelle Nagy
J'ai choisi cette toile car elle présente un panel de fleurs multicolores et variées. Le pollen et le nectar des fleurs sont indispensables à la vie des abeilles. La disparition des espèces ordinaires de fleurs provoque de longues périodes de disette pour les insectes pollinisateurs. Si ces insectes disparaissent la production de graines et de fruits, essentielle à notre alimentation, n'existerait plus. Il faut donc protéger la faune et la flore des risques de l'agriculture intensive et pour assurer la protection et la survie des abeilles préserver la diversité des sources de pollen. Ce tableau nous rappelle que les abeilles sont attirées par les fleurs colorées qu'elles rencontrent au cours de leur vie dans la nature .La beauté des fleurs, les riches coloris des fleurs, on aime... même si on ne les voit plus. Et, si on ne les voyait plus du tout, si demain elles s'inscrivaient dans la longue liste des souvenirs auxquels ne nous rattache plus qu'une mémoire de plus en plus vague, quelque photos et des tableaux ?
Agir pour préserver la biodiversité, les insectes pollinisateurs, n'est pas qu'une " grande cause ", tout bêtement c'est aussi contribuer à ce que demain le bouquet d' Isabelle ne reste pas qu'une œuvre peinte, aussi belle soit-elle.
" L'été ", acrylique sur toile, 54×65 cm, 2018
Isabelle Nagy - " L'été ", 54×65Oddbjørg Reinton
D'origine norvégienne Oddbjørg Reinton travaille depuis 25 ans sur les contrastes et les " regards croisés " : nord et sud, froid et chaud, blanc et noir, présence et absence... aidée en cela par ses observations sur la faune et la flore. Les espèces en danger, les changements climatiques, au centre de son travail, l'incitent à faire partager ses inquiétudes par le biais de la peinture et du dessin. Elle fonctionne de manière cyclique, cette année elle a été particulièrement concernée par la déforestation, le sort des orangs-outans et la situation fragile des abeilles.
Dans l'œuvre présentée mon abeille solitaire se trouve piégée dans un paradoxe. Réalisée avec une peinture acrylique américaine et des pigments du Salagou, elle vient de loin et de près, tout comme la fenêtre, provenant d'une maison ancienne du Lot, et la taille démesurée de l'abeille " transgénique " (allusion au fake news de l'abeille résistante créée par Monsanto). Dans ma présentation je fais référence à l'esprit de préservation, de collection, propre à l'homme, mais aussi à la liberté que nous avons d'ouvrir la fenêtre, libérant l'insecte de sa proximité avec les produits dangereux (logo). Préserver tout en détruisant, est-ce une solution ?... Ouvrir et perdre notre " collection " pour le bien de tous, est-ce envisageable ?" Sortez-moi de là ! Get me out of here ! " - Boiseries de fenêtre, acrylique et pigments sur Plexiglas, acrylique sur papier, toile, 39 x 46 cm (fermé) / 69 x 46 cm (ouvert), 2018.
Oddbjørg Reinton -" Sortez-moi de là ! Get me out of here ! ", 39 x 46 cm (fermé) / 69 x 46 cm (ouvert)Marie Hélène Roger
Depuis que la Terre existe, l'humain est la première espèce à détruire ses ressources vitales. À l'heure où l'Anthropocène occupe notre époque, mes sculptures s'interrogent sur la surexploitation que l'homme fait subir à sa planète. Mes Charalou ou Personnage de papier grillagé nous observent et au travers d'une série de questions - suis- je de bois, de terre, d'air ; suis-je réel ou irréel ; ai-je les moyens de vivre bien ou être heureux me suffit ? - nous rappellent qu'il faut prendre notre Terre en considération, car elle est remarquablement unique.
Le regard de ce personnage " grillagé ", et des autres présents à ses côtés, nous renvoie à nos dilemmes, à nos paradoxes. Il nous regarde, yeux grands ouverts, de ces " mirettes " rondes où se lisent confiance, naïveté et une certaine vacuité. Des questions, certes, mais surtout une demande... et demain ?
Avons-nous des réponses, des mensonges sous la main ou l'envie de mériter sa confiance et de remplacer ce vide par un espoir bien réel ? Marie Hélène Roger nous laisse libre, toutes les options nous appartiennent !
A rapprocher de " Et demain ?" , toile de Valérie Billet exposée sur ce salon.
" Personnage " - buste, 40×30 environ, terre polymère, papier, grillage.
Marie Hélène Roger - " Personnage ", 40×30 environSycha (Sylvie Charles) définit sa création en trois mots : EROS, PHILIA, AGAPE. Trois mots utilisés par les Grecs pour désigner l' amour.
Eros, désir du bien sensible et de tout objet digne d'attachement, Philia, amour désintéressé, philosophique, l'amitié, le patriotisme, l'Homme, Agapé, la charité, accueillir avec chaleur, savoir apprécier ce que l'on a, chérir.
Il n'est pas étonnant que, portée par ces préceptes, la création de Sycha vienne à la rencontre de la biodiversité et des attaques qu'elle subit. A la lueur d'Eros, Philia et Agapé sa vision nous interpelle. Depuis toujours l'Homme est le théâtre de l'affrontement entre Eros et Thanatos et, comme toujours, le choix lui incombe, conséquences en prime.
L'œuvre se présente en deux parties. L'une , le fond, aux notes acidulées lui donnant une note de fraîcheur enjouée et printanière. La vision de la nature va du détail le plus petit - une fourmi sur un brin d'herbe - au vaste horizon, au- delà des prairies mellifères et des vergers en fleurs ( arbres représentés par des formes de sucettes ou de ballons, clin d'œil à l'enfance ). Les abeilles sont personnifiées, leur insouciance est peinte avec humour dans les expressions du regard, leur couleur blanche les assimile à des anges, leur trajectoire dessine des arabesques décoratives . L'autre partie, composée de toiles cousues, s'applique comme un cadre rigide. Il représente d'une façon austère une ruche en péril, voire même un sarcophage constellé d'écrits dénonçant les dangers : menaces de l'homme par les pesticides et l'agriculture intensive, menaces d'autres prédateurs comme le frelon asiatique et le varroa." Bee happy, bee watchfull " - peinture sur toile en 2 parties, 230X150.
Sycha -" Bee happy, bee watchfull ", 230X150André Le Corre
Poésies visuelles de mondes oniriques, les peintures d' André Le Corre mixent les techniques, rassemblent diverses écritures, explorent des chemins où vibrent les éléments, où la vie frissonne.
Elle convoquent les cycles, les matières, les écritures entre figuration, dissolution, abstraction dans une construction ordonnée.
Elle donne à voir, à sentir, à parcourir, à lier, à s'échapper, à se relier à travers des traits d'esprits, d'unions et autres sensations.
Des visions à découvrir en y prenant le temps.
Dans la continuité de son œuvre la toile d'André Le Corre, tout en conservant son ambiance poético-onirique, dérange par le rapprochement de deux abeilles, très réalistes, de la zone de dépression, le " grignotage ". Vont-elles finir par disparaître, avalées par ce cercle virtuel qui, peu à peu, gomme son environnement, s'installant à cheval entre ciel, terre et mer ? " Intimement liée, la survie de la biogée (Michel Serres) repose sur l'ensemble des formes de vie. La planète est fragile. Les atteintes environnementales grignotent les espaces sains de plus en plus. Les abeilles en sont un marqueur vital. "André Le Corre - " To bee or not ", 100x100cm
Mahi
Peintre, plasticien, philosophe, a traversé des périodes de profondes mutations, d'intenses questionnement. " Je ne pouvais plus tracer une ligne, choisir une couleur, sans me poser des questions sur mon geste, j'avais perdu la nécessaire innocence, j'étais littéralement figé, pétrifié. J'arrêtai alors toute production plastique tout en créant la Collection philosophie de chair, série de spectacles sur des textes de grands philosophes. Tout cela dura une quinzaine d'année, théâtralement productive, pendant laquelle mon abstinence plastique, dans les actes bien réelle, n'était pourtant pas définitive dans mon esprit : j'avais toujours l'envie de m'y remettre tout en étant bloqué par mon questionnement un peu trop intellectuel, c'est-à-dire un peu idiot. Pendant ce temps donc, je notais furtivement sur un cahier de " desseins " d'éventuels projets plastiques futurs.
Je sais aujourd'hui que l'innocence est perdue à jamais, mais il y a quelque chose en moi d'irrépressible qui veut que ça exprime. Ça pourrait se faire par les mots, mais je n'y arrive pas, j'ai l'impression d'être plus éloquent avec les formes, la matière, les images. J'ai donc repris mes outils en essayant d'oublier que je ne suis plus innocent. Voici donc comme des pourparlers. "
Ce travail sur la chute des corps (au sens large) et sur toutes sortes de matériaux a été réalisé à partir d'un cadre de ruche " mort ", de cire, et de carton en nid d'abeille, créée spécialement pour l'exposition au domaine de Restinclières." Api-day ", mixte, 80x80cm, 2018
Mahi - " Api-day ", 80x80cmmail : [email protected]
Domaine départemental de Restinclières PRADES-LE-LEZ