De combien de cerveaux le PC a-t-il besoin ?

Publié le 08 juillet 2008 par Chantal Doumont

De combien de cerveaux le PC a-t-il besoin ?

Avec la multiplication des gammes de processeurs, des coeurs et des options, l'achat d'un ordinateur s'est énormément complexifié, rendant l'opération au minimum confuse, voire périlleuse, la fréquence d'horloge des puces n'étant plus le principal critère de choix.

Non que l'acquisition d'un PC n'ait jamais été aussi aisée que celle d'un grille-pain ou d'une brosse à dents électrique, mais traditionnellement le numéro un mondial du secteur, Intel et son rival Advanced Micro Devices (AMD) proposaient aux fabricants d'ordinateurs des versions d'une même puce qui différaient simplement par leur fréquence d'horloge.

Pour autant que l'acquéreur potentiel s'intéresse un tant soit peu à la question, il savait qu'Intel fabriquait des puces Pentium et AMD des puces Athlon.

Mais cette époque est désormais révolue depuis un certain temps et les options se présentant au moment de l'achat d'un ordinateur se sont multipliées au cours des dernières années.

De fait, avec la montée en puissance des jeux vidéo et l'essor de la photographie ainsi que de la vidéo amateur, les ordinateurs ont dû s'adapter et peuvent maintenant se targuer de compter deux, quatre, voire davantage de coeurs, qui sont les moteurs ou les "cerveaux" de l'ordinateur.

QUEL USAGE ?

Mais le consommateur moyen a-t-il vraiment besoin de puces aussi perfectionnées?

"C'est une question intéressante", a indiqué Tim Bajarin, un analyste spécialisé dans les technologies et consultant pour Creative Strategies.

Selon lui, si l'usage de l'ordinateur se limite à surfer sur internet, faire du traitement de texte et consulter des e-mails, un processeur double-coeur (deux "cerveaux" greffés sur une seule galette de silicium) est largement suffisant.

De simples processeurs d'une fréquence d'horloge comprise entre 1,3 à 1,6 gigahertz sont également, selon lui, largement suffisants pour des usages "basiques" comme le visionnage d'une vidéo sur YouTube ou d'une émission de télévision en ligne, même si la qualité de l'image ne sera en aucun cas comparable à celle d'une télévision standard et des appareils capables de délivrer des images en haute définition (HD).

Les consommateurs ont désormais le choix entre différents modèles de puces double coeur et quatre coeurs (AMD propose même un processeur doté de trois coeurs) et les prix des ordinateurs de marque s'échelonnent entre 300 et 4.000 dollars (entre 190 et 2.550 euros) voire plus pour des modèles haut de gamme destinés aux amateurs de jeux vidéo.

Sur son site, AMD invite les internautes à comparer les différents microprocesseurs de sa gamme: Phenom, Athlon et Turion, qui sont déclinés en plusieurs fréquences (la vitesse de calcul d'un processeur dans l'exécution des tâches et des instructions reçues).

Sur le site d'Intel, si on pousse la navigation au-delà de la page d'accueil, d'une simplicité apparente, il faut alors faire son choix entre pas moins de 11 produits différents comme Core 2 Extreme, Core 2 dotés de la technologie Viiv, Core 2 Quad, Core 2 Duo, Pentium double coeur et Celeron. Sans compter qu'il ne s'agit là que des versions destinées aux ordinateurs de bureau.

"LE BON, LE MEILLEUR ET LE MIEUX"

Face à cette offre diversifiée, les fabricants d'ordinateurs comme Dell ou Hewlett-Packard et les fabricants de puces ont classé les différents processeurs en trois catégories: usage classique, une certaine puissance et plus de puissance.

"Au fond, on a le bon, le meilleur et le mieux mais les fabricants d'ordinateurs n'aiment pas qu'on le décrive ainsi", résume Roger Kay, analyste à Endpoint Technologie.

Plus simplement, pour ceux qui souhaitent surfer sur internet, visionner des vidéos en ligne, stocker de la musique et des photos ou regarder des films, faire du traitement de texte, accéder à leurs mails et tenir leur budget, un PC équipé d'un processeur double coeur AMD ou Intel devrait faire l'affaire, estiment les analystes.

En revanche, pour le montage de vidéos HD, le mixage de musique numérique ou la pratique intensive des jeux vidéo de dernière génération, particulièrement exigeants au niveau du processeur central et de la carte graphique, mieux vaut investir davantage et s'offrir un système quatre coeurs.

Selon Roger Kay, l'évolution vers les processeurs multicoeurs a été soutenue non par le fait que les utilisateurs avaient besoin de puces dotées d'un nombre de coeurs de plus en plus important mais découle plutôt de l'incapacité d'Intel et d'AMD à augmenter sans cesse la fréquence d'horloge des puces.

Avant que les deux firmes ne commencent à commercialiser des puces comptant plusieurs coeurs, elles s'étaient simplement contentées d'augmenter la rapidité avec laquelle les transistors (les minuscules interrupteurs qui composent les microprocesseurs) pouvaient se mettre en marche et s'arrêter pour traiter les tâches informatiques.

Mais avec l'augmentation des fréquences, les processeurs sont devenus de plus en plus gourmands en énergie, dégageant énormément de chaleur dans les espaces de plus en plus confinés des ordinateurs portables et fixes, ce qui a contraint les fondeurs à opter pour la stratégie des coeurs multiples.

Pour Tim Bajarin, la question du choix du processeur "nous ramène presque aux débuts de l'informatique: au fond, vous tentez d'acheter l'ordinateur le plus puissant que vous pouvez vous offrir tout en sachant que les applications continueront à s'améliorer", a-t-il résumé.

Duncan Martell

Version française Myriam Rivet

Reuters