Mata Hari lors de La Solitaire Urgo/Le Figaro au port du Légué à Saint-Brieuc, le 30 août 2018
La 49 ème édition de La Solitaire Urgo Le Figaro fait étape dans la Baie de Saint-Brieuc du 29 août au 2 septembre.
Les 37 skippers ont trouvé refuge, jusqu'au 2 septembre, dans le port du Légué avant la seconde étape devant les emmener vers la ria de Muros y Noia, l'événement va de pair avec diverses animations: un village gourmand, des expositions, des jeux et des concerts. Au programme du jeudi 30 août, le groupe Mata Hari.
Mata Hari ne pratique pas l'espionnage érotique mais défend brillamment l'Afrobeat, cher à Fela Anikulapo Kuti!
Le groupe, né dans le Trégor, est composé de neuf éléments, mais ce soir ils ont invité Ibrahim de Lyon ( calebasse, djembé, tama) à se joindre à eux, histoire d'être encore plus percussif .
Trois cuivres: Fredo Bari ( sax baryton), Pierre Conilleau (trombone) et Sylvain Mégnégneau au sax ténor/ à la batterie, un reptile se faisant appeler Le Serpent à Plumes/ aux percussions diverses, Alban de la Blanchardière/ à la basse Kawan Krew/ une connaissance, Stéphane Dassieu à la guitare/ aux claviers, Er Wan et enfin, au chant, wooden blocks et shakers, la merveilleuse Stellis Groseils.
Le dixtuor ouvre les hostilités par l'instrumental ethno jazz au groove suintant 'Amen', cette première plage avoisinant les sept minutes te donne immédiatement l'envie de remuer. Les percussions s'affolent, la section de cuivres, puissante, se déchaîne, guitare et basse impriment une cadence folle et Er Wan aux claviers traficotés te confectionnent des sonorités fusion dignes de Joe Zawinul.
Tandis que le trombone et les keys se relayent pour de petits soli, Stellis, dont les cordes vocales sont au repos, s'amuse avec une paire de claves.
La suivante, toujours instrumentale, ' Mojuba' , utilise les mêmes ingrédients, tu y débusques de l'Afrobeat, du jazz funk à la Tower of Power, des éléments d'acid jazz et de l'ethno jazz d'obédience Manu Dibango.
Tu, dis, Yvette?
Ça déménage...c'est le moins qu'on puisse affirmer, très chère!
Fela Kuti, 'Opposite People' , 1977.
Un touriste: I don't dance but it's impossible to sit idle during this song...
L'original dépasse les quinze minutes, Stellis fera usage de sa voix après un long mouvement instrumental, dominé par les claviers démoniaques de Er Wan, avant l'arrivée en fanfare des cuivres.
Stéphane se permet un petit aparté Devadip Carlos Santana, le morceau s'avère aussi hypnotique que le 'Jin go lo ba' du guitariste d'origine mexicaine.
Un second Fela succède à cette tranche de transe, 'Water no get enemy', qui de façon cachée décrivait la pénible situation politique au Nigeria dans les seventies.
Tchik, tchik, tchik fait la guitare pour amorcer 'Quiet Man Is Dead Man' des Daktaris, une nouvelle plage purulente .
Tu ignores si Er Wan connaît Jozef Dumoulin, mais ses interventions aux claviers évoquent les envolées au Fender Rhodes du gars de Ingelmunster.
"Kapital" est un thème du SoulJazz Orchestra, le groupe canadien partage les concepts politiques du maître du Nigeria, décédé en 1997.
Stéphane Dassieu a composé 'People quarry' et c'est aux défunts anversois Wizards of Ooze que tu penses.
Après un délire percussif, les cuivres entrent en lice pour rivaliser de conviction et d'endurance.
Mata Hari décide de revenir au répertoire de Fela avec 'Mr Follow Follow' avant d'opter pour le Chicago Afrobeat Project et leur moite 'Talking bush'.
Le trombone se paye une balade dans le public, justifiant la frénésie urbaine débridée de la plage.
A part ça, il est difficile d'ignorer le comportement débile d'un couple de dégénérés qui aura réussi à effrayer les gosses s'amusant face au podium.
Le timing serré ne permet plus qu'une tirade, le groupe achève ce set torride par un dernier Fela Kuti, 'Upside down'.
Mata Hari sera aux Routes de Lanleff le 8 septembre!