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Vanessa Marquez dans la spirale désespérée du destin

Publié le 01 septembre 2018 par Sylvainrakotoarison

" Il n'y a pas de fatalité extérieure. Mais il y a une fatalité intérieure : vient une minute où l'on se découvre vulnérable ; alors les fautes vous attirent comme un vertige. " (Saint-Exupéry, 1931).
Vanessa Marquez dans la spirale désespérée du destin
Il y a un homme qui, depuis le 30 août 2018, doit se mordre les doigts d'avoir voulu bien faire : le propriétaire d'une résidence à South Pasadena, dans la proche banlieue de Los Angeles. Sa locataire, elle aurait eu 50 ans le 21 décembre 2018, semblait en pleine crise d'épilepsie.
Le propriétaire s'inquiétait de son état de santé et a appelé la police. Celle-ci est arrivée comme dans une série télévisée. La femme n'était pas "coopérative" et semblait souffrir de troubles d'ordre mental (elle aurait souffert de problèmes alimentaires, d'une addiction aux achats compulsifs, d'une dépression depuis plusieurs années). Elle a discuté pendant une heure et demie avec la police et avec un psychiatre qui avait accompagné la police. Soudain, la femme a sorti un pistolet et l'a pointé vers les policiers. Ces derniers, surpris, ont alors ont tiré par légitime défense, selon le témoignage du lieutenant Joe Mendoza. Elle est morte avant d'arriver à l'hôpital. L'arme n'était qu'un simple pistolet à air comprimé.
Ce tragique drame aurait pu n'être qu'un fait-divers hélas relativement courant mais sans écho médiatique. La première fois que j'étais allé aux États-Unis pour une mission professionnelle, mes collègues m'avaient vivement recommandé de bien écouter les policiers si je me faisais arrêter sur la route au volant d'une voiture et surtout, de montrer mes mains bien sagement, car ils ont la gâchette facile.
Mais l'information a franchi les océans et est sortie en brève internationale jusqu'en France dès lors que cette femme était Vanessa Marquez, une chanteuse et une actrice connue du grand public principalement pour avoir joué le rôle d'une infirmière, Wendy Goldman, aux côtés de George Clooney, dans les vingt-sept premiers épisodes de la très célèbre série télévisée "Urgences" entre le 19 septembre 1994 et e 24 avril 1997 (du 1 er épisode de la saison 1 au 19 e épisode de la saison 3).
Les dépêches en France ont indiqué très laconiquement que Vanessa Marquez a été "abattue par la police" à Los Angeles, sans préciser plus d'éléments, si ce n'est parfois en indiquant que c'était lors d'un "contrôle", laissant entendre que la police américaine était brutale et inhumaine.
Je serai bien incapable de savoir exactement ce qu'il s'est passé et je pense que la justice, si ce n'est en interne la police, enquêtera à ce sujet. On peut imaginer qu'une personne qui sort un flingue pourrait s'en servir et que l'urgence, sans "s" cette fois-ci, c'était d'éviter qu'elle ne nuise à ses interlocuteurs. Et les nombreux drames, certains très récents, qui ont endeuillé les États-Unis (comme l'attentat dans une salle de jeu vidéo à Jackson le 27 août 2018 faisant deux morts plus son auteur) n'ont pas facilité à faire garder le sang-froid.
Faut-il croire que les forces de l'ordre françaises seraient mieux entraînées que celles des États-Unis à ce sujet ? J'aurais tendance à le croire, même si cela mériterait approfondissement. Pays de cow-boys, où l'arme à feu est aussi chérie que le stylo ou le smartphone maintenant, on pourrait croire que la règle est : on tire d'abord et l'on réfléchit ou l'on discute après ( méthode Trump ?). Ce qui n'était pas le cas pour cet accident, puisqu'il y a eu, au contraire, une heure et demie de discussion avant le tir.
Vanessa Marquez dans la spirale désespérée du destin
Je voudrais ici évoquer un petit témoignage personnel sur des faits qui m'ont doublement impressionné : d'abord, avec cette crainte d'être touché par ce qu'on appelle un fait-divers, ensuite, avec cette admiration pour la réponse des forces de l'ordre.
L'aventure même pas au bout de la rue. De l'autre côté de la porte. Cela s'est passé ...presque chez moi il y a une vingtaine d'années, dans un immeuble dans la banlieue parisienne. Seulement deux appartements par étage. Je ne croisais que peu souvent mon voisin de palier, environ 35 ans (mais je ne suis pas très doué pour deviner les âges), et une fois, il a sonné à ma porte très stressé pour me demander très courtoisement si j'avais des antidépresseurs. Non, je n'en avais pas et si j'en avais eu, je ne suis pas sûr que je lui en aurais fourni sans voir une ordonnance même périmée.
Un jour, je crois que c'était un dimanche midi, ce voisin était devenu "fou". Réellement fou. Une folie courte mais intense. Il criait, jetait tous ses meubles par la fenêtre, etc. Il y avait de la rage, de la violence, de la rancœur et surtout, du désespoir. Or, le désespoir m'a paru toujours très dangereux : quand on n'a rien à perdre (ou que l'on croit qu'on n'a rien à perdre), on peut tout se permettre.
J'étais très impressionné par une telle violence et j'étais aux premières loges. Ce que j'avais compris, c'était qu'il était seul dans son appartement et qu'il criait son désespoir ainsi, à la Terre entière, et de manière suicidaire. J'avais peur, disons-le franchement, car à l'époque, il y avait des échafaudages pour un ravalement de façade, si bien qu'il était facile, pour lui, d'aller par ceux-ci de son appartement au mien, mes vitres étant peu solides.
Je me suis aperçu de la situation (au début, je n'avais pas fait pas attention) quand, en regardant par la fenêtre de la cuisine, j'ai aperçu un attroupement, des badauds, des voisins, aussi des policiers et même des ambulanciers, bref, tout le monde qui regardait dans "ma" direction. J'ai pris peur et j'ai appelé la police pour savoir avant tout quel était le problème : un incendie ? une fuite de gaz ?... Mon interlocutrice, au standard, m'a conseillé ensuite de me tenir le plus loin possible de la porte d'entrée et d'attendre, et surtout, de ne pas sortir dans la cage d'escalier et ne pas gêner les forces de l'ordre.
Cela a duré une ou deux heures, je ne me souviens plus. Je craignais le pire pour ce voisin qui avait dû craquer. Je craignais qu'il se jetât du cinquième étage après avoir jeté tous ses meubles par dehors (spectacle de désolation sur le parking). Ce que j'avais compris, c'était que sa femme l'avait quitté et qu'elle avait emmené leur fille et qu'il en était malheureux. On pourrait dire un "simple" chagrin d'amour, mais le cuir n'est pas le même selon des individus. Il demandait le retour de sa femme, et au moins, qu'elle lui parle au téléphone. Un homme qui a disjoncté. Fragile (dépressif) et qui a craqué. Ce qui pourrait survenir à beaucoup de monde, dans une vie urbaine parfois absurde, au sens d' Albert Camus.
J'ai entendu les forces de l'ordre négocier avec l'homme, monter doucement les escaliers pour atteindre notre palier. C'était presque comme dans un film, je ne sais pas si c'était le GIGN mais cela y ressemblait. Des professionnels, bien équipés, très souples, silencieux, agiles, calmes, posés. L'avantage, c'était qu'à l'exception du "forcené", il n'y avait pas d'otage, pas de petite fille retenue en otage et à sauver. Juste un homme, dépassé par sa vie, qui pouvait commettre un acte définitif et qu'il fallait convaincre.
Pendant toute la discussion, j'ai été très impressionné par la finesse psychologique des forces de l'ordre. En gros, elles cherchaient, dans leur communication, à convaincre le voisin qu'elles n'étaient pas contre lui mais de son côté, pour le calmer. Parmi les bribes entendues, on lui disait que non, sa vie n'était pas finie, qu'ils n'allaient évidemment pas le tuer (que ce n'était pas une série américaine, justement !), que personne ne lui voulait de mal, et surtout, je crois que c'était l'argument massue, que sa fille avait besoin d'un père, qu'elle serait traumatisée si elle n'avait plus de père, s'il se jetait par la fenêtre.
Il a alors ouvert la porte, et s'est laissé emmener par elles. Probablement plus à l'hôpital ou chez un médecin qu'à la gendarmerie ou au poste de police. Dans le trip qu'il s'était fait, le voisin ne voyait plus d'autre issue qu'assiégé par les forces de l'ordre, il serait forcément tué par elle. Il n'envisageait pas de ressortir de chez lui vivant. La voix, plutôt rassurante, qui parlementait avec lui, a réussi à désamorcer toute cette angoisse, toute cette montagne qui avait surgi comme un volcan.
Le calme, le sérieux et surtout, le sang-froid des forces de l'ordre en France est vraiment à saluer. C'est pourquoi l'affaire Benalla est un scandale qui n'entache pas seulement le fonctionnement de l'Élysée mais aussi la réputation de la police, car justement, la police sait rester calme et ne pas répondre aux provocations de militants excités parfois très violents, car une bavure se retournerait toujours contre la police, quelles que soient les circonstances, et ce serait probablement avec raison.
La France est donc loin, très loin des États-Unis de ce point de vue. Mais ce n'est pas une raison pour dire sans plus de mot d'explication que la malheureuse Vanessa Marquez a été "abattue par la police au cours d'un contrôle". La situation était un petit peu plus compliquée, tant pour l'actrice que pour la police...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (01 er septembre 2018)
http://www.rakotoarison.eu
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Micheline Presle.
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Georges Méliès.
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Le cinéma parlant.
Charlie Chaplin.
Vanessa Marquez dans la spirale désespérée du destin
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