Les recommandations formulées ne surprendront personne. Elles s'étendent du banal – le dépôt et le retrait d'espèces et de chèques, qui ne laissent pas le choix tant qu'ils sont en usage – au haut de gamme – le sempiternel conseil à forte valeur ajoutée dans les moments de vie importants –, en passant par le tactique – la formation aux outils en ligne et mobiles des réfractaires à la technologie. Il faut pourtant bien s'y arrêter car elles paraissent toujours aussi décalées par rapport aux réalités d'une agence.
Dans le registre du conseil, BIL fournit plusieurs exemples précis. Le cas de l'achat d'une résidence est un incontournable auquel elle sacrifie, en mentionnant non seulement l'utilité d'interroger son conseiller pour déterminer sa capacité d'emprunt et les options de financement disponibles (une forme d'assistance qui s'applique aussi au crédit à la consommation), mais également pour obtenir des informations sur le marché immobilier, les aides publiques au logement, la conjoncture économique…
Vient ensuite la gestion patrimoniale, pour laquelle le banquier sera un précieux allié pour évaluer et consolider les actifs de son client, ainsi que pour l'accompagner dans la mise en place de sa succession, en prenant naturellement en compte les indispensables aspects légaux et fiscaux. Idem pour l'investissement, il pourra aider à sélectionner une assurance-vie ou donner les clés du choix entre la location et l'acquisition d'un appartement… Jusqu'à la création d'entreprise, dont il saura guider chaque étape…
Wow ! La promesse fait rêver et, avec un tel panel de compétences, il ne fait pas de doute que les consommateurs continuent longtemps à plébisciter l'agence pour leurs besoins bancaires les plus exigeants. Mais est-elle tenue ? Est-elle seulement réaliste ? D'emblée, il est évident que le conseiller « standard », dédié à la relation « courante », ne saura pas remplir l'ensemble de ces missions. Il faudra donc plutôt compter sur des spécialistes de chaque sujet et espérer qu'ils soient suffisamment disponibles.
Cependant, dans ses conditions, il reste difficile de comprendre ce qu'il adviendra du modèle opérationnel de la banque. L'agence ne deviendra-t-elle qu'un lieu de rendez-vous avec des experts ? Les circonstances exceptionnelles justifiant le recours au conseil sont elles assez nombreuses pour en sauver le concept ? Quelles tâches assumeront les conseillers « ordinaires » s'il faut maintenir l'occupation des locaux ? Ne serait-il pas plus efficace (surtout à Luxembourg !) de se déplacer chez les clients ?
La vision de BIL – à laquelle font écho tellement d'établissements – ressemble à une utopie, tant elle est éloignée des pratiques en vigueur, sans que les immenses efforts qui permettraient de la concrétiser ne semblent être ni mis en œuvre ni planifiés. Si on la prend au pied de la lettre, c'est une proposition de banque privée pour tous qu'elle dessine ainsi. Or elle ne pourra la réaliser qu'en développant une approche technologique du conseil, pas uniquement en vantant les mérites théoriques des agences.