" Soyons sérieux et constatons que la nouvelle génération dans son ensemble, se contrefout de la poésie... Je constate que là où elle survit un peu encore, c'est dans le slam qui n'est pas mon affaire. Je vois aussi que je vends moitié moins de livres qu'il y a dix ans mais que je reçois toujours un manuscrit par jour. On veut donc être édité ( la starisation égomaniaque de l'époque) mais certainement pas lire les autres ! Enfin, l'Education nationale, qui pourrait peut-être jouer un rôle, ne le joue pas ; et la nouvelle génération de professeurs étant ignorante de la poésie, comment pourrait-elle en transmettre le goût ? Fermez le ban...
Aujourd'hui il s'agit, outre de faire du chiffre ( ventes, visiteurs, spectateurs...), de satisfaire le goût du public, pas de l'aiguillonner en lui faisant explorer des voies nouvelles. Peu de risques donc, et, pour tout dire, une assez grande paresse intellectuelle béquillée par la certitude que l'internet répond à tout, que le disque dur est un cerveau de substitution. Mais que trouver sur la Toile quand on ne sait pas que chercher ? J'ai été frappé, il y a quelques années, en constatant lors d'une table ronde de "formation", que la vingtaine de futurs bibliothécaires présente ignorait le nom de ...François Villon !
Bref, comme me l'a dit naguère ( gentiment condescendant) mon fils : "Papa, on a changé de monde"... Dont acte."
François Boddaert : extrait d'entretien pour le magazine LMDA n°194, juin2018voir aussi précédents articles sur le même thème :
http://le-lecturamak.over-blog.com/article-les-invasions-barbares-118201445.html http://le-lecturamak.over-blog.com/2014/12/les-invasions-barbares-2 .html