Partager la publication "[Critique] 22 MILES"
Titre original : 22 Miles
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Peter Berg
Distribution : Mark Wahlberg, Lauren Cohan, Iko Uwais, Ronda Rousey, John Malkovich, Emily Skeggs, Terry Kinney…
Genre : Action/Thriller
Date de sortie : 29 août 2018
Le Pitch :
Une unité d’élite en exercice en Indonésie doit escorter un policier qui détient des informations très sensibles. À leurs trousses, toute un armée d’assassins…
La Critique de 22 Miles :
Peter Berg et Mark Wahlberg, c’est ce que l’on appelle une affaire qui roule ! 22 Miles marque leur quatrième collaboration après Du sang et des larmes, Deepwater et Traque à Boston et traduit également une envie du duo d’y aller franchement dans l’action, après avoir travaillé sur des œuvres disons plus réfléchies…
Dans le tas !
22 Miles est un film bourrin. Bourrin et extrêmement violent. Pour une production destinée aux cinémas bien sûr. 22 Miles qui s’attache aussi à aborder quelques thématiques brutales relatives à la politique des États-Unis. Car Peter Berg continue ici, mine de rien, à disserter sur un sujet qui le fascine et qui l’inspire. Moins finement qu’avec des films comme Le Royaume, qui ressemble finalement à ce 22 Miles, mais toujours avec une acuité qui fait suffisamment mouche pour marquer les esprits. Loin de sonner creux, son nouveau film ne retient pas ses coups, au propre comme au figuré. Ce qu’il ne retient pas non plus, et c’est moins glorieux, c’est sa langue. Maladroit, le scénario nous impose en effet des diatribes un peu pompeuses et/ou interminables, qui en plus de finir de rendre le personnage de Wahlberg imbuvable, ralentissent aussi le rythme et confèrent à l’ensemble un petit côté « donneur de leçon » un peu irritant à la longue.
Ainsi, 22 Miles, si il commence par une séquence très puissante, s’embourbe l’instant d’après avant de repartir pour ne jamais s’arrêter. Gros film d’action intelligent mais peut-être pas autant qu’il semble le penser, 22 Miles accuse donc quelques ratés. Au niveau du fond et au niveau de la forme également.
Head shot
Il faut se farcir les digressions de Wahlberg un petit moment avant que Peter Berg ne rentre vraiment dans le vif du sujet. C’est par ailleurs Uko Uwais, la star du diptyque The Raid, qui donne le top départ avec une baston à huis-clos sauvage à souhait. Très en forme, l’acteur fait des merveilles mais laisse curieusement un peu Peter Berg sur le carreau lui qui, il est vrai, n’est pas spécialement habitué à filmer ce genre de baston aussi rapide qu’élaborée au niveau des chorégraphies. C’est donc quand Uwais passe à l’action que la mise en scène est la moins lisible, même si ça s’arrange vers la fin. Parce que sinon, en dehors de cela, quand Berg est maître de son univers et qu’il aborde des choses qu’il connaît bien, force est reconnaître encore une fois qu’il assure méchamment. Plus mesuré qu’un Michael Bay, plus fin et nuancé et souvent plus puissant, Peter Berg n’est pas un manche loin de là et ce 22 Miles vient à nouveau en apporter la flamboyante preuve. Ses fusillades, précises et sauvages, rappellent un peu celle de Heat -on imagine pas meilleur compliment- tandis que ses poursuites claquent avec une énergie qui sied à merveille au propos. Le fait d’avoir embauché des acteurs « physiques » aidant aussi le film à faire valoir son discours avec une force indéniable.
Épreuve de force
Sorte de remise à jour aux accents géopolitiques de L’Épreuve de Force, de Clint Eatwood, 22 Miles se regarde un peu trop le nombril mais, et c’est le principal compte tenu du genre auquel il se rattache, sait monter dans les tours sans retenir ses coups. Brutal, il enchaîne les head shots et se montre étonnamment violent. Avec ce côté à l’ancienne, des comédiens badass, Wahlberg, Uwais, Lauren Cohan et Ronda Rousey en tête, tous impeccables (sans oublier un John Malkovich un peu effacé mais toujours parfait) et une intrigue qui a un peu le cul entre deux chaises mais qui finit par assumer sa fonction première, à savoir envoyer du bois, 22 Miles emporte définitivement le morceau quand vient ce dénouement étonnamment sombre. Une manière pour Peter Berg d’affirmer que les blockbusters n’ont pas érodé son côté franc tireur. Qu’il est toujours ce cow boy du cinéma américain. Ce bourrin malin, observateur de son époque et capable, quand il s’en donne les moyens, de ruer dans les brancards avec une énergie qui fait défaut à beaucoup de ses contemporains.
En Bref…
22 Miles est un bon film d’action. Sec, nerveux, super violent, visuellement maîtrisé, lisible et tendu. Dommage qu’il mette du temps à débuter et que parfois, ses dialogues traduisent une outrecuidance qui sert certes le propos mais qui impacte la rythmique. Comme si Peter Berg avait constamment hésité entre le bon gros truc bien bourrin et le pamphlet géopolitique…
@ Gilles Rolland