Évolution des casinos à Paris au fil du temps… naissance, déclin et renouveau

Publié le 29 août 2018 par Sébastien Glotin @blogromainparis

Évolution des casinos à Paris au fil du temps… naissance, déclin et renouveau

Véritables complexes architecturaux et luxueux, les casinos ont toujours fascinés plus d’un. En France, il y a au moins un établissement dans presque tous les départements, où les Français peuvent profiter des jeux d’argent et se restaurer tout en assistant à d’intéressants spectacles. Cependant, grande surprise… Il n’y a pas de tels endroits fabuleux à Paris, la capitale française, et les joueurs sont obligés de se tourner vers des « cercles des jeux » ou d’opter carrément pour les siteHists en ligne qui proposent une meilleure commodité et un plus grand nombre d’offres. Au milieu des mythes et autres récits divers, les cercles ont leur histoire en termes d’évolution.

Naissances des cercles de jeux à Paris

Tout comme dans d’autres États européens, les jeux d’argent ont véritablement pris leur envol dans les années 1500 en France. C’est précisément en mai 1539 que François 1er autorisa l’organisation des jeux d’argent à travers l’exploitation d’une loterie servant de ressources financières, mais cela fut un échec car le Parlement de Paris fit une obstruction à cette décision et refusa d’enregistrer des lettres instituant le jeu. Cependant, du 17è au 18è siècle, les loteries connurent un succès retentissant dans la plupart des États, et se multipliaient dans la capitale française malgré que le parlement de Paris les prohiba par des lois votées entre 1598 et 1661. Il céda finalement en 1700 et accepta l’enregistrement des lettres patentes permettant la création d’une loterie nationale. Toutefois, tous les autres jeux de hasard demeurèrent proscrits surtout à Paris, la ville la plus peuplée de France.

Dans une loi datant des 19-22 juillet 1791, la répression contre les jeux de loterie prit un nouvel envol,  mais le pouvoir est confronté à un problème : la multiplication des maisons de jeux. Conscient de n’être pas en mesure de les faire disparaître entièrement, il autorisa 9 établissements à Paris et les soumit à des règles. À partir du premier tiers du 19è siècle et sous l’État né de la Révolution, d’importantes sommes d’argent étaient dépensées dans le cadre des jeux en dépit de l’article 1967 du Code civil qui en constituait une barrière. Dans la seconde moitié du siècle, plusieurs maisons de jeu dit « cercles », à l’image des clubs anglais, déguisées et fréquentées par les hommes de la haute société ont apparu à Paris et dans les stations balnéaires. Bénéficiant de la politique de tolérance du gouvernement et conscients de la détermination du ministère de l’Intérieur au début du 20è siècle à réglementer officiellement le jeu dans les établissements, ces cercles commencèrent à se transformer petit à petit en casinos.


Évolution des Cercles de jeux au 20e siècle

Dans la France du 20è siècle, l’État s’est rendu compte qu’il n’était plus possible d’empêcher les activités de paris d’argent et que la meilleure solution était de les légaliser pour garantir la sécurité des joueurs. C’est ainsi que plusieurs législations furent votées. La loi du 15 juin 1907 autorisa les jeux d’argent dans les casinos des stations thermales ou balnéaires, et celle du 30 juin 1923 dans les cercles privés. Alors que dans d’autres régions où des établissements de paris se sont mis à se multiplier, les choses ont pris une autre tournure à Paris. En effet, soucieux de préserver cette ville d’éventuels troubles à l’ordre public, les autorités ont jugé bon de bannir par la loi de 1919 tous les casinos situés dans un rayon de 100 km autour de la capitale. Cependant, cette législation n’a pu empêcher l’installation et la prolifération des cercles de jeu dans la ville, qui ont même eu une accréditation du ministère de l’Intérieur. À Paris, on en comptait une quinzaine dont les plus populaires étaient : A.E.C. Eldo, Cercle Haussmann, A.C.I.C., Cercle Wagram, Cercle Anglais, Cercle Aviation Club de France, Cercle Central, Cercle Clichy-Montmartre, Cercle Gaillon.

En 1988, la loi a autorisé l’ouverture des casinos dans les villes qui sont des sites touristiques et des capitales d’une agglomération d’au moins 500.000 habitants. Aussi, elle stipule que les bénéfices de ces établissements doivent participer à 40 % du fonctionnement d’un orchestre national, d’un centre dramatique, ou d’un opéra. Cela a permis d’avoir en France plus de 199 établissements de jeux dans les villes tels que Bordeaux, Toulouse, Lille et Nice. Cependant, cette réglementation ne concerne pas Paris, où les cercles sont en constante évolution. Dans ces cercles, on pouvait participer à des jeux de cartes et des jeux de banque, mais il n’y avait pas les options de pur hasard comme les machines à sous. Censées suivre le décret du 5 mai 1947 et l’instruction du 15 juillet 1947, ces maisons étaient gérées par une série de lois 1901 à but prétendument non lucratif. Les bénéfices étaient interdits et les gains devaient servir à approvisionner les caisses d’œuvres de bienfaisance. Malheureusement, ces associations ont été transformées en véritables lieux de blanchissement de l’argent sale. Elles servaient notamment à frauder le fisc et à camoufler les intérêts de la mafia française.

Déclin des maisons de jeu parisiennes à l’ancienne

Exploités par des familles corses qui s’occupent de la gestion depuis la guerre, les cercles de jeux ont longtemps été des endroits préférés pour passer les nuits parisiennes. On y retrouve les passionnés de poker, les vedettes du showbiz, les policiers, les politiciens, les férus de la culture, mais également des délinquants et accros aux jeux. Au lieu d’être des lieux de divertissement de la capitale française, ces établissements chargés d’histoire se sont transformés à la fin du 20è siècle en maisons de délinquance et étaient au cœur de plusieurs affrontements meurtriers entre gangs. Ils n’ont cessé de défrayer depuis quelques années la chronique judiciaire avec des événements dramatiques comme la guerre des gangs pour le contrôle du Wagram et du Concorde, deux prestigieux cercles que fréquentent régulièrement des hauts dignitaires de la police. Il y a également l’assassinat en 1982 de Marcel Francisci, le patron du cercle Hausmann.



Ces actes criminels s’expliquent en partie par le statut archaïque et opaque de la loi de 1947 qui régit les cercles. Le fait que cette législation ne répond plus à l’évolution qu’a connue l’univers du jeu a surtout favorisé dans une certaine mesure les délits de ces établissements qui se sont mis à blanchir non seulement de l’argent, mais également à attirer l’intérêt du grand banditisme. Tout cela a entaché la réputation des cercles et a motivé le gouvernement à prendre des mesures pour les fermer. Depuis 2007, pas moins de 13 cercles de jeux ont fermé leurs portes. Par exemple, le Club anglais a été fermé après des fraudes s’élevant à plusieurs dizaines de millions d’euros. Suite à plusieurs témoignages d’individus ayant reçu de l’argent main dans la main, des enquêtes ont été menées par la police. Plus de trois millions d’euros ont été retrouvés sur le compte bancaire de ce cercle qui a pourtant un statut d’association à but non lucratif. Le Cercle Wagram, situé dans le 17è arrondissement, a par contre financé pendant des années la mafia corse. Il entra dans une guerre fratricide avec le gang de la Brise de mer, ce qui a donné lieu à un procès en 2013. Sous les feux des critiques, il n’a pas pu garder ses portes ouvertes. Le cercle Clichy Montmartre qui compte plus de 200 salariés est le dernier à être mis en examen.

La création des Clubs de jeux

Étant donné, que les cercles de jeux ont presque tous fermés en raison de pratiques douteuses, l’État Français a décidé d’expérimenter une nouvelle offre de jeux pour éviter la prolifération du jeu clandestin dans la capitale française, y compris les parties de poker privées qui se déroulent aujourd’hui dans les banlieues. Il s’agit de la mise en place d’établissements qui présenteront de meilleures garanties en termes de lutte contre le blanchiment et de prévention contre la dépendance au jeu. À cet effet, une nouvelle loi a été votée et est entrée en vigueur le 1er janvier 2018. Elle permet la création de « Clubs de jeux », comme ceux de Londres. Ces clubs auront tout comme les casinos un statut d’entreprise et un régime fiscal convenable et pourront se faire de l’économie, mais ne seront pas en mesure d’offrir des jeux de machines à sous.

Dans ces établissements, les joueurs n’auront pas droit à l’excitation des jeux de roulette ni du frisson qu’engendre le blackjack. Ils pourront par contre participer à des parties de poker, de mah-jong et de baccara. Ces clubs qui doivent se doter d’un commissaire aux comptes et fonctionner comme des “sociétés commerciales” en garantissant une certaine traçabilité des fonds, ne pourront donc pas rivaliser avec les autres casinos de la France. Cependant, ils constitueront de véritables endroits pour les passionnés de poker qui auront l’occasion de s’adonner à leurs jeux préférés, et ce en toute légalité. Trois grands groupes à savoir : Raineau, Tranchant et Partouche ont déjà déposé leur dossier à la préfecture de police pour ouvrir un club de jeu dans la capitale française. Barrière, qui est sans aucun doute le numéro un des casinos, s’est également montré intéressé par ce type d’établissement.

Article publi-rédactionnel

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