On ne soupçonne pas le potentiel beauté de certaines villes. Auxerre fait partie de cette longue liste de cités discrètes dont personne ou presque ne parle et que personne ou presque n'a l'idée d'aller visiter. Sur les blogs de voyage, dire qu'on est allé à Venise ou à Sainte Lucie, c'est plus classe et on espère avoir plus de visiteurs sur sa page. Et pourtant, pourtant... Quand on aime voyager, c'est qu'on aime découvrir l'Autre et l'Ailleurs ; quand on aime aller à la rencontre des gens et de leur lieu de vie, on doit être capable de s'émerveiller d'un rien, de se mettre dans une posture d'ouverture dès que l'on franchit le seuil de sa porte. Ce n'est pas donné à tout le monde. Si on n'a pas cette capacité, c'est qu'en guise de voyageur on n'est qu'un égocentrique benêt qui cherche l'exotisme à tout prix et qui veut se mettre au premier plan sur la photo, devant le lagon ou le lac de sel. Ici, on refuse de marcher à côté de nos pompes et on est comme ça : partout on va, on écarquille les mirettes et voit la beauté là où elle est. A Auxerre, pendant une journée, on en a eu plein les yeux. D'abord, avec ses édifices religieux impressionnants qui s'imposent comme des mastodontes dans le paysage : la cathédrale Saint Étienne et l'Abbaye Saint Germain (dont la visite, hormis celle de la crypte, est entièrement gratuite, ce qui représente une chance incroyable de côtoyer ce merveilleux patrimoine historique, artistique et architectural, d'autant plus que, comme dans de nombreux sites de ce genre, l'art contemporain s'invite dans les murs pour produire une délicieuse cohabitation entre passé et présent). D'autre part, la ville entière est un régal. Le centre-ville s'articule en petite rues piétonnes bordées de maisons à pans de bois coloré, avec la Tour de l'Horloge en bâtiment central et qui mérite le coup d'œil. Si on s'écarte un peu, on se perd avec bonheur dans les ruelles et les rues tortueuses qui montent et qui descendent et au cœur desquelles on rencontre de magnifiques maisons, cours intérieurs, petits jardins, portes anciennes et autres surprises. Et puis, il y a l'eau. On est nombreux à s'accorder sur le fait qu'une ville avec de l'eau, une rivière, un fleuve (sans parler de la mer !) a tout de suite plus de chien. A Auxerre, c'est l'Yonne et le canal du Nivernais qui font office de miroir, d'atout supplémentaire, de serpent bleu avec tout ce que cela comporte de rêves voyageurs. La balade au bord de l'eau, les bateaux avec en toile de fond, on le rappelle, les montagnes d'architecture religieuse, franchement, Auxerre a de nombreux arguments pour prétendre au titre de "belle ville". Titre qu'on lui accorde sans problème et avec, on le reconnaît, un certain degré de subjectivité, parce que c'est aussi une ville de football avec son club mythique, historique et l'image inoubliable du célèbre Guy Roux. Aller assister à un match au Stade de L'abbé Deschamps, c'est entrer en contact avec des décennies de légende, avec une aura de petit club qui en a souvent dévoré de bien plus gros que lui.
Pour en finir avec l'éloge, on ne peut pas quitter Auxerre en fermant les yeux et ignorer les paysages alentours. Immenses plaines fertiles, denses forêts, collines recouvertes de vignes, villes et villages pittoresques (Chablis, évidemment et ses innombrables caves, mais également Augy et Vaux au bord de l'eau, Quenne, Escolives-Sainte-Camille parmi ceux que nous avons croisés sur notre route et qui nous ont séduits). Autant dire, une région riche de patrimoine (culturel et gustatif...), tellement riche qu'on a très envie d'en approfondir les détours et les contours...