Occupé à nettoyer les géraniums, je me vois
comme je suis, presque nu dans la chaleur,
essayant de faire vivre un microcosme
de tons roses noircis, fanés par le soleil et la pluie,
qui ploient et frémissent sous mes sécateurs
tandis que je sépare les fleurs pourries des vivantes,
comme un homme seul emplit un vide de paroles,
non pour consoler ou indiquer où est le bien,
mais pour dire quelque chose de vrai qui a du corps,
parce que c’est la preuve qu’il existe.
*
Deadheading the geraniums, I see myself
as I am, almost naked in the heat,
trying to support a little universe
of blackening pinks, wilted by rain and sun,
stooping and quivering under my scissors
as I cut the rotten blossoms from the living,
as a man alone fills a void with words,
not to be consoling or point to what is good,
but to say something true that has body,
because it is proof of his existence.
***
Henri Cole (né en 1956 à Fukuoka, Japon) – Middle Earth (Farrar, Straus and Giroux, 2003) – Terre médiane (Le Bruit du Temps, 2011) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Claire Malroux.