Encore une belle surprise avec ce titre que je vous présente aujourd’hui, qui a pour le moins un sujet original… et que je n’aurais sans doute pas lu sans ma participation à la première sélection du Prix Fnac en juin. Et même si c’est avant tout la qualité littéraire de ce texte que j’ai aimé, son écriture, l’histoire qu’il raconte est étonnante, j’en ignorais tout. Knut Hamsun, véritable personnage historique, vient d’être arrêté. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, à l’heure des jugements, lui, l’ancien Prix Nobel de littérature, est accusé d’avoir pactisé avec l’Allemagne nazie. En effet, son soutien au parti pro-nazi durant la Seconde Guerre mondiale, est apparu au grand jour lors de sa rédaction d’articles élogieux après le suicide d’Hitler, qu’il qualifie de « guerrier pour l’humanité ». Cette prise de position met à mal la réputation de cet écrivain norvégien auparavant adulé dans son pays. Mais le personnage est plus compliqué qu’il n’y paraît. Lors de sa visite à Adolf Hitler en 1943, il réclamait le départ de Josef Terboven, administrateur militaire allemand de la Norvège, au grand mécontentement d’Hitler, qui ne souhaitait parler que de « littérature » avec lui. Il a aussi offert sa médaille du prix Nobel à Joseph Goebbels tout en sauvant par ailleurs de nombreux juifs d’une mort certaine. Mais qui est donc Knut Hamsun ? A la fin de la guerre, le voici donc interné. Son procès est continuellement repoussé. Très âgé, on finit par le considérer comme une « personnalité aux facultés mentales affaiblies de façon permanente », ce qui arrange tout le monde, mais pas l’intéressé, qui veut se battre jusqu’au bout pour démontrer qu’il était seulement intéressé par la grandeur de la Norvège, qu’il a agît pour son pays, et que ses facultés mentales sont intactes. Le voici d’ailleurs en train d’écrire son dernier roman… Malheureusement, Knut Hamsun n’émet aucun regret. Ce récit romancé de Christine Barthe conte à la perfection les réflexions et atermoiements d’un vieil homme acculé face à des accusateurs, un vieil homme devenu sourd, mal voyant et physiquement affaibli. Mais ce récit est également empreint d’une très grande poésie, qui fait sans doute référence aux romans écrits par Knut Hamsun, à ceux qui ont fait son succès et ont tellement séduits. Le lecteur sympathise avec le vieil homme, témoin privilégié qu’il est de ses pensées, tout en ne comprenant pas son obstination à ne rien regretter de prises de positions, si manifestement éloignées de ce qu’il est. Un livre qui démontre combien l’humain est complexe, et peut basculer sans y prendre garde dans l’innommable. A ne pas laisser de côté en cette rentrée !
Editions Robert Laffont – 16 Août 2016
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
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