Et de la ville de Québec.
1995 a été une année terrrrrrrrrrrrrrrrrible pour la ville qui m'avait vu grandir. À l'extérieur du 418 depuis trois ans, j'ai vécu un deuil de Québec accéléré cette année-là. Deuil qui n'avait jamais été très lourd de toute manière puisque je savais dès mes 11-12 ans que je ne ferais pas ma vie à Québec. À moins de vouloir être fonctionnaire ou baby boomer. Je ne voulais pas être le premier et ne pouvait pas être le second.
L'année a débuté par quelque chose de léger. Le IKEA de Québec allait fermer. Oh, ce n'est pas grand chose me direz vous, mais à Québec, c'était un incontournable.
En fait plus assez. Pour la petite ville de Québec, c'était fameux, mais pour la compagnie suédoise c'était pas assez. Ils avaient pris la décision de fermer le populaire magasin. Nos parents avaient entre 45 et 55 ans, ils n'étaient pas en âge de se remeubler tant que ça et les jeunes comme moi quittaient tous car ces parents de 45 à 55 ans n'étaient pas prêts à prendre leur retraite. Les jeunes n'aménageaient pas tant que ça dans des premiers appartements. Sinon, avaient-ils les moyens d'aller s'acheter de meubles neufs chez IKEA?
Mais c'était ça IKEA, Simple, pas cher, facile à monter. Bien pour la grenouille de Québec mais pas assez pour le boeuf suédois. La commotion autour du marais ne serait pas la même pour les deux types d'animaux.
On allait fermer le magasin un an plus tard, mais on l'avait annoncé début 1995.
Puis, quelques mois plus loin, les Nordiques de Québec, un club de hockey de la LNH dont j'avais été le plus grand partisan depuis 1980, mais dont le propriétaire était un parfait imbécile, le temps le confirmera, allait terminer sa dernière saison au Colisée de Québec. Ils iraient gagner la Coupe Stanley ailleurs.
Même toujours plein, le Colisée ne remplissait plus les exigences de la LNH. Il fallait alors construire un nouvel amphithéatre. Marcel Aubut avait tenté de convaincre le maire Jean-Paul Lallier de fournir les sous pour un nouvel aréna, plus gros, mais avec intelligence, Lallier avait répondu à Aubut qu'il ne voulait pas financer les excès de sa Ligue. Aubut lui avait confirmé que la flambée des salaires allait être freinée assez vite. Le temps allait confirmer le contraire.
Québec perdait IKEA et les Nordiques.
Aubut se tournait vers un autre projet depuis 1992 de toute manière.
Une délégation québécoise, dont mes parents, quelques uns de mes amis, et ce même grotesque Marcel Aubut, s'était formée pour tenter de jouer les sirènes face aux organisateurs des jeux Olympiques de 2002. Ils y croyaient beaucoup.
Mais en juin, au Carré D'Youville, alors que tout le monde était rassemblé devant un écran géant pour assister en direct au dévoilement des résultats des votes.
Ouch!...
La mort en pleine face.
1 million deux cent mille dollars flambé, Québec se faisait rosser 54-7, au deuxième tour par Salt Lake City. Fameuse humiliation en direct à la télé.
La grenouille avait fumé, puis explosé.
Finalement, fin octobre, 93, 52% des votants du Québec allait rater leur rendez-vous avec l'histoire choisissant encore de rester Province au lieu de Pays. 94% des Québécois, aptes à voter, s'étaient commis. Un record dur à battre. Un chiffre louche aussi. Jacques Parizeau irriterait le petit peuple en disant, le soir de la défaite que "l'argent et le vote ethnique" avait coûté le pays. Le temps lui donnerait raison. On découvrira que le gouvernement canadien avait largement accéléré les demandes d'immigrés au Québec, afin de les faire voter en faveur du pays qui les accueillait. Ce qui a suffit pour gagner par la peau des fesses.
On accusera vite la région de Québec. Se classant 75ème sur 125 circonscription dans les résultats pour le oui, alors qu'en 1980, la région se classait 50ème sur 110 au référendum.
Cette fois, le doigt accusateur allait être plus ou moins juste.
Reste que l'humilité était au rendez-vous cette année-là pour la région de Québec.
Le 22 août dernier, IKEA est revenu dans la région de Québec.
Avant les Nordiques. Dont l'aréna est toutefois
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