Partager la publication "[Critique] EN EAUX TROUBLES"
Titre original : The Meg
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jon Turteltaub
Distribution : Jason Statham, Bingbing Li, Rainn Wilson, Cliff Curtis, Winton Chao, Ruby Rose, Page Kennedy, Robert Taylor…
Genre : Action/Adaptation
Date de sortie : 22 août 2018
Le Pitch :
Alors qu’elle explore la Fosse des Mariannes, au plus profond de l’océan Pacifique, une équipe de chercheurs se fait attaquer par un mégalodon, un requin préhistorique d’une trentaine de mètres de long que l’on croyait disparu depuis plusieurs millions d’années. Appelé en renfort pour organiser le sauvetage, Jonas Taylor, un plongeur expérimenté, va devoir affronter la bête…
La Critique de En Eaux Troubles :
Disons-le tout de suite : En Eaux Troubles est une piètre adaptation du livre de Steve Alten. Trois scénaristes ont collaboré pour complètement remanier l’histoire qui était pourtant à la base parfaite en l’état. Tout ça pour ne conserver que le nom de quelques personnages et le requin géant, bien sûr, qui est la véritable star du film. Pour autant, cela ne signifie pas que En Eaux Troubles, ou plutôt The Meg, si on fait abstraction du ridicule titre français, est mauvais…
Duel dans les profondeurs
De chercheur spécialisé dans les squales et autres créatures marines, Jonas Taylor, le personnage principal, est passé à type providentiel dont on ne sait pas trop quelle est la profession sinon qu’il est capable de nager super vite et de plonger comme un pro sans visiblement éprouver la moindre peur. Une aubaine pour Jason Statham qui excelle dans ce genre de rôle et l’occasion pour le long-métrage d’affirmer très rapidement que non, il ne sera pas comme le livre mais plutôt comme une version boostée aux hormones de croissance des Dents de la Mer. C’est dommage, car encore une fois, le livre méritait une adaptation fidèle, ne serait-ce que pour son intro et sa conclusion sans concession, mais cela ne signifie pas que le film ne fait pas le job. Presque miraculeusement d’ailleurs si on prend en compte le nettoyage auquel le studio s’est livré à quelques semaines de la sortie pour virer la majorité des scènes gore et transformer ce qui aurait dû être un trip horrifique en eaux internationales en blockbuster plus fédérateur à destination du plus grand nombre. Miraculeusement, car malgré ce revirement pourtant pointé du doigt par le réalisateur Jon Turteltaub, et Jason Statham, tous les deux impuissants face à cette décision à la ramasse, The Meg fait toujours bonne figure et parvient même parfois à sérieusement envoyer du bois.
Plus gros bateau
Inutile de faire la comparaison trop longtemps avec Les Dents de la Mer. Là n’est pas le propos. Le chef-d’œuvre de Spielberg, dans sa catégorie, nage au large tandis que tous les autres, mais alors vraiment tous les autres, sans le moindre doute, pataugent au bord de la plage. The Meg serait ainsi plus proche d’un Peur Bleue, car on est ici dans le gros délire pas vraiment sérieux mais franchement divertissant. Autrement dit, En Eaux Troubles est au final à peu près conforme à l’idée qu’on peut se faire d’un film bourré de fric, tout public, reposant sur le concept « Jason Statham vs un requin géant préhistorique ». Ni plus ni moins. Jason arrive, avec son charisme, sa gouaille et ses muscles, il se confronte au monstre, se retrouve au cœur de scènes d’action parfois complètement dingues et pas réalistes pour deux sous, et finit par… On ne va pas vous raconter la fin non plus mais sachez que si le film est en effet très sage niveau gore, il sait par contre se montrer super généreux au niveau des attaques toutes plus spectaculaires les unes que les autres, de son gros monstre plein de dents. À vrai dire, une seule séquence a vraiment morflé suite au nettoyage du film. On pointe ici du doigt la scène qui voit le requin débouler au milieu de centaine de baigneurs pour au final n’en bouffer que quelques-uns quand un carnage total aurait été plus logique. Mais En Eaux Troubles n’a rien à voir avec Piranha d’Alexandre Aja. Ici, c’est la famille qui prime et il faut donc se contenter d’attaques relativement « propres ». Jon Turteltaub, qui n’est pas franchement George A. Romero non plus, appliquant les bonnes vieilles recettes du divertissement à l’américaine, bridé par sa direction, allant même jusqu’à sauver le chien, comme jadis dans le cinéma catastrophe. Un détail qui prouve néanmoins que jamais En Eaux Troubles ne va plus loin que les codes tout public du blockbuster censé toucher et divertir le plus de monde possible.
Jurassic Shark
Mais comme Turteltaub sait tenir une caméra, surtout dans les scènes d’action, vraiment spectaculaires et parfois très jubilatoires, et comme les acteurs dont le job, en particulier Jason Statham, plus héroïque que jamais, The Meg fait bonne figure. Si on se laisse emporter par le courant, on se surprend à sursauter une fois ou deux. On sourit aux vannes parfois à la ramasse, égrainées par-ci par-là pour faire rire les enfants et alléger le propos et tandis que s’éloigne la perspective de voir un film pour adulte avide de gerbes XXL d’hémoglobine, on accepte ce que The Meg a à nous offrir.
En Bref…
Un film de requin géant, visuellement réussi, solide au niveau de sa mise en scène, pas aussi furieux que prévu mais suffisamment rythmé et généreux pour emporter la mise. En Eaux Troubles qui a le mérite de quoi qu’il soit faire honneur à la promesse de sa bande-annonce, sans se prendre pour un autre, péter plus haut que son cul ou chercher à embobiner son audience : un film de requin géant avec Jason Statham donc… Ni plus ni moins.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Warner Bros. France