Du 1er au 23 septembre, la Maison Départementale de l'Environnement et l' Artothèque Montpellier présentent :
biodiversité et insectes pollinisateurs
Trente-huit artistes pour traiter d'un thème fort, au cœur de notre avenir et de celui de la planète.
Durant les quelques semaines nous séparant du quatorze septembre, date du vernissage, nous vous présenterons, par petit groupe, les artistes et les œuvres exposées.
Aujourd'hui coup de projecteur sur, à nouveau, six artistes :
Nathalie Grangis, Hachel, Catherine Hachon, Marc Itier, Claude Lacalm, Yannick Lemesle
Nathalie Grangis
Voler : détrousser, ôter les voiles, prendre de la hauteur pour échapper aux discours qui enflent de trop de mots pour dénoncer, justifier, assourdir le réel d'un vrombissement de plus en plus sourd à la musique du monde. L'abeille baille au plus haut des maux : la disparition. Piquer : exciter la curiosité jusqu'à l'inflammation de la pensée. Qu'adviendra-t-il du monde envenimé par l'appétit croissant pour des bénéfices supposés ? On aimerait bien ouvrir la porte du caveau à la diligente ouvrière. Et qu'advient-il ? On préfère lui dérober la vie dardée d'aiguilles supposées. ÇEst-ce que ça finira par couler ? Epargner : laisser vivre, laisser faire, laisser être. Fermer les yeux. Et finir par mettre de côté de peur du manquer. Amasser des masques et des rêves. Conserver son fiel. Déclasser la lutte. Compter les morts. Commander les fleurs. a pique, un homme qui tombe de son piédestal de verbes.En trois volets, l'artiste pose les bonnes questions sans oublier de jouer avec et sur les mots (maux!). Voler, en argot c'est piquer, dérober, mais piquer c'est aussi éveiller la curiosité et s'intéresser à ces vies qu'il faut épargner. Epargner c'est également le contraire de dépenser, c'est amasser... pour mieux se faire voler.
La boucle est bouclée, il n'en reste pas moins le problème !
Voler, Piquer, Epargner, encre sur papier, 50×50 (chacune).
Hachel
A mi-chemin entre peinture, photographie et installation, l'artiste aime " mettre en avant des réalités fictives ". Les corps masculins, présentés sous un angle de vue nouveau, constituent un de ses sujets de prédilection. Il définit les espaces visuels, au cœur de ses créations comme des " images-objets " ou " espace trans-icôno-glyphes ".
Je produis des taches comme on sème des graines, chacune de ces taches est considérée comme une entité à par entière ''une fleur à butiner''. La première pièce que je propose est l'évidement de ces taches, un grand lé de papier à aquarelle dont toutes les taches ont été extraites au scalpel, laissant des béances, la marque de leur absences... que deviendrait un monde sans abeilles, sans fleurs, sans couleurs ?Catherine Hachon
Installation - double lé de papier-aquarelle découpé, 1,13 m x 5 mètres, suspendu devant une fenêtre.
Œuvre entomologique de Yannick Lemesle : " Bourgade Bee's Building "Toujours à partir de taches, l'aquarelle figurant à la suite offre un univers entre animal (cocon) et végétal (feuilles, fruits). Coloris délicats pour une œuvre qui évoque sérénité et équilibre.
- Je souhaitais construire une image qui corresponde au thème en opposant deux registres. Pour cela j'ai confronté la représentation d'un églantier en fleurs qui reçoit la visite d'un grand nombre de papillons, abeilles, cétoines et autres pollinisateurs, à celle d'un monceau de ces insectes morts, décomposés. Sur le plan plastique, l'opposition se marque par une différence d'échelle et de traitement de la gravure. L'utilisation du bleu mêlé de noir me permet de donner une profondeur, un espace à l'image en même tant qu'il évoque le crépuscule, l'entrée dans la nuit. Comme dans toutes mes réalisations, j'ai essayé de faire en sorte qu'après une découverte globale de l'image, l'oeil du spectateur soit entraîné dans un parcours, un cheminement au coeur de l'image.
- A la suite, le triptyque a été conçu en fonction de l'élément central intitulé " La fabrication du Monde ", où l'on voit différents animaux agir de façon constructive (pelote, tricot,...) dans leur environnement. Le volet de gauche s'appelle donc : " Le début du Monde " et celui de gauche : " La fin du Monde ". L'ensemble répondant au nom logique de " Monde entier ". Les trois plaques de lino composant l'ensemble présentent de légères variations d'épaisseur qui provoquent des imperfections dans l'impression. Ici j'ai choisi de souligner ces défauts par un passage à l'aquarelle rouge. Cette couleur agit comme un signal sur la perte de biodiversité.
Pièces exposées : Sans titre, gravure, 80x60cm, 2018 et Triptyque, linogravure aquarellée.
TO BE(E) OR NOT TO BE(E) Domaine départemental de Restinclières PRADES-LE-LEZClaude Lacalm
Composition équilibrée dans laquelle les " fleurs ", seules, imposent la variété de leurs coloris. Des bleus au rouges, du froid au chaud, elles animent une œuvre dont le règne animal disparaît peu à peu. Espoir ou constat pessimiste l'artiste nous laisse libre d'y découvrir notre avenir, ou plutôt celui que nous nous construirons !
Les quatre faces de la sculpture " Entomologe " sont percées de trous de différents diamètres (2 mm à 16 mm) et d'une profondeur d'environ 8 cm à 12 cm permettant l'accueil de nidifications de nombreuses espèces d'Abeilles solitaires xylocoles ou à nids libres et de quelques autres espèces d'hyménoptères (tel que la petite guêpe Ancistrocerus antilope). Au fond de chaque trou une femelle accumule une réserve de nourriture (nectar plus pollen pour la plupart, à signaler que certaines solitaires fabriquent également du miel) sur laquelle elle pond un oeuf qu'elle protège en tapissant les parois de sécrétion de cire, de résine, ou encore de feuilles ou de pétales de fleurs pour certaines Mégachiles ; puis elle obture cette " cellule " (équivalent de l'alvéole chez l'Abeille sociale) de boue pour certaines espèces, pour d'autre d'un broyat végétal, de résine de conifères, ou d'un coton tissé de poils végétaux... Les Abeilles solitaires passent l'hiver le plus souvent en diapause à l'état larvaire, parfois à l'état adulte, dans la cellule du nid. La profondeur du trou peut offrir à chaque femelle une potentialité de pondre 30 à 40 oeufs en moyenne dans sa durée de vie saisonnière. Le dessin de la sculpture formé de plus de 4 000 trous est en constante modification grâce à l'action de ses habitants et à la nature des matériaux utilisés. La " Bourgade " d'abeilles solitaires ainsi réunies offre l'observation potentielle d'une population de plus de 120 000 individus (30 par trous en moyenne) composée de différentes espèces et de leurs parasites ( Scolies, Sphégiens, etc...). Les fentes présentes sur la sculpture sont destinées à abriter de tout autres insectes tels que Forficules, Coccinelles, Chrysopes, Arachnides ou encore des pontes de certains Lépidoptères selon le milieu naturel dans lequel elle est disposée. La sculpture " Entomologe " permet de créer un lieu privilégié d'observation d'une faune ordinaire très diversifiée qui met en mouvement.
Artiste naturaliste, Yannick Lemesle parcourt son jardin en observant le monde discret des insectes. Ecouter avec les yeux. Sentir. Porter un regard poétique sur le vivant pour sensibiliser, transmettre. Prises de vue photographiques, arts sonores et sculptures sont les disciplines qu'il affectionne pour ses créations entomologiques.
Cette sculpture Entomologe a été créée pour l'aménagement éphémère " Le jardin enjoué " de Sylvère Fournier, maître jardinier 2015, dans le cadre du Carré des jardiniers Paysalia 2015.
Bois de Cèdre provenant de la forêt de Bonnieux dans le Luberon (84), traité avec des huiles végétales (huile de lin et d'abrasin + pigments anti UV), orné de pièces métalliques, piètement en métal.
H 193 cm x L 30 cm x l 30cm