Cerise, ni aînée, ni benjamine, occupe la place du milieu du roman. Un tableau généalogique informe ainsi le lecteur de Mélanie Richoz que Cerise est l'une des trois filles, de mère et père, et qu'elle se situe entre Jeanne et Léonie, une anti-place.
Alors que ses deux soeurs ont un mari, Cerise, à quarante ans, malgré qu'elle en ait, est toujours célibataire, si l'on excepte sa liaison éphémère avec Lucien. Mais c'est une femme libre et un modèle pour la fille de Léonie, Chloé, éprise de Florian.
A sa puberté, chez Cerise se révèle une pathologie qui l'atteint dans son intimité. Ses parents se sont bien gardés de lui dire quel était ce syndrome qui faisait basculer sa vie: elle n'aurait jamais de règles (peut-être dans les deux acceptions du terme...).
S'y ajoute une malformation handicapante, si bien que ses parents lui accordent des privilèges éducatifs qu'ils refusent à ses soeurs, suscitant de leur part une incompréhension qui n'aura d'égale que celle qu'elles auront pour le métier qu'elle choisira.
Cerise est en effet chauffeur de transports en commun, du Bus de l'histoire: Si elle a choisi de devenir chauffeur - à l'époque, le genre du mot était invariable -, c'est pour porter un uniforme qui la dispense de jouer un rôle relatif à des attentes sexuées.
Chacune des protagonistes - pas seulement Cerise - se pose la question: qu'est-ce être femme? Les seules sexualité et maternité permettent-elles de l'être? A contrario, ne sont-ce pas les tabous et les secrets de famille qui empêchent de l'être et sont fatals?
Francis Richard
Le bus, Mélanie Richoz, 136 pages, Slatkine (sortie le 20 août 2018)
Livres précédents de l'auteur chez le même éditeur:
Mue (2013)
Le bain et la douche froide (2014)
J'ai tué papa (2015)
Un garçon qui court (2016)