urbania

Publié le 18 août 2018 par Modotcom

il y a dix jours
je me frappais la tête sur la table
en pensant que nous allions quitter
la caniculaire montréal
pour foncer droit dans la chaleur
d'autres grandes villes
américaines de surcroît
pourquoi n'avions-nous pas choisi
de nous exiler en camping
sur une roche du bas du fleuve
ou partir en westfalia
vers les montagnes du bc
okay ça va
l'exemple est mauvais
en west on ne serait pas arrivé au bc

nous avons passé l'hiver et le printemps
enfermés au palace urbain
j'avais des cours tous les samedis
ce qui nous empêchait
de sortir de la ville
ne serait-ce que pour une escapade en moto
dans les campagnes du québec
quelques jours de trève à la st-jean
et on a mis le cap vers le lac ontario
et c'était bon d'être au lac
mais version civilisée toujours
parce que les maringouins
on n'y est pas accoutumés
je pensais donc que nous étoufferions
durant le mois d'août
entre les tours de béton
dans les rues d'asphalte
sous les enseignes de néon
et puis non
en approchant de chicago lundi matin
dans notre rutilant pick-up rouge
muni de la ez-pass
et roulant sur puis sous
son autoroute longeant le lac michigan
en voyant ses centaines de gratte-ciel
côtoyant ses parcs côtiers et ses rives de plages
nous étions encore une fois
aspirés dans le vortex des belles cités
l'endorphine gonflait à nouveau
nos veines d'excitation
nous sommes des bêtes urbaines
nous savons trouver l'apaisement
à regarder dormir le lama et le gorille
au zoo de lincoln park
nous savons réfléchir et aimer
en face d'une toile de hopper
au art institute
et nous émouvoir devant
les enfants qui sautent sous l'eau des fontaines
nous savons nous reposer
les pieds nus dans le lac
le corps filant en longueurs
dans le chlore de la piscine de l'hôtel
nous savons offrir à nos bouches
les bons esprits et la bonne chère
nous savons profiter des meilleurs lits
et laver nos visages
dans des endroits civilisés
nous savons courir dans les sentiers de parcs
et le long des lacs
et nous remarquons
que ce qui nous repose
n'est pas tant la nature et le dépaysement
mais de faire ce dont on a envie
sans le trouble de l'inconfort
sans les coups de soleil
ni les piqûres d'insectes
les ampoules aux pieds
les maux de dos
et les corps trempés de pluie
nous aimons le confort des villes
bien pensées
où l'art la culture et la verdure
occupent une place importante
où l'âme peut s'évader
et où nous pouvons vivre momentanément
dans tous ces endroits
que nous ne pouvons posséder
dans les halls d'édifices centenaires
aux planchers qui craquent
dans des salles de verre et béton illuminées de soleil
pleines des œuvres des grands maîtres
sur les bancs des plus beaux parcs
parmi des foules d'autres humains
qui comme nous
profitent de la félicité.