Titre original : The scapegoat
Mon engouement pour ce livre résulte dans une raison bien particulière : l'histoire se déroule au Mans - ma ville - puis en Sarthe - mon département. Qu'est-ce qui peut bien pousser une autrice britannique à écrire une histoire qui se déroule dans une ville de France, renommée notamment pour ses courses automobiles ? En fait, Daphné a des origines sarthoises, ceci explique donc cela. Je me suis très vite interrogée : l'autrice s'est-elle rendue au Mans pour écrire ce récit ou a-t-elle inventé l'histoire à distance ? Mon appréhension s'est vite dissipée quand, dès les premières lignes, elle évoque la place des Jacobins et même l'Eglise Notre-Dame de la Couture. Mais que s'y passe-t-il exactement ?
John s'est arrêté au Mans. Historien britannique, il est en vacances en France. Sur sa route, il croise son parfait sosie, le comte Jean de Gué. Et lorsqu'il se réveille, le lendemain, on le prend pour son double. Le voilà alors parti pour découvrir la vie de château à Saint-Gilles. Un village certes fictif, mais en Sarthe !
Le livre fait poser une question : et si demain on rencontrait son sosie (cela doit être très drôle mais effrayant), que ferait-on ? Echangerait-on nos vies ? Et ainsi fait, se ferait-on démasquer ? Car vivre la vie de quelqu'un d'autre c'est, en apparence, pouvoir faire ce que l'on veut. L'histoire de Daphné donne presque envie d'essayer...
En ouvrant le livre, je ne savais pas à quoi m'attendre : j'appréhendais que l'histoire soit très étrange. Mais une fois que John prend la place de Jean, je me suis prise au jeu. On découvre la vie - et les méfaits - de Jean en même temps que John, ce qui est amusant. Il aurait pu y avoir de nombreuses gaffes de sa part... Je ne vous le cache pas plus : ce très bon roman est pour le moment ma plus belle découverte littéraire 2018 ! L'intrigue - deux personnes que tout oppose qui échangent leur vie - est très ingénieuse. J'admire Daphné du Maurier : l'histoire est bien ficelée, intrigante et passionnante. En somme, le livre se déguste ! Il y a des hauts et des bas, et j'ai eu le coeur brisé concernant la destinée d'un personnage. J'étais au bord des larmes... Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la vie de château n'est pas si rose. John doit jongler entre "sa mère" qui se fait passer pour malade, sa soeur qui ne lui parle plus depuis quinze ans, son frère Paul qui gère la verrerie familiale tant bien que mal, sa fille Marie-Noëlle qui lui demande beaucoup d'attention... Comme John, on est intégré à cette famille d'ascendance aristocratique qui est sur le point de s'éteindre. Il y a les membres de la famille qu'on déteste, et ceux qu'on aimerait sauver, comme Marie-Noëlle, une enfant très touchante et qui a le don de dire tout haut ce que les adultes pensent tout bas...
Paradoxalement, bien que j'estime que ce soit un très bon roman, j'ai détesté les personnages ! John est en quelque sorte la deuxième chance de Jean mais il n'agit pas dans le bon sens, ou disons dans le sens que je voudrais (peut-être serez-vous vous aussi énervée face à ses choix et à ses actes...). Je le crois responsable de beaucoup de choses, alors qu'il aurait pu essayer d'arranger les choses ! Jean est quant à lui un être totalement détestable !! Et on l'apprécie de moins en moins à mesure que l'on apprend des choses sur lui...
=> Le bouc émissaire est un autre très bon roman de Daphné du Maurier embellit, à mes yeux, par le lieu de l'action : Le Mans, puis la Sarthe. L'histoire de sosies qui s'échangent leur vie est très ingénieuse. Finalement, la vie de château n'est pas plus simple que les autres !
John, un historien anglais en vacances en France, rencontre au Mans par hasard son sosie parfait, Jean de Gué. Les deux hommes font connaissance : l'un est solitaire, sans famille, l'autre, épicurien désinvolte, se plaint de la sienne qui l'étouffe. Le lendemain matin, John se réveille, vêtu des affaires de Jean, qui a disparu. À la porte, le chauffeur l'attend pour le ramener au château. John prend alors la place de Jean...
"Rien n'était facile, que je fusse moi ou Jean de Gué. Je n'étais pas né pour être le fils de la femme qui était là-haut, ni le père que je voyais devant moi. Je n'avais rien de commun avec tous ces gens. Ils n'étaient pas ma famille ; je n'avais pas de famille. Etre complice d'une face compliquée n'impliquait pas que je dusse accepter d'en être la victime. C'était l'inverse qui aurait dû se produire, me semblait-il, c'était à eux d'en faire les frais et non à moi. Rien ne m'attachait à eux."
Britannique
Autres livres de l'autrice au Salon :