"Chacals sans dignité !" : Salvini et les populistes italiens accusés de récupération politique
C’est évident : Si le viaduc de Gênes s’est effondré, c’est la faute à l’Europe ! C’est ce que répète Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur italien, une sorte de Gérard Collomb italien, quoique on se demande si alors que son parti n’a obtenu que 17 % des suffrages , ce n’est pas lui qui est le vrai Président en Italie. Il occupe tout l’espace médiatique, une sorte de Macron + Philippe (Edouard) + Le Drian + Collomb + Parly (Florence Parly, la Ministre de la Défense pour ceux qui ne l’aurait pas su …). Matteo Salvini n’a même pas attendu une journée pour rejeter sur Bruxelles la responsabilité de la catastrophe : Ce sont les diktats de Bruxelles, la politique d’austérité imposée par Bruxelles, l’insupportable contrainte budgétaire qui a empêché les italiens d’entretenir leurs ponts et viaducs. Qu’importe si dès sa construction à une époque où l’encre du Traité de Rome qui créait la Communauté européenne n’était pas encore sèche, nombreux sont ceux qui en Italie dénonçaient des erreurs de conception, Qu’importe si depuis 3 ans, le plan « Juncker » d’investissements a mobilisé 315 milliards d’euros, destinés justement aux infrastructures. Dont l’Italie a largement bénéficié. Qu’importe si depuis des années en Italie, d’autres ponts, des écoles se sont écroulés. Qu’importe si une partie de l’argent destiné à la reconstruction de l’Aquila après le tremblement de terre de 2009 n’est jamais arrivée aux victimes.Qu’importe si le Mouvement 5 Etoiles allié de Salvini a fait capoter il y a quelques années, la construction du nouveau contournement autoroutier à Gênes justement, parce que « c’était trop cher », parce que de toute façon ce mouvement arrivé en tête des dernières élections italiennes est contre toutes nouvelles infrastructures, pour eux de l’argent gaspillé, comme le Lyon-Turin, qui va sans doute être enterré. Qu’importe : Si le viaduc est tombé par terre c’est la faute à Juncker, le nez dans le ruisseau c’est la faute à l’Euro. Franchement, si Bruxelles n’existait pas – pas Bruxelles la sympathique capitale de la sympathique Belgique, non Bruxelles la capitale de l’Eurocratie, de ces technocrates de l’ombre qui nous sucent le sang– il faudrait l’inventer. C’est le bouc-émissaire idéal : car Bruxelles ne peut pas répondre, Bruxelles ne peut pas tweeter, Bruxelles n’a pas de visage, pas de chair, d’humanité, et c’est peut-être là d’ailleurs une partie du problème. Bruxelles ne peut pas envoyer chier toutes celles et ceux qui à longueur de journée la prenne comme tête de turc.Les déclarations du gouvernement italien sont comme le syllogisme du cheval pas cher. Vous ne connaissez pas l’histoire ? Un bon cheval, c’est cher. Un bon cheval pas cher, c’est rare. Et tout ce qui est rare est cher. Donc un bon cheval pas cher, c’est cher. En fait il ne s’agit pas d’un syllogisme mais d’un paralogisme, un raisonnement faux et même d’un sophisme qui est un argument fallacieux, c'est-à-dire destiné à tromper. Nous tromper, c’est exactement cela. Et ça marche. Et pas seulement en Italie. Tout cela va mal se terminer.