Je reviens sur mon blog après près d'un mois d'absence justifié par une importante activité ici. En effet, à la très dense et encore une fois étrange saison du shincha, qui a commencé très trop pour finir assez tard en raison des retards dans de raffinage des thés, s'est ajouté la préparation de l'ouverture de la boutique Thés du Japon. Tout est allé très vite, de la recherche du lieu jusqu'à l'aménagement et l’emménagement, pour une ouverte le 4 août dernier.
Me voilà donc installé avec des théières et une longue liste de thés dans boutique Aozuru-chaho Thés du Japon de Yanaka. Avec Nezu et Sendagi, Yanaka constitue le quartier appelé "yanesen", l'un des derniers quartiers vraiment authentiques de Tokyo, avec de nombreux petits commerces, des galeries dans ses petites ruelles, beaucoup de temples et sanctuaires aussi.
La boutique se trouve dans le rue "Yomise-dôri", qui fait l'angle avec la très (trop) célèbre rue "Yanaka-Ginza", et est accessible aussi bien en métro par la station Sendagi, qu'avec les JR par Nippori ou Nishi-Nippori.
C'est une nouvelle aventure, une étape que j'appelais de mes vœux depuis bien longtemps, qui va me permettre de renouer avec plus de contact humain, de présenter thés et théières directement, bref un canal supplémentaire essentiel de transmission du thé, bien nécessaire au Japon où tout reste encore à faire pour sauver les thés de qualité en voix de disparition. J'espère aussi réussir à en faire un lieu de passage obligé pour tous les fans de thé francophones de passage au Japon, souvent bien frustrés de ne pouvoir trouver au Japon des thés de qualité sortant du commun, ainsi que des explications satisfaisantes.
Au début de l'année prochaine, cela fera juste 10 ans que j'ai réussi les examens qui m'ont permit de devenir le 1er français, et l’un des tous 1ers étrangers, certifié au Japon "Japanese Tea Instructor". En fait, cette nouvelle étape, cette boutique de Yanaka arrive même juste dix ans après que j'ai commencé à étudier pour les examens du Nihon-cha Instructor !
Dix années très enrichissantes sur le plan humain, avec beaucoup de magnifiques expériences, mais aussi dix années difficiles, avec leur lot de frustrations et de doutes.
Il y a 10 ans, la situation dans le monde du thé japonais était très différentes, et si beaucoup voyaient avec intérêt l'arrivé d'un "instructeur" étranger, j'étais plutôt vu comme un bête curieuse, et peu de portes se sont ouvertes. Je remarque être en fait arrivé 5 ans trop tôt. Je reste ainsi toujours très reconnaissant à Maruyama-en, malgré le peu d'intérêt de leur produits, de m'avoir donner une chance. Avec Thés du Japon, projet lancé en 2010, en parlant japonais puis en tant qu'instructeur, il n'y a pas eu vraiment d'obstacle pour le sourcing. Ainsi le réseau s'est agrandi au fur et à mesure au grès des rencontres et des coups de cœur. En 2014, je quitte Maruyamaen pour me consacrer à 100% à Thés du Japon, commençant alors les activités au Japon également.
Et me voilà à Yanaka, à écrire mon premier article de la boutique. C'est une nouvelle page, presque blanche, tout reste encore à faire. Néanmoins, l'activité en ligne va continuer comme auparavant, mais avec un lien avec l'activité physique au Japon, en espérant que nombreux mes lecteurs à venir me rendre visite ici.
Pour revenir à cette saison 2018, avec des récoltes très hâtives, dues à une monté trop rapide des températures en mars et avril, on a encore une année difficile, croissance trop rapide donnant parfois des thés un peu fades. En même dans de nombreux cas, on peut espérer beaucoup de la maturation. Globalement, 2018 reste me sembe-t-il un meilleur millésime que 2017.
Les thés qui me tiennent particulièrement à cœur sont d'abord le Kôshun de Asamiya, que je retrouve enfin après deux ans. Ensuite, le Gokô non ombré de Wazuka. Excellent sencha non ombré de Uji, et excellent Gokô, qui montre que ce cultivar est plein de ressource et ne doit pas être limité aux gyokuro, pour lesquels il excelle certes.
Il y a aussi le "zaira" de Umegashima, qui a bien évolué par rapport à la version 2017, en espérant mieux encore l'an prochain. Aussi, provenant de la même plantation, le Yabukita est un bonheur.
En ligne dans quelques jours, je propose un sencha de Hoshino (Yame), non ombré, chose rare dans cette région, fait avec Oku-hikari. Thés très intéressant, qui permet de profiter pleinement du beau terroir de Hoshino.
Bien sûr, je vais continuer à proposer de nouvelles choses au cour de l'année. Avec maintenant une boutique à Tokyo, je voudrais étoffer mon offre de thés de la région du Kantô, Sayama (Saitama) bien sûr avec ses cultivars locaux, Sashima (Ibaraki) aussi, et peut être Ashigara (Kanagawa).
Côté théières, je veux continuer à mettre en avant les (rares) jeunes potiers, Gafû, Yamada Yûtarô, et Shiraiwa Taisuke, mais aussi d'autres comme ce potier de Hasami que vous verrez dans quelques jours dans la prochaine newsletter. Il y a aussi le formidable potier Bizen-yaki Kobashi Masaaki, dont la qualité des théières est non seulement unique à Bizen, mais rivalise sans peine avec le top de Tokoname.
Il va y avoir de nouveaux équilibres à trouver, mais je l'espère, beaucoup de plaisir pour moi et pour les fans de thé qui me suivent ici et ailleurs, du Japon et de l'étranger.