Le principe de notre société est peut-être bien la raison. Et cela a des conséquences imprévues.
La raison, c'est le projet des Lumières. L'esclavage, c'est croire à des idées fausses, des coutumes. La liberté, c'est savoir utiliser correctement son intellect, pour ne pas se faire piéger. Or, l'intellect s'éduque. Un des grands projets de notre République est peut-être dans ces phrases.
Maintenant, les conséquences imprévues. Dans ce modèle, c'est l'Education nationale qui décide de notre liberté. Lorsqu'un instituteur, un enseignant, un examen ou un concours décide de notre sort, il juge si nous sommes capables de penser ou non, d'être libres ou non. Lourde responsabilité...
Platon, le philosophe par excellence, déjà, croyait qu'il y avait des gens qui pouvaient penser (lui) et d'autres, le peuple, non. Pour diriger ce dernier, il fallait lui raconter des fariboles. Paradoxalement, bâtir une société sur la raison amène à traiter la majorité de ses membres comme des animaux. Et à faire que les virtuoses de la raison l'utilisent non pour la cultiver, mais pour abuser leurs contemporains. L'intellectuel est le fléau de la raison. Dans un monde de raison, plus personne n'utilise sa raison !
Ce qui produit le "populisme". Le populisme n'est pas une manifestation d'instincts animaux. Au contraire, c'est la révolte d'un peuple à qui l'on dénie la capacité de penser et qui la revendique. Mais, comme il n'a pas été formé correctement, il fait n'importe quoi.