Partager la publication "[Critique] EQUALIZER 2"
Titre original : Equalizer 2
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Antoine Fuqua
Distribution : Denzel Washington, Pedro Pascal, Melissa Leo, Bill Pullman, Jonathan Scarfe, Orson Bean, Ashton Sanders…
Genre : Thriller/Action/Adaptation/Suite
Date de sortie : 15 août 2018
Le Pitch :
Robert McCall a enfin accepté sa destinée. Désormais au volant de sa voiture, il parcours les rues et répare de son mieux les injustices, jouant les policiers, les juges et les bourreaux dans un même élan de brutalité sèche. Rien de personnel dans cette quête, juste un désir de rétablir un certain équilibre. Néanmoins, quand sa meilleure amie est tuée, tout change…
La Critique d’Equalizer 2 :
Denzel Washington a signé. Le réalisateur Antoine Fuqua a signé lui aussi. Melissa Leo et Bill Pullman ont suivi. Equalizer 2 peut compter sur les mêmes forces que le premier volet. Une suite qui voit le justicier Robert McCall assumer sa véritable fonction au sein d’une société vérolée par le crime. L’occasion pour toute l’équipe d’y aller franchement et d’éviter de tourner autour du pot ? Malheureusement non…
Un justicier dans la cité
Le premier Equalizer durait 2h12. Pourtant, il reposait sur une intrigue on ne peut plus basique. Un film qui prenait son temps pour présenter ses personnages, son héros en particulier, ses motivations et ses aspirations, tout en offrant de sauvages séquences d’action à intervalles réguliers. Equalizer et son histoire de sales types spécialisés dans la prostitution, avec son super méchant russe tatoué de partout, cruel et impitoyable, et son Denzel invulnérable.
Cela dit, quand on voit la suite, on se dit que finalement, le premier volet était plutôt direct. Ici, on compte presque 20 minutes de moins au compteur mais on a pourtant l’impression que le film dure plus longtemps. La faute, encore une fois, à un scénario inexplicablement tortueux, rempli de sous-intrigues qui souligne le côté manichéen de l’entreprise sans apporter grand chose au film. Voilà comment ça marche :
VTC driver
Denzel est désormais chauffeur de VTC. Dans sa bagnole, il accueille des mecs bourrés, de gentils citoyens, des demoiselles en détresse et tout un tas de personnages auxquels il pose plein de questions histoire de voir qui mérite de se faire corriger et qui mérite qu’on corrige quelqu’un pour lui. Ensuite, quand il rentre chez lui, Denzel aime bien aligner des trucs dans son appartement à la décoration super épurée. Il lit aussi beaucoup. Du Proust par exemple. À ses heures perdues, Denzel aime aussi faire la morale à droite et à gauche mais en particulier à son jeune voisin qui est à deux doigts de se faire recruter par un gang. Il aide plein de gens différents. Vas-y que je repeins un mur gratos et vas-y que j’aide un gentil retraité à retrouver sa sœur… Le soucis, c’est que le Robert, enfin le Denzel, il n’a plus trop de temps pour l’intrigue principale à base de flics corrompus. Enfin on ne sait pas trop… On sait juste qu’il y a des méchants qui tuent des gentils à Bruxelles et que ces mecs là vont bientôt avoir affaire à Denzel parce que c’est lui le héros et même si on ne pige pas trop le pourquoi du comment parce que le scénariste n’a pas fait preuve de beaucoup de clarté, on sait que tôt ou tard, le couperet va tomber.
Le boucher dans la ville
Le premier gros défaut d’Equalizer 2 est donc de trop s’éparpiller. Parfois, on se demande même ou le film veut en venir tant il s’attarde sur des intrigues secondaires qui n’en demandaient pas tant. L’autre gros défaut d’Equalizer 2 est son écriture. Brouillonne, bordélique (c’est pareil, mais c’est bien pour insister sur ce point), elle n’a pas le côté direct et franc du collier de celle du premier. Une tare dont semble être conscient le réalisateur Antoine Fuqua, puisque régulièrement, il met en scène son héros dans de petits sketches où il sauve des gens en se battant. Parce qu’il ne s’agirait pas qu’on oublie qu’on est devant un film d’action avec Denzel Washington et non devant une version pour adultes des Anges du Bonheur… Alors voici que Denzel tombe par hasard sur une fille qui vient d’être violée et droguée. Il l’emmene à l’hosto et revient chez les coupables pour les trucider à coups de carte de crédit, non sans se barrer en balançant une réplique un peu marrante pour détendre l’atmosphère il est vrai un peu chargée. Sacré Denzel ! Ensuite il repart et va répandre aux quatre vents sa percutante sagesse à coups de poings et autres clés de bras dévastatrices.
Car il faut tout de même reconnaître à Equalizer 2 que quand il se décide à passer à l’action, il le fait bien. Solide, un peu m’as-tu-vu, mais efficace, la mise en scène d’Antoine Fuqua fait le job et Denzel aussi bien entendu, lui dont le charisme suffit à justifier le prix d’une place de cinéma, peu importe le film.
C’est alors qu’on assiste à quelques bastons bien brutales, bien barbares parfois et méchamment efficaces. Est-ce suffisant pour faire d’Equalizer 2 un sommet du genre ? Non… Mais c’est assez pour sauver les meubles et permettre au long-métrage de passer relativement bien, sans néanmoins jamais parvenir à égaler la verve rentre-dedans de son prédécesseur.
Et non, ce n’est pas cette tentative, louable mais un peu vaine, d’épaissir le background du héros, qui change quelque chose. Au contraire, tant le dénommé Robert McCall fait partie de ces chevaliers de l’ombre, qui se doivent de ne pas trop se dévoiler pour conserver leur mystérieuse aura…
En Bref…
Manichéen, bavard, alambiqué car plutôt mal écrit, Equalizer 2 ne possède pas l’efficacité brute de son prédécesseur et exacerbe par contre beaucoup de ses défauts Mais les scènes d’action, sauvages, plutôt inspirées et toujours efficaces, permettent néanmoins au film de faire office d’honnête divertissement. Car il y a finalement peu de choses sur un écran de cinéma qui procurent autant de plaisir que de voir Denzel Washington s’avancer impassible vers un bad guy pour ensuite lui exploser la tronche sans autre forme de procès.
@ Gilles Rolland