La transformation passe par la formation

Publié le 15 août 2018 par Patriceb @cestpasmonidee
Dans notre monde en mutation, les dirigeants et les collaborateurs des banques s'accordent sur ce constat : les métiers et les rôles que nous connaissons aujourd'hui dans le secteur sont appelés à changer profondément. Mais cette prise de conscience se traduit-elle par une évolution concomitante des cursus de formation de la profession ?
À la simple consultation du catalogue d'un organisme spécialisé tel que le CFPB français, avec ses qualifications de conseiller (en agence ou à distance, pour diverses catégories de clientèle), autour des risques et de la conformité, dans la gestion d'actifs… il est permis d'en douter. Certes, ces différents parcours prennent certainement en compte les technologies modernes qui font le quotidien de ces positions. Mais rien ne laisse entrevoir que les besoins de demain, à l'ère de l'intelligence artificielle, sont appréhendés.
C'est donc à Singapour qu'il faut se rendre pour découvrir les prémices d'une approche projetée sur l'avenir. L'« Institute of Banking and Finance » (IBF) – une association sectorielle destinée à promouvoir et encadrer le développement des compétences – vient d'y mettre sur pied [PDF] une division spécifique, dont la mission exclusive est d'accompagner et soutenir les professionnels de la banque et de la finance dans leur acquisition de nouveaux savoir-faire et leur adaptation à de nouvelles fonctions.
En pratique, et sans fournir lui-même de programmes pédagogiques (qui n'entrent pas dans son champ de responsabilité), l'« IBF Careers Connect » a vocation à offrir un service d'orientation pour tous les salariés de banques qui s'interrogent sur leurs perspectives de carrière. Ils bénéficieront de recommandations concrètes sur les connaissances à acquérir, les formations disponibles pour rester pertinents sur le marché de l'emploi (qui, en parallèle, sont développées avec les établissements concernés)…

Naturellement, ce sont les impacts potentiels des technologies émergentes, intelligence artificielle en tête, qui suscitent un tel effort d'anticipation. À l'extrême, les responsables du dispositif s'attacheront en outre à identifier au plus tôt les métiers menacés d'obsolescence et travailleront en collaboration avec les institutions financières afin d'organiser les reconversions nécessaires de manière préventive, qu'il s'agisse d'ajuster les rôles existants ou de proposer des changements complets d'orientation.
La démarche de l'IBF répond à un enjeu considérable. En effet, les institutions financières risquent de devoir faire face, à moyen terme, à une crise majeure dans leurs ressources humaines, qui se matérialisera, d'une part, par l'inadéquation des profils actuels aux besoins futurs et, d'autre part, par une difficulté croissante à recruter les compétences requises pour faire prospérer une entreprise « digitale ». Seule une approche pro-active de formation, conciliant les deux facettes du problème, permettra d'éviter le désastre en gestation. Et elle doit être mise en place maintenant, car, bientôt, il sera trop tard.