Sur Bon Voyage, la chanteuse parisienne Melody Prochet chante toujours principalement en anglais ainsi qu’en français, mais aussi en suédois avec l’aide de Gustav Ejstes à l’écriture et la composition. La Suède, justement, grâce à la rencontre de Melody et du groupe Dungen en 2015, ce qui la mènera à aller s’installer à Stockholm l’année suivante afin de mettre en œuvre ce qui sera, finalement, le second album de la Française.
« La nature suédoise m’a aidé à reprendre mon souffle et m’a apaisé pendant une période très angoissante. Je me trouvais à seulement 3 minutes à pieds d’un lac et d’une forêt magnifique. L’enregistrement de l’album m’est paru comme une parenthèse de vie, un exutoire de nos frustrations de jeunes adultes, parents, musiciens; jongleurs de vie plus ou moins désenchantés. En a découlé une sorte de fable ou de conte folklorique moderne me semblant riche en dualité et en intention, à la fois enchantée, désenchantée, douloureuse et heureuse, interne, externe, tout en étant enfantine et adulte, violente et douce. Nous n’avions pas de limites, ni de cadre et nous étions sortis de notre zone de confort. »
En sept minutes, « Cross my heart » nous introduit splendidement dans l’album, et c’est véritablement un petit chef-d’œuvre qui rappelle les plus belles plumes françaises, un certain Serge Gainsbourg en tête. Quand lui succède « Breathe in, breathe out », si je devais trouver une comparaison, ce serait cette fois-ci Air, même si en bien plus pop, l’influence anglaise étant des plus évidentes !
Les ambiances psychédéliques reviennent sur « Desert house », et on commence à comprendre entièrement le choix du visuel pour l’album. L’intermède en suédois « Var har du vart ? » est très plaisant, acoustique et intimiste – on a réellement l’impression que les musiciens jouent à côté de nous ! « Quand les larmes d’un ange font danser la neige » est une nouvelle épopée en sept minutes, qui finit de me faire dire que Melody Prochet pourrait bien être tout simplement l’une des plus belles plumes françaises des années 2010.
Est-ce volontaire ? Voire un hommage ? Dans tous les cas, « Visions of someone special, on a wall of reflections » rappelle inexorablement, une seconde fois, le grand Serge des années 70. Finalement, « Shirim » mélange à merveille et avec une évidence folle sonorité électronique, guitare rock et ambiance folk psychédélique.
Que dire, si ce n’est que je ne m’attendais vraiment pas à ce genre d’album en découvrant Bon Voyage. Ce voyage est superbe, à la fois immédiat et plein de nouvelles surprises à chaque écoute. Un des grands albums discrets de l’année. Comptez sur moi pour ne pas l’oublier…
(in heepro.wordpress.com, le 14/08/2018)
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