Les hormones de la faim, dont la ghréline ouvrent une voie prometteuse pour le traitement de la toxicomanie, suggèrent ces chercheurs de de l'Université de l'Illinois à Chicago. Le raisonnement est simple : puisque la nourriture et l'eau sont plus ou moins gratifiants en fonction de l'état de faim, de satiété ou de soif du sujet, puisque des drogues comme la cocaïne et l'alcool agissent sur ces mêmes circuits dopaminergiques dans le cerveau, les hormones intestinales pourraient exercer leurs effets bénéfiques de la même façon, contre la toxicomanie. De conclusions présentées au 26è Congrès annuel de la Society for the Study of Ingestive Behavior qui pourraient être la clé de nouveaux traitements contre la dépendance à la drogue et à l'alcool.
C'est le consensus d'un groupe d'experts réunis lors du Congrès qui ajoute à l’attention considérable portée par les scientifiques, ces dernières années, aux hormones intestinales. Jusque-là cette attention sur les hormones de la faim et de la satiété s’était concentrée sur les problèmes de la suralimentation et de l'obésité, cependant, toutes ces recherches ont également suggéré leur rôle possible, plus largement, « contre » la dépendance. Ici, les experts expriment un certain optimisme quant aux progrès possibles vers de nouveaux traitements de la toxicomanie, puisque plusieurs des médicaments qui ciblent ces hormones sont déjà approuvés ou dans le pipeline de l’Agence américaine FDA.
Les hormones de l'intestin modulent la signalisation de la dopamine dans le cerveau, c’est le premier constat des experts. Or la dopamine ou le système dopaminergique contrôlent nos décisions de recherche de récompenses. De là, explique l’auteur principal, le Dr Mitchell Roitman, neuroscientifique de l'Université de l'Illinois à Chicago, il n’y a qu’un pas à chercher à les cibler dans d’autres types de dépendances, puisque les drogues comme la cocaïne et l'alcool agissent sur ces mêmes circuits dopaminergiques dans le cerveau. La ghréline, une hormone de la faim libérée par l'estomac, peut ainsi e aussi influencer la valeur de récompense de l'alcool, de la même manière qu’elle le fait avec l’alimentation. D’ailleurs, de précédentes recherches ont montré que la ghréline favorise la recherche d'alcool chez les personnes souffrant de troubles liés à l'alcool. D'autres hormones intestinales comme le GLP-1 et l'amyline sont libérées pendant le repas pour informer le cerveau de l’état de satiété. Des études chez l’animal ont également montré que les médicaments qui améliorent l'action de ces hormones réduisent aussi les effets addictifs des drogues et de l'alcool. Une étude menée sur des rats avec un composé qui imite l'amyline réduit significativement leur recherche d'alcool, même chez les rats élevés sélectivement pour une consommation excessive d'alcool. Des effets similaires, toujours chez le rat, ont été rapportés avec des analogues du GLP-1 dans la recherche de cocaïne.
De nouvelles thérapies pour la lutte contre la toxicomanie ? Ces résultats fournissent une base solide pour entamer des essais cliniques sur des analogues du GLP-1, en particulier. D’autant que les médicaments qui agissent sur le GLP-1 et l'amyline sont déjà approuvés par la FDA pour le diabète de type II et l'obésité.
Ces médicaments pourraient être réutilisés aussi pour traiter la toxicomanie et ses rechutes. Du moins, en combinaison avec la thérapie comportementale, l'approche de traitement standard mais qui n’évite pas des taux élevés de rechute.
Source: SSIB 17 July, 2018 Brain changes responsible for the appetite effects of cannabis are identified in animal studies
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Équipe de rédaction Santélog Août 13, 2018Rédaction Santé log