La journée était peut être parfaite. Ce matin nous nous sommes levés définitivement reposés. Dehors le ciel était
on ne peut plus bleu, et en mangeant tranquillement sur Union Square, nous fêtions mine de rien notre première semaine à New York. Il y avait bien sûr de la fierté pour deux jeunes comme nous. De l'imagination d'un voyage à ici, nous avions franchi toutes les étapes avec succès. La chance représente une grande part dans cette entreprise mais ce matin là j'étais plus que jamais persuadé d'avoir fait quelque chose de grand. Il y avait aussi de la tristesse car nous entamions nos 4 derniers jours ici, et je savais déja que New York allait me manquer.
Ce matin là j'avais aussi le sentiment que rien ne pouvait nous arriver, et nous partions vers Harlem confiants, balayant les derniers doutes sur ce genre d'escapade. J'avais pris néanmoins certaines précautions, par exemple celle de changer ma carte SD de 2GO où sont stockées près de 800 de mes photos et de la remplacer par la 256MB. Il ne fallait pas oublier non plus où nous allions.
A la sortie du métro tout était différent. A peine sortis nous avons longé une rue où étaient installés plusieurs vendeurs de livres ou de CD. Yohann en acheta un pour son père. Petit clin d'oeil au passage à After Death s'il passe par là!
Dans la rue nous croisions aussi beaucoup d'étudiants. Sans le savoir, nous étions en face de la prestigieuse Columbia University. Pour la minute historique, c'est ici que Roosevelt notamment, fit ses études. Comme nous avions le profil étudiant et qu'apparemment on nous y encourageait, nous sommes rentrés dans le
campus. Un des kiffs de Yohann à New York, qui se revoyait déjà dans les plus célèbres teen-movies américaines lol.
Il faut avouer que Lille 3 fait figure d'entrepôt à côté de ça. Columbia, c'est un immense campus orné de bâtiments historiques style Assemblée Nationale. Coup de chance, ce lundi était jour de rentrée. Une sorte de fête se préparait, à en croire les dizaines de chapiteaux , la musique et les ballons accrochés. On y voyait les premières années et leurs parents, guidés par les plus anciens.
Nous sommes ensuite partis à la découverte du non moins mythique quartier. Harlem, le nom effraie plus qu'autre chose et est associé illico à une image de ghetto et d'exemple type de pauvreté urbaine. Si cette réputation témoigne réellement de son triste passé, Harlem est en train de changer, et peut être y sommes nous allés au meilleur moment, à l'heure où le quartier garde de son authenticité car n'ayant pas encore réglé totalement ses problèmes, et avant qu'il ne tombe lui aussi aux mains de la bourgeoisie new-yorkaise et qu'il perde alors tout son charme. Car Harlem est bourré de charme. Je voulais absolument y aller, et je n'ai pas été déçu. Le long du Malcom X Boulevard, les gens ne sont pas comme ailleurs, il y a quelque chose chez eux qui manque chez les autres. Au MacDo (ben oui encore...) les gens s'engueulent sans arrêt mais ça s'arrête là. Pas de rancune. Dans la rue même les vieux dansent sur du blues. Ici pourtant les gens sont oubliés, même les taxis ignorent Harlem, on en a vu aucun. Mais ils s'en foutent, ils crient, ils dansent, ils vivent.
Il était à peu près midi quand je reçus un appel. Je ne pouvais décrocher au risque d'épuiser définitivement mon
crédit. C'était Hélène qui m'appelait, elle m'a laissé un message pour me dire qu'elle partait de Montréal et pour fixer un point de rendez vous le lendemain. C'était vraiment la galère pour communiquer. Comme en plus nous n'avions pas donné de nouvelles depuis longtemps, nous décidions de nous rendre à la New York Public Library, où selon le routard il y avait des connections gratuites. Arrivés sur place les connections étaient en fait payantes et limitées..., mais heureusement un PC avait l'air libre et connecté. A peine le temps de lire nos mails, un black tout en muscle patientait derrière nous. Bon ok c'était son PC on savait pas. On s'est taillé rapidement!
Vers 14h nous avions fait le tour du quartier, ou plutôt des rues conseillées. Nous sommes alors redescendus vers le sud et l'Upper West Side, qui borde l'ouest de Central Park. Il n'y a rien de particulier à y voir, alors on a décidé de longer l'Hudson sur ses berges comme la dernière fois. Rapidement on s'est retrouvé à court d'eau et la soif nous a pris en traitre. Bien évidemment les premières fontaines rencontrées ne marchaient pas. Telle une oasis dans le désert, une fontaine surgit (!) finalement dans une de ces aires aménagées au bord de la rivière. A peine le temps d'en profiter, nous avions de la visite...Un clochard et sa femme. Je sais pas pourquoi, sans nous entendre parler, le mec savait qu'on était Français. A croire que c'est écrit sur notre front. Et puis le type nous a causé de peinture, des Rollings Stones avant de s'en aller. Faut pas chercher à comprendre.
Et puis on a parcouru le quartier, et le soir est arrivé très vite. On est allé sur Union Square et comme on se faisait jeter de chaque bar on s'est retrouvé dans les magasins...Triste fin je vous l'accorde. Je prône donc la survie des bars pour la survie même de l'homme! Il y avait sur Union Square un immense Virgin Mega Store avec d'énormes chiffres qui défilaient et on ne saura certainement jamais ce qu'ils signifiaient. Pour moi c'était le temps qui passe, rien de très réjouissant en somme...Il y avait aussi quelques magasins de fringues, l'occasion de faire quelques affaires. Car ici les soldes sont permanentes et les prix généralement moins cher qu'en France. Une veste à 15$ ça se refuse pas. Sachez aussi qu'ici il y a des sortes de vigile à l'entrée des cabines d'essayage...
On a fini la soirée en regardant les skatteurs du square, qui faisaient leur show tous les soirs.On a repris la route ers l'auberge, un trajet connu par coeur. Ce soir là tout paraissait familier. Ce n'est pas que New York ne nous surprenait plus bien au contraire. Non je crois qu'à partir de ce soir là, on lui appartenait...