Les émeutes de 68 n'étaient pas étudiantes. Un moment, le mauvais côté qui fait avancer les choses a explosé, grâce à quelques voyous. L'émeute matée, le bon côté reprend le dessus, et surtout chez les étudiants, tous cons, accumulant en eux une extraordinaire quantité de tares, du simple fait qu'ils sont des étudiants. La honte devra être rendue plus honteuse encore.
Une majorité d'étudiants vote donc, et nécessairement vote la reprise du travail. Autrement dit, des petites filles maigrelettes, avec d'amples jupons, et ressemblant par leurs gestes et leur tournure à de petites femmes, sautent à la corde, jouent au cerceau ou se rendent visite en plein air, répétant ainsi la comédie donnée à domicile par leurs parents.
De même, la journée d'action organisée le 12 février par la C.G.T. sera un échec. Toutes les actions lancées par les dirigeants sont destinées à maintenir l'ordre. Il est épineux d'être un dirigeant. Il faut créer sans cesse une demi-réussite assortie d'un échec total, pour conserver son pouvoir.
Jean-Patrick Manchette, Journal du jeudi 30 janvier 1969