Baptisées d’après le navigateur anglais Samuel Wallis, ces îles ont connu une Histoire assez chargée en rebondissements, malgré la surface modérée de leurs étendues (environ la taille de la ville de Paris).
Ainsi par son présent récit situé dans la nostalgie, empreinte de chromatiques sépia si propres aux années 60, Aloïse Baudouin a souhaité mettre en lumière la singularité historique de petit territoire, en passant par une mixité depuis la population originelle composée d’Austronésiens de civilisation lapita, qui devinrent des Polynésiens, jusqu’à l’arrivée en 1837, des missionnaires maristes convertissant les deux îles au catholicisme. Tout en conservant un statut protecteur reconnaissant les chefferies traditionnelles. Devenu protectorat français en 1888 Wallis et Futuna devient un territoire d’outre-mer en 1961 suite à référendum.
C’est précisément cette période post-référendum dans laquelle va se dérouler ce récit au cours duquel un couple Camille et Jacques viendra s’installer sur ces terres australes, en plein contexte d’indépendance des colonies françaises. Et alors que les stigmates de l’occupation américaine durant la Seconde Guerre mondiale, pour contrer l’Empire japonais et ayant entraîné de nombreux bouleversements à Wallis, sont encore bien présentes dans les années 60. Aloïse Baudouin nous en dit ainsi davantage au cours de cette interview.
– Ce livre traite d’une intrigue se passant sur le territoire Wallis et Futuna, que vous connaissez bien pour y avoir vécu, quelle était la nature de votre séjour sur place?
En 1962, accompagnant mon mari qui était administrateur de la France d’Outre-Mer, j’ai séjourné 2 ans aux îles Wallis. C’était la fin de l’ère coloniale, toutes les possessions françaises d’Asie et d’Afrique venaient d’accéder à leur indépendance (photo de famille maori / Crédits photo: Aloïse Baudouin).
– On comprend bien que cette expérience vous a marqué profondément, quel a été l’élément déclencheur de l’écriture de cet ouvrage?
J’avais vécu précédemment en Afrique subsaharienne, où, à cette époque régnaient encore des institutions à la limite d’un impérialisme musclé et obsolète. Un environnement brutal et le ressentiment de peuplades longtemps asservies.
– En quoi cette région vous a plus inspiré que d’autres zones du globe que vous avez visité pour ce roman?
Une famille 1964 à Wallis, Crédits photo: Aloïse Baudouin
En arrivant aux Wallis, et les comparant à mes autres expériences, ce fut une révélation, un choc : la découverte d’un petit monde amical et désinvolte. La légèreté et la douceur d’un environnement naturel et privilégié.Me réjouissaient le tempérament du peuple maori sociable, spontané et dénué de complexes, la splendeur du lagon qui encerclait l’île, et la plongée dans des jardins de coraux peuplés de poissons étranges me ravissaient.
– Même si il reprend sûrement des instants vécus, le récit est scénarisé. Pourquoi avoir choisi la fiction?
J’ai voulu relater l’expérience étonnante vécue par la population wallisienne lors de la dernière guerre mondiale. L’envahissement par l’armée américaine de 5 000 G.I. autant que d’habitants à l’époque, apportant un tsunami de modernité et de tumulte dans les traditions pour un petit peuple jusqu’alors épargné. L’originalité de cette entité régi par un roi et la rigueur des coutumes, deux évêques, la religion et ses dictats et à l’occasion les lois de l’administration.Bien sûr, l’intrigue est imaginée, elle n’est là que pour donner du relief à un roman à connotation historique (photo de pêcheur / Crédits photo: Aloïse Baudouin).
– Quel message souhaitiez-vous faire passer en mettant en lumière cette histoire se déroulant en Polynésie?
Faire partager mon plaisir d’avoir connu cet univers minuscule, où et malgré les affrontements des codes religieux, régaliens, étatiques, cette entité attachante qui avait su garder son originalité et la fraîcheur de son authenticité.
“C’était Wallis, une île échappée à l’Histoire”, Roman aux Éditions Librinova.
Disponible en format numérique sur Google Store et Les Libraires.