J’aime vivre dangereusement.
Vivre dangereusement, c’est partir d’un laboratoire qui explose en courant, jouer au blackjack sans connaître les règles, draguer tout ce qui passe, femmes ou robots, mais c’est aussi publier le Pub du mois de juillet avec une semaine de retard, en août. Hum. Salut Billy, ça gaze ? Viens donc vivre dangereusement avec moi et Austin Powers !
AUSTIN POWERS
Réalisateur : Jay Roach
Acteurs principaux : Mike Myers, Elizabeth Hurley
Date de sortie : 3 décembre 1997 (France)
Pays : États-Unis
Budget : 16,5 millions $
Box-office : 67,7 millions $
Durée : 1h29
VIVRE ET LAISSER RIRE
Voilà, un bon jeu de mots vaseux avec le titre Vivre et Laisser Mourir du 8ème film de la série James Bond, rien de mieux pour se mettre dans l’ambiance.
Dans le monde des films d’espionnage, il y a deux géants : d’un côté Mission Impossible (dont le dernier volet, Fallout, est sorti la semaine dernière – et est excellent), de l’autre le fameux espion britannique James Bond qui occupe nos écrans depuis 1962. Mais le problème des films d’espionnage, c’est que c’est souvent très sérieux… et c’est pour ça que les parodies font mouche. C’est ainsi qu’est née à la fin des années 90 la saga Austin Powers, une parodie hilarante – mais certainement pas raffinée – de notre cher 007.
Tout commence en 1967, où l’espion Austin Powers, qui donne son nom à la série (ça va, tu suis ?) pourchasse son ennemi de toujours le Dr. Evil (« Denfer » en français, mais les traductions officielles sont aussi vaseuses que mes jeux de mots alors on en fera abstraction hein). Ce dernier s’enfuit dans une fusée en forme d’enseigne de fast-food en se cryogénisant, tel la Team Rocket s’envolant vers d’autres cieux, jurant qu’il reviendrait pour prendre sa vengeance. Pour préserver le monde de la dévastation – afin de rallier tous les peuples à notre nation, toi même tu sais – Austin Powers va donc se cryogéniser aussi, prêt à reprendre du service dès le retour du Dr. Evil. Et bien évidemment, il revient, sinon le film s’arrêterait au bout de 10 minutes. C’est ainsi qu’on retrouve un espion hippie des sixties et un méchant délicieusement rétro plongés en pleine fin du XXème siècle, en 1997, dans une course poursuite aux enjeux délirants.
Comme tu le vois Billy, ça commence fort, et c’est pas fini !
HUMOUR À L’ANGLAISE
Pourquoi Austin Powers est drôle ? Alain de Greef dirait « Bah… ‘cule un mouton », mais il y a en réalité une vraie réponse à cette question.
La clé d’une bonne parodie c’est de comprendre l’œuvre originale. Et indéniablement, Mike Myers a parfaitement compris la saga James Bond. On retrouve tous les éléments : la voiture, l’avion, les gadgets improbables, et bien sûr par dessus tout le côté homme à femmes. Sans parler des innombrables références à la saga, avec des clins d’œil à presque tous les films James Bond sortis jusqu’en 1997, les très bons, et aussi les très mauvais ! Parce que James Bond, ça n’a pas toujours été Skyfall et autres Casino Royale. Il y a aussi eu de sacrés désastres comme Moonraker qui emmenait James Bond dans l’espace (oui oui, vraiment) en 1979 ou Octopussy en 1983 dont le titre est une contraction entre les mots anglais « Poulpe » et « Chatte ». Raffinement / 20. Et contrairement au principe de la maison qui a consisté à totalement renier chacune de ses, osons le dire, merdes à chaque fois que James Bond a changé d’acteur, Austin Powers embrasse la totalité de la saga, avec ses hauts et ses bas. Dans le fond le film aurait très bien pu être un mauvais Bond des années 70, à la seule différence qu’il ne se prend absolument pas au sérieux, et cela m’amène justement au point suivant.
La clé de l’humour d’Austin Powers, c’est le premier degré, prendre tout littéralement. Certes, Austin est un tombeur, mais il est aussi très laid et tout le monde le dit. Quand on lui présente les outils de sa mission, incluant une trousse de toilette, il croit que c’est un dentifrice explosif, une brosse à dents tronçonneuse ou que sais-je encore – ce qui serait le cas dans un film Bond – alors qu’en fait c’est juste vraiment une trousse de toilette parce qu’il a des dents dégueulasses. Je pourrais aussi parler du générique de début où il danse dans la rue poursuivie par des groupies, ou de la scène où la musique d’ambiance qu’on croit tirée de la bande son du film est en réalité vraiment jouée par le chanteur dans la scène. Tout le film repose sur ce genre de situations. Austin Powers est un film qui a conscience de ce qu’il fait.
La culmination de cet humour, c’est probablement les noms des personnages. Austin « Powers », littéralement Austin « Pouvoirs » puisque c’est le protagoniste. Le Dr. Evil, dont le nom signifie « maléfique ». L’homme de main Random Task, « Tâche aléatoire », qui passe effectivement son temps à effectuer des tâches aléatoires en fonction des besoins du scénario. Basil Exposition, « Basile Présentation », qui passe son temps à expliquer le scénario à Austin pour faire avancer l’histoire. Et bien sûr la plus drôle de toute, l’italienne Alotta Fagina dont le nom se prononce de façon semblable à « A lot of vagina » en anglais, ce qui veut dire « Beaucoup de vagin ». Austin Powers, ce n’est que du délire comme ça ! Tout est au premier degré, et en même temps on a aussi des références parfaites à Bond, qui a vu passer des personnages aux noms douteux aussi, et ce dès le premier film ! Dr. No, Goldfinger, ou Octopussy justement, franchement entre ça et Alotta Fagina, c’est pareil – et autant en rire !
MIKE MYERS OU L’ART DE FAIRE N’IMPORTE QUOI AVEC CLASSE
L’homme central d’Austin Powers c’est bien évidemment Mike Myers, qui joue à la fois le rôle titre et son némésis le Dr. Evil. Parce que mine de rien, il faut être un excellent comédien pour passer un film entier à faire le con sans jamais sortir du personnage ! Myers sait ce qu’il fait de A à Z, et est probablement beaucoup plus sérieux qu’il n’y paraît. Et c’est d’autant plus impressionnant quand on sait que près de 30% du film a été improvisé ! Il faut une passion formidable pour faire un tel film, à la fois lettre d’amour aux sixties, au Royaume-Uni et à James Bond, mais aussi parodie ultime et hilarante de cela. Myers a vraiment mis tout son humour dans Austin Powers, que ce soit pour la performance double ou l’écriture du scénario.
Et c’est d’ailleurs grâce à ce film qu’il a percé ! Austin Powers, c’est l’établissement de Mike Myers comme un pilier de l’humour britannique, 5 ans après sa première apparition au cinéma dans Wayne’s World. À partir de là, il va non seulement accumuler les projets abracadabrantesques, mais aussi à chaque fois pousser encore plus loin les limites de l’humour – qui étaient déjà bien repoussées. Vont donc suivre deux nouveaux Austin Powers, L’Espion Qui M’a Tirée et Austin Powers dans Goldmember (pas besoin de traduire…) , puis la saga des films Shrek et aujourd’hui la présentation du Gong Show sous un faux nom et un faux maquillage. C’est presque émouvant de se dire que tout a commencé là, finalement…
LE MOT DE LA FIN
Austin Powers est une parodie d’enfer, comme le Dr., qui se fonde sur un humour graveleux, premier degré et des jeux de mots pourris. Après, on aime ou on aime pas, mais il faut au moins voir le film pour la scène où Mike Myers se déhanche en slip britannique, rien que pour vos yeux.
Pour voter pour le film du Pub de Septembre, sur les films plus ou moins méconnus de Disney, c’est par ici : https://sondage.app.ps/la-critique-du-public-septembre-2018
Note : 7 / 10
« AUSTIN – Groovy baby ! »
— Arthur