Plan B 2018

Publié le 06 août 2018 par Misterblog

Le festival Plan B c’est reparti, après de bons souvenirs chroniqués l’été dernier, voici la soirée d’ouverture de cette 4ème édition qui propose encore des manifestations culturelles pour le mois d’août, et en ce qui nous concerne, des concerts enthousiasmants pour cette soirée d’ouverture placée sous le signe de l’orient.

Sarah Maison commence très tôt les festivités, quelques minutes seulement après l’ouverture tardive des portes du Fort St Jean, pas évident pour écouter avec attention ses chansons plutôt pop.

Mais avant d’entendre sa voix, c’est un instrumental « Barachicha » pendant lequel elle fait des poses lascives façon danse du ventre, pendant que Hedi Bensalem, son bassiste orné d’un joli fez s’accorde avec un regard complice.

La chanteuse se présente timidement et présente les chansons de son premier EP sorti au printemps mais elle n’en a pas de dispo ce soir avec un grand sourire.

Elle joue parfois de la guitare, et le plus souvent elle utilise un synthé pour lancer des boucles envoûtantes ou dansantes selon les morceaux.

Sa voix est agréable et son mix entre chanson et musique orientale fait un peu penser à ce que faisait Sapho dans les 80’s, on passe un bon moment et on réécoutera avec plaisir quelques uns des titres de ce soir, de « Décroche moi » à « Muzul » en passant par l’accrocheur « Je ne peux pas te voir » et surtout celui qui l’a fait découvrir il y a déjà deux ans, l’étrange « Western Arabisant ».

Le soleil se couche pour le deuxième concert, avec Imarhan un groupe Algérien dont on aime beaucoup les deux albums, du rock Touareg à la Tinariwen (dont les tourneurs évitent bizarrement Marseille depuis des années) dont les disque sont distribués sur l’excellent label City Slang bien connu des auditeurs de rock indé (Lamchop, Calexico, Tindersticks…).

Une musique enivrante et très accrocheuse avec des pépites lâchées d’entrée comme « Azzaman » et « Alwa » où la température déjà très élevée (le département est en vigilance orange aujourd’hui), à la limite du vertige lorsque les premiers rangs sont envahis par un public très réceptif et fêtard.

Même s’ils ont grandi dans le désert de Tamanrasset on a quand même un peu mal pour eux avec ses costumes traditionnels.

Le concert est plutôt rock mais également assez funk dans la dynamique, avec des percussions tribales qui ne laissent personne indifférent, des guitares emballantes et au moins quatre voix différentes complémentaires comme sur le contemplatif « Zinizjumegh » vers la fin du set, un régal.

La suite m’intéressait à priori moins mais c’est l’occasion d’enfin voir Bachar Mar Khalifé dont c’est déjà le 5eme passage à Marseille, de facto la tête d’affiche et en voyant les yeux émus des spectatrices des premiers rangs, le Libanais semblait être très attendu.

Mis à part deux trois éméchés au début, le public sera très attentif à cette fusion jazz, dub, rock, avec de beaux moments et d’autres un peu lisses voire assez emphatiques.

Bien aimé son jeu au piano et au synthé beaucoup moins sa voix, surtout après les timbres des artistes qui l’ont précédé, mais au fil des morceaux on se laisse malgré tout par l’émotion de sa musique inspirée ce soir du maître nubien Hamza El Din.

Pour ce qui est du groupe, on peut déplorer que le son du jeune batteur (très véloce au demeurant) couvre sa voix et dans le même temps on entend assez mal le Saz, dommage pour le coté oriental ici moins mis en avant.

Mais mis à part ces quelques bémols ce fut un des temps forts de la soirée pour une bonne partie du public, avec des youyous dans la fosse et un grand sourire partagé par les musiciens.

Beaucoup d’ailleurs quittent le Mucem sans attendre le dernier concert, il est déjà minuit et tout le monde n’est pas forcément en vacances, et contrairement aux précédents l’ultime changement de plateau traîne vraiment en longueur cette fois.

Ayant écouté le disque du Tunisien Ammar 808 avec beaucoup d’invités je pense qu’il ne serait qu’en dj set mais que nenni, c’était un live avec un flûtiste, un bassiste et deux chanteurs dont Sofiane Saidi dont on avait adoré le set deux semaines avant au Toit Terasse de la Friche Belle De Mai.

Mais ce soir c’est sous la banderole du Maghreb United qu’il sévit, et c’est une musique encore plus dansante avec un son très moderne et assez agressif (on entendra les basses quelques rues plus loin au retour).

Beaucoup aimé l’énergie des autres chanteurs Cheb Hassen Tej et Mehdi Nassouli, dont le look et la basse étonnent et détonnent.

Du Raï, du Chaabi, et des sonorités plus électroniques, avec certains titres tribaux avec une batterie juste en bas de visuels très psychédéliques.

Le public resté danse et saute dans une ambiance particulièrement débridée, parfait pour finir un plateau diversifié mais cohérent et de qualité jusqu’au bout.