Si je n'aime pas
spécialement l'esprit qui préside aux numéros de "L'Hebdo" (ici), je reconnais y trouver souvent matière à réflexion contradictoire. Ainsi l'européisme
indécrottable de ses rédacteurs me sugère-t-il involontairement des arguments contraires à cette idéologie ringarde.
Dans le numéro daté du 3 juillet un article est consacré à Jacques de Watteville qui représente la Suisse à Bruxelles depuis le début de l'année. Cet article est illustré par la
photo ci-contre représentant le chef de la Mission helvétique sur le balcon de cette dernière, située à quelques encablures du siège du parlement de l'Union européenne (ici), avec le drapeau rouge à croix blanche en second plan.
Le titre de l'article est trompeur, mais la photo, elle, n'est pas trompeuse. Jacques de Watteville est présenté en effet comme "l'homme qui défend la Suisse à Bruxelles", alors que
symboliquement il tourne le dos au drapeau du pays.
Première citation du "défenseur" de la Suisse sur la situation actuelle du pays : "Géographiquement, nous étions en marge de l'UE en 1992 et faisions partie d'une AELE de sept membres.
Aujourd'hui nous sommes seuls et enclavés". On ne peut pas dire que le "défenseur" fasse preuve d'une ardeur à toute épreuve et qu'il croie dur comme fer en ses atouts...Je lui
conseille la lecture roborative d'Astérix dont le seul petit village tenait tête aux occupants romains !
Deuxième citation du "défenseur" : "Plus l'UE est absorbée par ses problèmes internes, et moins elle est disponible pour les pays tiers". Ce qui, en langage non diplomatique, signifie que
le non irlandais c'est pas bon pour la Suisse, alors qu'en fait c'est tout le contraire. L'UE n'est gentille qu'avec ceux qui lui résistent. Il faut voir les risettes qui sont faites
aujourd'hui à l'Irlande, dont l'exemple payant est maintenant suivi par la Pologne et la Tchéquie, et demain peut-être par d'autres.
J'en profite pour ouvrir une parenthèse. "On" reproche à ces trois derniers pays de ne pas avoir la reconnaissance du ventre puisqu'ils ont bénéficié d'aides de l'UE et refusent de se coucher
devant ses diktats politiques. D'abord je ne suis pas sûr que leur développement soit réellement dû à ces aides. Il est plus vraisemblable qu'il provienne des conditions-cadres libérales
qu'ils se sont données. L'ayant bien compris ils ne sont pas prêts d'y renoncer en institutionnalisant toujours plus la bureaucratie bruxelloise qui déferait ce qu'ils ont réussi à faire.
Troisième citation du "défenseur" : "Oui, la voie bilatérale s'apparente plus au sentier de montagne où l'on progresse en cordée plutôt qu'à l'autoroute de plaine". Et alors ? Qui a dit que
pour garder son indépendance et se conformer réellement au principe de subsidiarité la vie s'écoulerait comme un long fleuve tranquille ? N'est-ce pas préférable que de passer sous
les fourches caudines des dirigeants non élus de la Commission ?
Quatrième citation du "défenseur" à propos du différend fiscal : "Nous n'avons pas d'amis, que des alliés ponctuels à Bruxelles. Chacun défend ses intérêts, c'est normal". Est-ce souhaitable
d'avoir des amis quand il s'agit de négocier? Il ne faut pas oublier que l'on n'est jamais trahi que par les siens... A preuve la trahison du parlement suisse qui, pour complaire à l'UE,
a piétiné la démocratie directe et s'est privé d'une arme dissuasive - en n'utilisant pas l'extension de la libre circulation à la Bulgarie et à la Roumanie - pour obtenir que l'UE
abandonne définitivement son ingérence dans les affaires internes du pays en matière fiscale.
Cinquième et dernière citation du "défenseur" : "La Suisse garde une bonne image à Bruxelles". Tiens donc ! Et pourquoi cela ? "La contribution de solidarité de 1,25 milliard de francs pour les
nouveaux membres de l'UE a créé un réel goodwill en notre faveur". La recette de l'ambassadeur Watteville pour s'attirer les bonnes grâces de l'UE est donc de cracher à son
bassinet. L'Union européenne, c'est grand, c'est généreux, c'est magnifique ! J'en suis tout enthousiaste...
En tout cas, avec un "défenseur" pareil, la Suisse est sûre d'une chose, elle devra toujours capituler devant l'UE, et sans combattre, parce que son valeureux "défenseur"
courbera toujours l'échine devant celle-ci.
Francis Richard
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 11 décembre à 22:08
Monsieur, vous ne connaissez apparemment pas le Chef de la Mission de la Suisse auprès de l'UE, l'Ambassadeur Jacques de Watteville. Au contraire de ce que votre commentaire fait croire, l'Ambassadeur de Watteville est un représentant loyal et digne de notre pays et de son gouvernement dont il défend les intérets avec beaucoup de doigté et de conviction.