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Anna Gavalda, retour à la nouvelle

Par Pmalgachie @pmalgachie
Anna Gavalda, retour à la nouvelle Le premier livre d’Anna Gavalda, en 1999, était un recueil de nouvelles : Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part. Aujourd’hui encore, certaines des situations qu’elle y décrivait restent gravées dans les mémoires. Fendre l’armure, qui vient de reparaître au format de poche et où elle renoue avec le genre, durera probablement aussi longtemps. Les voix entendues distinctement dans les sept nouvelles, et dont aucune ne peut être confondue avec une autre, sont en effet du genre à s’incruster. D’emblée, l’incipit du premier texte, « L’amour courtois », sous son aspect d’une parfaite banalité, donne un ton, un rythme, suscite la curiosité : « — Arrête, j’te dis. C’est même pas la peine d’insister. » Qui parle, à qui, à quel sujet ? Et pour démarrer quelle histoire, en une quarantaine de pages ? C’est bien entendu ce que nous ne vous dirons pas, parce qu’on n’est pas de ceux qui vous gâcheront le plaisir. Au contraire : on voudrait se contenter de vous guider vers ces pages avec un minimum d’arguments. Il n’en faudra pas beaucoup aux lecteurs (et surtout lectrices, on y revient) d’Anna Gavalda. Ils savent comment l’empathie de l’écrivaine pour ses personnages est contagieuse et combien on apprécie de passer du temps en leur compagnie. Les autres, qui ignorent encore tout cela, ont peut-être besoin d’un point d’appui avant de plonger. Chaque nouvelle propose des moments inattendus. Le récit n’est jamais conduit exactement là où il semble devoir aller, il oblique dans une direction imprévue, comme s’il fonctionnait à la manière d’un rêve. Forcément, si une phrase écrite pour le garçon de la dernière nouvelle est la clé du livre : « Nous vivons une vie, nous en rêvons une autre, mais celle que nous rêvons est la vraie. » Tant mieux, car celle que vivent les personnages assez loin de l’idéal qu’ils avaient peut-être envisagé. Ils connaissent de grands moments de solitude, et c’est par la parole, le plus souvent, qu’ils y remédient, dans un partage qui, ensuite, rend les commentaires inutiles. La vérité des femmes et des hommes ne s’analyse pas dans les nouvelles d’Anna Gavalda. Elle se dévoile dans le mouvement du quotidien, ou de cette journée, cette nuit où le contact fournit la réponse, valable au moins pour un instant, à la question fondamentale : qui suis-je ?
L’émotion naît, pour le lecteur, de se trouver au plus près du souffle traversé par la révélation. Et, du même coup, de la partager.

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