Il est fort instructif de regarder les unes des journaux nationaux et de constater l'absence de réaction de la part du gouvernement fédéral, que cela ne semble pas concerner : le président et la gouverneure présidaient aujourd'hui une manifestation officielle d'ordre social (nouvelles dispositions pour les retraités avec l'argent de la Sécurité sociale) et ils n'ont même pas rendu hommage aux deux victimes, parler du risque encouru par les enfants, de la peur rétrospective des parents d'élèves, du traumatisme du corps enseignant de l'Etat devant une telle tragédie. Pas un mot, pas une minute de silence, mais des mines réjouies et une claque dans le public pour les applaudir.
La Prensa titre (en bas) : la corruption tue, chapitre mille
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Quant au ministère de l'Education de la province, il a mis en place une commission d'enquête et on pointe déjà des coupables : des gens qui auraient mal fait leur travail parce qu'ils étaient corrompus. Tous les journaux rappellent que les habitants avaient déjà dénoncé les risques de l'installation, qui a explosé lorsque la sous-directrice a allumé la lumière dans la salle du petit-déjeuner, quelques secondes avant que les premiers enfants n'y entrent.
Clarín a mis deux photos sur sa une.
La plus grosse est consacrée à un chauffeur des Kirchner passé aux aveux
la seconde, toute petite, reprend les faits de Moreno, avec le corps du gardien
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Dans la même journée, les nouvelles désastreuses s'accumulent :
- la chute de 8,1% de la production industrielle du pays, le pire chiffre depuis la crise de Noël 2001 où l'Argentine avait fait faillite (les chiffres viennent de l'INDEC, l'institut officiel des statistiques)
- un accident sur la voie publique à Puerto Madero, le quartier le plus huppé et le plus cher de Buenos Aires, où une grue mal arrimée est tombée en causant la mort d'un chiffonnier
- l'état de services de santé, très impactés par la politique de rigueur qui met en danger la continuité des soins en dialyse pour les insuffisants rénaux dans tout le pays.
La Nación met tout sur le chauffeur qui a déposé
sous le tout nouveau statut de repenti en matière de corruption
En dessous, c'est de la pub !
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Depuis quelques jours, la presse concentre son travail politique sur de nouvelles déclarations fracassantes qui mettent en cause la corruption des Kirchner, mari et femme (seule Cristina aura a rendre des comptes à la justice puisque Néstor est mort en 2010).
Pour en savoir plus : sur l'accident de Moreno lire l'article de Página/12 de l'édition imprimée lire l'article de Página/12 sur le discours du président, un peu trop léger aux yeux de ce quotidien de l'opposition lire l'article de La Prensa, qui voit dans l'accident le fruit de la corruption (alors même que l'enquête judiciaire ne fait que commencer et que la présente majorité est aux affaires, dans la province comme au niveau fédéral, depuis plus de deux ans et demi) lire l'article de La Nación qui aborde le problème par le biais de la grève déclenchée par un syndicat enseignant qui manifeste ainsi sa colère devant les moyens misérables qui sont accordés aux écoles pour faire face au fléau social qu'est la faim dans les classes défavorisées (La Nación est le seul quotidien qui ne met rien de l'accident à sa une de ce jour) lire l'article de Clarín, qui met comme La Nación l'accent sur la réaction syndicale à l'occasion des obsèques de la sous-directrice qui se sont tenus aujourd'hui sur l'activité industrielle lire l'article de Página/12 lire l'article de La Nación sur la situation des centres de santé lire l'article de Página/12