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L'intelligence artificielle, c'est le vol ?

Publié le 01 août 2018 par Christophefaurie
Intelligence artificielle. Qu'entendez-vous par là ? Vous avez une minute pour répondre.
Le Robert dit d'artificiel : "ce qui est fait avec art". "Le produit de l'activité humaine." Etait-ce votre réponse ?
Herbert Simon oppose science naturelle (observation de la nature et recherche des éventuelles lois de son action, avant l'intervention humaine), et science de l'artificiel (science que l'homme utilise dans la transformation qu'il apporte au monde).
Il y aurait donc l'intelligence naturelle, et l'intelligence produite par l'homme. Ce qui sous entend que l'homme peut produire de l'intelligence. Forte hypothèse.
Dans les années 80, j'ai conçu un "système expert en automatique". L'automatique, ou ingénierie du contrôle, est la science des automates, c'est à dire de "dispositifs qui fonctionnent sans intervention de l'opérateur humain". (Toujours Robert.) Ce système expert devait aider un ingénieur à concevoir le mécanisme de contrôle qui permet à l'automate de donner les résultats attendus. (Le thermostat est l'exemple type de l'automate.) J'avais fait la liste des "recettes" employées par les experts, et des conditions qui faisaient qu'elles marchaient, selon ces derniers. Le système était un arbre de décision, issu d'heuristiques. Contrairement aux réseaux neuronaux modernes, le système expliquait ses décisions.
Le paradoxe du système expert
Le système expert était alors ce que l'on entendait par Intelligence Artificielle. La meilleure définition que l'on peut en donner, je crois, est, paradoxalement, une opposition aux mathématiques. Les mathématiques procèdent par démonstration. La solution qu'elles trouvent est la meilleure qui soit. Les systèmes experts, eux, ne démontrent rien. Ils sont un pari que la combinaison du mécanisme du cerveau humain, pour ce que l'on arrive à en distinguer, et de la puissance de la machine va être plus fort que les mathématiques, et que l'intelligence humaine. Aujourd'hui l'IA signifie, essentiellement, les réseaux neuronaux. C'est une tentative de faire fonctionner un ordinateur comme le cerveau. (Avec une différence notable : pour tenter de reproduire ce qui se passe dans quelques cm3 de cerveau, il faut des ordinateurs qui couvrent la planète.) Elle obéit toujours au principe du miracle.
Mais est-ce le principe premier ? Pourquoi l'oppose-t-on aux mathématiques ? Ne sont-elles pas, encore plus que les réseaux neuronaux, le propre de l'homme ? Comme au temps des systèmes experts, l'IA ne serait rien sans l'absorption de l'expérience humaine. L'IA, seule, est impuissante. Or, le propriétaire de l'ordinateur retourne cette expérience contre celui qui l'a produite. Car il prétend rendre l'homme inutile. Et si c'était la lutte des classes qui était le principe ultime de l'IA moderne ? "L'intelligence artificielle, c'est le vol" aurait dit Proudhon ?
(Les réseaux neuronaux existaient de mon temps, mais les ordinateurs n'avaient pas la puissance nécessaire pour qu'ils sortent autre chose que des banalités.)

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