Serge Pey – On n’entendait plus le vent…

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

On n’entendait plus le vent
ni les grenouilles derrière la colline

En bas du pont une femme cousait ses lèvres
avec la bouche d’un noyé
qu’elle avait sorti de la rivière

Tu me disais de venir

Il fallait maintenant venger l’air
en jetant du sable froid depuis la rive

Quelqu’un avait commencé le premier
avec la tempe d’un coquillage infini

Puis deux hommes ont enterré tes ongles
dans la cave d’une étoile
et tendu des filets dans la nuit
pour attraper des avions et des oiseaux

*

We no longer heard the wind
or the frogs behind the hill

At the foot of the bridge a woman was sewing her lips
to the mouth of a drowned man
that she’d pulled from the river

You told me to come

The air had to be avenged now
by throwing cold sand from the bank

Someone set the ball rolling
with the brow of an endless shell

Then two men buried your fingernails
in the cellar of a star
and nets were set in the night
to catch planes and birds

***

Serge Pey (né à Toulouse le 6 juillet 1950)Tout poème est une tête décapitée qu’on tient au bout d’un seul cheveu – Every poem is a decapitated head held up by a single hair (The Red Ceilings Press, 2011) – Translated par Yann Lovelock et Patrick Williamson.