Au petit bonheur la chance !, Aurélie Valognes

Par Antigone

Me voici encore victime de ma propension à ne pas lire les quatrièmes de couverture… Je partais en effet, avec ce titre à la couverture fleurie, pour un moment de lecture plein de légèreté et d’humour. Mais, Au petit bonheur la chance, est tout autre chose. Comme l’auteure le raconte en épilogue, il s’agissait plutôt pour elle d’écrire un récit qui serait un hommage à son père, élevé par sa grand-mère. Quand le roman commence, nous sommes en 1968, Jean a six ans et est déposé chez sa grand-mère un beau soir par sa mère sans trop d’explications, mis à part qu’elle reviendra le chercher une fois qu’elle aura trouvé un appartement pour l’accueillir sur Paris. En dehors d’une carte postale laconique, Jean n’aura plus de nouvelles de sa mère pendant des années, oubliant peu à peu sa présence et ses promesses, et se forgeant une vie plutôt heureuse aux côtés de Mémé Lucette, à Granville en Normandie. Le quotidien est austère auprès de la vieille dame qui vit encore comme autrefois, sans réfrigérateur, sans toilettes et a de maigres ressources. Heureusement, chez Tante Françoise, les week-ends, Jean découvre une famille, modernité et affection. Quand Marie décide enfin de venir chercher Jean, il est déjà un peu trop tard pour réparer ce qui a déjà été cassé… Le moins que l’on puisse dire de ce roman est qu’il n’est pas très gai. J’ai trouvé cependant son sujet original, et ses personnages attachants, et me suis laissée entraîner régulièrement par la nostalgie des ambiances et objets retrouvés de mon enfance. Ce retour en arrière est d’ailleurs extrêmement réussi. J’ai retrouvé également avec plaisir, ça et là, les petites citations qu’Aurélie Valognes aime égrener dans ses écrits. J’ai moins aimé l’atmosphère un peu plombante du récit, à peine relevée par les moments heureux, atmosphère à laquelle je ne m’attendais pas du tout, même si la fin du livre donne un sens profond à toute cette gravité. Je crois que j’ai eu du mal à me détacher du chagrin de cet enfant qui ne mérite pas ce qui lui arrive, et il faut croire que la séparation des familles, et des fratries, est un sujet qui me touche trop pour que je prenne en tant que lectrice une distance romanesque avec ce thème. Au final, une lecture qui ne m’a pas laissée indifférente, mais dont je garderai un souvenir mêlé de tristesse.

J’ai gardé à contrario un souvenir beaucoup plus joyeux de En voiture, Simone !

Editions Mazarine – mars 2018 – 

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…    

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