La recherche par géolocalisation est extrêmement pratique. On voit tout de suite quels sont les points de retrait dans un périmètre raisonnable autour de soi ... Les photos sont très alléchantes mais, et c'est le premier constat, il y a beaucoup de points rouges, ce qui signifie que tout a été retenu, ou déjà enlevé.
Cependant on peut configurer l'application pour limiter les propositions aux disponibilités.
On constate d'ailleurs qu'il n'y a guère que 3 ou 4 paniers possibles par site, ce qui est une source d'étonnement : comment peuvent-ils prévoir leurs invendus ? J'avais imaginé une plus large fourchette. Je me rendrai compte au fils des jours que le nombre d'invendus ne bouge jamais, comme s'il correspondait à un "contrat".
Autre écueil, la fourchette horaire de retrait. Il faut s'y prendre à l'avance. Il est plus de vingt heures, j'ai peu d'opportunité à part Pomme de Pain qui est tout de même à plus d'un kilomètre d'où je me trouve (2 stations de métro mais soyons écolo jusqu'au bout, j'y vais à pied).
Le hasard fait que je passe à l'angle de la rue de la Boétie, où il y a précisément une boulangerie Eric Kayser qui est répertoriée par l'application. Rien n'y est disponible, tout aurait donc été vendu. Pourtant les vitrines regorgent encore de produits et nous sommes à moins de dix minutes de la fermeture. On jettera beaucoup de marchandise ce soir dans ce point de vente ...
Un sac m'attend chez Pomme de pain. J'avais lu qu'il était recommandé d'amener son contenant. Je sors mon matériel. Le vendeur n'hésite pas, et met son sac (tout beau, tout neuf) à la poubelle.
En attendant, je bénéficie d'un menu à 12 euros, payé 4. Mais à ce tarif là je devrai me passer de couverts et de serviette. On s'essuiera la bouche d'un revers de main ... en se disant qu'à l'avenir outre le sac (on reste écolo) on prévoira d'avoir sur soi une fourchette, un couteau, une cuillère ... et une serviette en tissu pour se protéger des éclaboussures, même si on n'a pas davantage de sauce pour croquer la salade comme un lapin.
On ne va pas dîner face à un décor idyllique comme on nous le montrait à la télévision, le plus rationnel est d'appliquer le plan B en rentrant à la maison, après avoir customisé un peu les plats.
Seconde expérience cette fois en banlieue quelques jours plus tard, à la Croix de Berny. On m'invite à un barbecue après 20 heures 15 en me priant d'apporter un dessert. Tout est fermé alentour. Je dégaine mon smartphone et ouvre Too good to go. Le fournil de Maria, à près de 2 kilomètres, est encore ouvert et propose 4 paniers à 3, 90 euros (valeur 12, voire bien davantage). J'en réserve un.
Je me présente quelques minutes plus tard et je fais hélas une fausse manœuvre pour l'acquitter. Je m'apercevrai le lendemain que ce sont deux paniers qui me seront facturés car malgré l'assurance de la vendeuse (vous ne l'avez pas pris, pas grave, vous ne le paierez pas, tout panier commandé ne peut pas être annulé moins de trois heures avant l'heure de retrait, ce qui se comprend, bien entendu).
Cette fois on me demande de choisir et je constate que ce sont bien les invendus du jour qui sont proposés. J'accepte volontiers la suggestion de la serveuse de repartir avec cette tarde aux fraises (pour 6 personnes). Et avec ceci ? Je suis surprise de sa question parce que le dessert est énorme (valeur 18 euros, mais si je l'avais acheté quand il était encore en vitrine, ce soir il "passe" à 6 euros, qui sont à décompter du total de 12 ... donc facturé 1, 95 ... vous suivez ?).
Je peux donc ajouter une grande baguette viennoise, un pain fantaisie aux figues et aux raisins et comme il me reste (encore) du crédit elle m'encourage à choisir deux mini viennoiseries ... qui seront parfaites pour le petit déjeuner du lendemain.
Troisième expérience avec une enseigne alimentaire que je n'imaginais pas voir figurer parmi les commerces adhérents, un Auchan de centre ville. Je réserve un panier de 4 euros (valeur annoncée 12). Je prends cette fois un vrai risque parce que je sais que je ne choisirai rien et que l'étendue des références est très large. A priori j'aime tout et je mange de tout mais je suis perplexe sur ce que je vais trouver.
Quand l'hôtesse revient avec une cagette pleine de produits frais je me dis que j'ai bien fait de venir avec un sac isotherme. Plusieurs points positifs me surprennent agréablement : une DLC d'au moins deux jours, et une variété qui compose quasiment un menu (une salade composée, du pâté de campagne, un morceau de gruyère AOC, six grandes galettes de blé noir à garnir et 4 yaourts dont 2 fondants bio au chocolat). Il y a amplement de quoi dîner pour 3 personnes et la valeur de l'ensemble dépasse largement les 12 euros annoncés. Rien que l'étiquette restée sur le gruyère s'élève à près de 7 euros. Mon estimation est de 16 euros.
De plus j'ai découvert un magasin de centre ville, facilement accessible et qui s'était modernisé depuis la dernière fois que j'y avais mis les pieds. Cela m'a donné envie d'y revenir.
Les convives du barbecue du samedi précédent ayant apprécié la tarte, la trouvant sans conteste "maison" avaient illico téléchargé l'application.
Il y avait parmi eux un geek bon chic bon genre (futur cadre sup mais pour le moment stagiaire dans une société internationale et donc peu argenté) qui après avoir été un peu dédaigneux à l'égard du concept a fait volte face après plusieurs tentatives.
En effet, quand on travaille dans une boite démunie de cantine, située dans un de ces quartiers de Paris où déjeuner dans le moindre troquet coute au bas mot 15 euros, et que l'on ne touche qu'une indemnité de stage, Too good to go est une aubaine.
Surtout si on vise les enseignes qui sont fermées le soir parce qu'elle ont tout intérêt à vider leurs frigo vers 15 heures et qu'il est alors possible de "choisir" au lieu d'emporter le panier totalement "surprise". Il faut néanmoins, de mon point de vue, garder à l'esprit la nature du concept de départ, la lutte contre le gaspillage alimentaire, et non l'utiliser avec une mentalité de profiteur.
C'est pourquoi il faut lire sur le site toutes les conditions de manière à utiliser l'application dans les règles.
Il y a bien d'autres manières de faire ses courses de manière rationnelle et d'éviter le gâchis. Ouvrez l'oeil. De plus en plus d'enseignes vendent les chutes de jambon cru ou cuit, baissent les prix de la viande quand la barquette approche la DLC (or la viande est bien meilleure quand elle est un peu mâturée), soldent les fruits et légumes dont la consommation devient urgente.
Il suffit de savoir éplucher et cuisiner pour se régaler d'associations inattendues. J'ai ainsi imaginé des plats originaux et délicieux comme une compotée de poivrons aux champignons à laquelle je n'aurais jamais pensé si je n'avais vu un (très grand) panier de ces produits pour ... 2 euros seulement chez mon marchand de légumes habituel.
Ecologie, économie et gourmandise peuvent se conjuguer !