A peine quatre ans. Une poignée d'années que les vaillantes éditions Bliss
(il fallait l'être) ont mises à profit pour reprendre le flambeau,
après Panini, de la publication des comics du label américain Valiant.
Pour toutes celles et ceux, amateurs de ces univers, qui n'ont pas eu
l'opportunité de découvrir les premières histoires du personnage de
Shadowman, voilà chose réparée et de belle manière. Retour sur les
origines d'une série horrifique de qualité, actuellement au cœur de
l'univers Valiant.
Josuah Boniface : un délivreur "Tête de mort" !?
Tout commence avec le tandem Justin Jordan et Patrick Zircher.
Nous sommes à la Nouvelle Orléans et les deux co créateurs nous
invitent en introduction dans un passé assez récent afin de nous
présenter les raisons de la disparition de Josiah Boniface (mélange de traditions hébraïques et de culte vaudou ?), et sa femme Héléna. Aujourd'hui, Jack Boniface,
orphelin adulte, perdu dans des souvenirs d'enfance confus, est l'homme
à tout faire au musée de la culture de la NO.
Il vient de s'enquérir
de documents concernant ses parents. Celui-ci va être pris à partie par
des forces maléfiques souhaitant s'emparer de la ville. Ayant
malheureusement jeté le talisman familial le cachant aux yeux d'une
créature des ténèbres exilée : le Loa Tremble, ce dernier, attiré par sa
filiation, va prendre possession de son corps, le transformant en
Shadowman, une malédiction mais aussi une créature dotée de pouvoirs,
capable de voyager au pays des morts.
Sur 9 numéros, nous allons faire la connaissance de deux équipes en
présence : les gardiens du Shadowman, les humains spécialisés en magie :
Dox (Alessandro) et Alyssa, de la Confrérie, et les Acolytes, menés par
Mr Devereaux, des servants de maitre Darque, un puissant magicien
sombre du mondes des morts, cherchant à en sortir. Pour cela, il va
tenter de s'allier au Baron Samedi, vrai prince des morts, très implanté
dans la culture vaudou. Un combat dantesque va se dérouler dans le
monde des morts, et tous nos personnages n'en sortiront pas vivants.
Ces
premiers numéros, parus initialement en français chez Panini en
2014, (VO : nov 2012- août 2013) laissent ensuite la place à deux comics
essentiels et inédits en français. Le numéro zéro (VO : mai 2013) conte
les origines des enfants d'un magicien ésotérique : Sandria et Nicky
Darque, au début du dix-neuvième siècle, ce dernier amené à devenir le fameux maitre Darque. Un récit exceptionnel, tant au niveau
de sa teneur machiavélique, sa place au cœur de la série, que de son
graphisme, réalisé au dessin par Roberto de la Torre. Le numéro 10, (VO :
sept 2013), dessiné par Diego Bernard, relate le rapport intime entre
Josiah Boniface et Sandria, la sœur de Nicky. Où comment un simple
humain est venu à côtoyer le royaume des morts et à gagner des pouvoirs
en même temps qu'il a subit une perte immense.
Le #11
et le #12 sont d'avantages des numéros de complément, un spécial
d'Halloween, le second rassemblant trois mini histoires complètes, par
divers auteurs.
Un changement d'équipe intervient à
partir du numéro 13X, (paru à l'époque aux USA dans le numéro 7 du Bleeding Cool Magazine), avec l'arrivée de Peter Mulligan au scénario. C'est
l'occasion de s'attarder sur le personnage de Jack Boniface et l'auteur
va combler le vide laissé par ses prédécesseurs en mettant notre héros,
torturé par son passé, en porte à faux avec ses soi-disant
protecteurs les Acolytes. ("Ce qui dévore Jack Boniface") Lui qui est
imprévisible ne peut, semble t-il, pas maitriser le Loa et doit être
éliminé. Cinq excellents numéros, conséquents, dont la lecture est indispensable à tous amateurs de la série.
Les trois épisodes « End times » (« La fin des temps », datés 2014 en VO)
concluent le recueil avec un switch (retournement) assez inattendu. Où
les auteurs nous dévoilent comment Jack Boniface va passer du statut de
guerrier des ombres, à celui d'esclave, pour avoir pris une assez
mauvaise décision. Bien que moins exceptionnel (ou impressionniste)
graphiquement parlant, le dessin de Valentine de Landro sert la « résurrection » de maître Darque qui est en marche. Tout est alors prêt
pour opérer le raccord avec les plus récents épisodes de Shadowman dans « Book of Death »
« Valiant » et « Ninjak ». Les origines de Punk Mambo (Punk Mambo #0), que l'on trouve tout au long de ces derniers épisodes, sont ajoutés en bonus, et c'est bien normal.
L'intégrale
d'une série horrifique de très bonne tenue, mélangeant les ambiances
vaudou de la Nouvelle Orléans à tout un folklore infernal, le tout
raconté comme un polar, qu'il était temps de voir édité complètement en
français afin de maîtriser l'arc entier. Si vous aimez « Hellblazer » , « Hellboy », ou même « Preacher », cette série est à ranger au panthéon (diabolique) de vos histoires préférées. Et les aventures de Shadowman continuent...
FG
« Shadowman : intégrale » (608 pages) par Justin Jordan, Patrick Zircher, Peter Mulligan, Roberto de la Torre et divers
Éditions Bliss comics (45 €) - ISBN 978-2-37578-119-7