A-Ha - Live à Vienne
Ami lecteur, si tu n'es jamais allé à Vienne, sache que cette charmante ville rhodanienne, très touristique, t'attend pour de nombreuses raisons. Tu y trouveras l'été de nombreuses guinguettes, où t'abreuver par ces chaleurs, en juillet, un festival de jazz réputé (et partiellement gratuit) et toute l'année de nombreuses ruines romaines, en bon état de conservation.
Et la semaine dernière, justement si tu aimais bien les vieux trucs du passé, sache que tu aurais pu aller te rafraîchir au théâtre antique de Vienne, avec les synthés du groupe norvégien A-Ha.
Car oui, A-Ha vit encore, et ses concerts affichent toujours complets, malgré un prix qui ne donne pas franchement envie de rire : 61 € la place. Mais rassure-toi, pour notre part, nous avions une nouvelle fois vigoureusement gagné notre place lors de notre blindtest fétiche, celui du croquignolet bar Le Coup de Folie, que nous remercions à nouveau (ainsi que l'organisateur du concert qui a offert ces places, l'entreprise Eldorado).
Nous nous étonnons de voir le Théatre aussi rempli. Qui sont ces gens ? Sont-ils de vrais fans ou de simple badots ? Outre le plutôt bon album Minor Earth Major Sky, et les 3 gros tubes de leur discographie, notre connaissance des Norvégiens est limitée, et par petitesse d'esprit, nous pensions que ça serait le cas également de tous ces hommes et femmes, qui attendent patiemment que Morten, Pal et Magne montent sur scène.
Après une première partie ma foi fort sympathique ( Thomas Kahn, un guitariste soulman seul sur scène, que vous avez peut-être pu découvrir lors d'une des saisons passées de The Voice), nos apriori sont vite balayés lorsque le public hurle à la mort sur les premières notes du ravageur Cry Wolf. L'enthousiasme de la foule se poursuivra sur toute la durée du concert de A-Ha, la setlist savamment étudiée et répétée depuis de nombreuses années alternant des morceaux taillés pour ses stades ( Analogue), la new wave tout droit sortie des années 80 ( The Blood that moves the body, Train Of Thought) et des moments d'émotion et de magie ( Stay on these roads, avec ses gradins étoilés de lampes de portable).
Musicalement, et malgré la présence sur scène de 6 autres musiciens, les compositions restent minimalistes, calquées sur des formules simples. Pas de solos, pas d'éclatage de fut ou de crissements de cordes. Notons toutefois la présence de morceaux plus complexes, comme le morceau éponyme Minor Earth Major Sky et ce qui semble être pour les fans de A-Ha leur Never Let Me Down Again, Manhattan Skyline.
Mais n'est pas Dave Gahan qui veut, et nous donnons ici un magistral carton rouge à Morten Harket, chanteur de son état. Attention, il a l'air de quelqu'un de gentil, de sympathique (bien que peut-être vegan), de talentueux (belle prouesse vocale) mais malheureusement quelqu'un de très timide. Et à ce point, sa prestance sur scène devient clairement problématique. Nous n'avions jamais vu de chanteur donner aussi peu de vie aux morceaux, aussi peu de hargne à une musique qu'il est censé défendre. Là où un Dave Gahan, de deux ans son cadet, tournoie, saute, hurle et sue, Morten Harket paraît amorphe en fond de scène, et ne communique avec son public qu'à de très rares occasions. Et pourtant, Morten semble joyeux et ravi d'être présent. Ce manque d'entrain, et un aspect légèrement cadavérique, inquiète aussi le public : Est-il malade, va-t-il bien ?
Et c'est peut-être cette inquiétude qui amène le public à se transcender, à faire vivre les chansons, pour montrer à ses idoles au combien, malgré les années, malgré les échecs, ils sont toujours là pour les soutenir.
La fin du concert laissera justement au public tout le loisir de bouger, hurler et de chanter. Après ce qui est à nos yeux le chef d'œuvre du groupe ( The Sun Always Shine on TV), le public aura le droit à une dernière piqûre de rappel des années 80, avec le james bondien et injustement méconnu The Living Daylights et l'éternel bonbon acidulé, au clip légendaire et aux nombreux serrages de burnes sur Singstar, Take On Me.
Au final, nous sommes ravis de la soirée que nous avons passée, même si terminer un concert par son plus grand tube, c'est comme terminé un article sans réelle conclusion.
Mots de Roublard