Les dérivés de la "fake news", une absolue plaie d'Égypte, gagnent du terrain. Les dommages collatéraux poussent comme de la mauvaise herbe.
Un immonde président aux États-Unis, lourd sur la contre-vérité, n'aide en rien.
Les 5 mots du titres sont des plantes carnivores en pleine croissance.
Il y a quelques semaine, le magazine Forbes, toujours aux États-Unis, a déclenché une petite tempête avec deux mots malheureux. Un mot, en fait. Composé.
self-made.
Il existe une réelle déconnection entre réalité et aliénation suite à un aveuglement volontaire. En commençant par le président lui-même, qui a prétendu, sans rire, qu'il n'avait pas été beaucoup aidé par son propre père qui ne lui avait prêté qu'un "petit million" pour se partir dans la vie.
Le Forbes a placé en Une de son édition sur les Femmes milliardaires, Kylie Jenner, la qualifiant de self-made billionnaire.
On lisait, ailleurs aux États-Unis, l'histoire d'une jeune fille de 21 ans qui vivant sur un salaire de 25$ de l'heure, comme stagiaire dans une firme de marketing, dont les parents paient pour toutes les dépenses entourant son téléphone cellulaire, son assurance santé, ses études en parallèle, son loyer, en plus de lui donner une allocation de 800$ par mois. Le grand-père donnerait par dessus un 300$ supplémentaire à cette même jeune fille.
Pour New York, c'est une histoire peu remarquable. Les enfants privilégiés sont fréquents. Et pas tous à New York. Mais les gens se sont trouvés irrités par la manière dont se défendait la jeune femme de ses privilèges. "Notre chef personnel prépare des tacos dans notre retraite aux Hamptons les weekends! nous ne sommes pas si privilégiés!" disait-elle sans réaliser la poutre dans son oeil.
L'irritation est devenue insupportable quand le Forbes a utilisé les mots autodidactes concernant la fille de l'ancien Bruce Jenner (maintenant Caitlyn)et Kris Houghton, ancienne épouse du riche avocat Robert Kardashian, devenue personnalité télé, Kylie.
La réaction a été immédiate. On est pas self made quand l'argent nous tombe du ciel. On est chanceux d'avoir atterri au bon endroit, au bon moment. Comme son président.
Kim Kardashian, soeur de Kylie, l'a vite défendue en insistant qu'elle était bel et bien autodidacte. Qu'elles l'étaient toutes.
"On ne le serait pas parce qu'on est issues d'une famille qui a eu du succès? pour moi, ça ne fait pas vraiment de sens!" a-t-elle vociféré.
Pour ajouter l'insulte à l'injure elle a rajouté "Moi, Kylie, nous toutes, n'avons jamais dépendu de nos parents pour autre chose que des conseils. Mon père ne m'a jamais rien donné. Personne ne travaille plus fort que mes soeurs et ma mère!".
Ok...
Le problème repart du président. On a trouvé anodin qu'il ne parle que "d'un petit million". On s'est rendu complice d'un déni. D'un déni de la raison.
Ce n'est pas cool d'être aveuglément privilégié. C'est un absolu privilège. Une chance que la plupart voudrait avoir.
De voir des privilégiés du genre tenter de dévier leur chance vers la prouesse de s'être fait tout seul est un sacrilège moral. Un gosse de riche ne peut surtout pas s'être fait tout seul. C'est 100% inaproprié. Une contre-vérité. C'est s'étouffer avec la cuillère avec laquelle on a été élevé(e).
Les "lucky fews" ne réalisent pas toujours complètement qu'ils le sont.
Ici, ils le nient. Ils jouent les aveugles. Ils fakent leurs compétences.
Le délire illusoire que le Forbes a affiché en Une est en porte-à-faux avec tous ceux qui ont déjà volé des rouleaux de papier de toilette dans les années universitaires ou triché le nombre de bouteilles ramenées à la consigne pour 1 ou 2$ de plus dans ses poches.
C'est dérangeant de voir le vocabulaire de la survivance en société être ainsi violé et d'imaginer que cette jeune femme, payée 25$ de l'heure, + 800$ +300$ -70% des dépenses sociétaires, parlera peut-être un jour de ses années "pauvres". Où son chef faisait des tacos au chalet! Hahaha! ces maigres années...
Les formes de déni se raffinent.
Et sont pollution.
Investissons massivement dans la décontamination.
Déracinons les plantes carnivores.
Je vous parle encore d'équilibre.