Tout est bon dans Good night, le texte, les comédiens, la mise en scène, le décor ... c'est 10 sur 10 sur toute la ligne et on en ressort tellement heureux d'avoir assisté à un moment de "vrai" théâtre que l'on est dopé pour poursuivre le marathon avignonnais.
J'entends par vrai le fait que le spectateur oublie qu'il est sur un fauteuil et pense qu'il assiste incognito à une scène qui se déroule sous ses yeux entre deux personnes qui ne jouent pas la comédie. L'action est captivante du début à la fin, sans qu'on en perde un souffle.
La voix chaude et sensuelle de Véronique Sanson (Amoureuse-1974) installe l'ambiance avec intelligence comme si les paroles avaient été écrites pour le spectacle :Et je sens la fièvre qui me mord Sans que j'aie l'ombre d'un remords Et l'aurore m'apporte le sommeil Je ne veux pas qu'arrive le soleil Quand je prends sa tête entre mes mains Je vous jure que j'ai du chagrin Et je me demande Si cet amour aura un lendemain Quand je suis loin de lui Je n'ai plus vraiment toute ma tête
Une valise est grande ouverte sur un lit défait avec des vêtements d'homme éparpillés. On entend quelques coups de feu au loin. Léa s'interrompt et sort sur le balcon. Un homme cagoulé s'introduit dans l'appartement et s'empare d'un dossier. Elle revient saisit un revolver et tient l'homme en respect.
Reste à comprendre ce qu'il fait là, et quel lien unit Léa et Anthony. La nuit sera longue. La confrontation est âpre et violente entre ces deux êtres que tout oppose ... apparemment. On découvrira qu'Anthony travaillait dans l'entreprise de Lionel et qu'il le connaissait drôlement bien.
La tension monte dans l'appartement parisien. Le téléphone sonne ... les rebondissements s'enchainent. La tentative de cambriolage parait dérisoire au regard d
es évènements très graves qui sont en train de se dérouler un peu plus loin (les attentats du 13 novembre 2015).Pourtant o
n le sent faux. On la sent faible. Est-ce uniquement parce qu'elle vient d'enterrer Lionel, son mari, décédé brutalement à 29 ans ? Est-elle véritablement naïve ? Peut-on se fier à nos intuitions ? Lequel des deux est le plus mystérieux ?William Willebrod Wégimont a conçu une mise en scène sobre et efficace où rien n'est futile. Les actions ont été coordonnées par un ancien parachutiste des forces d’actions, Thierry Cormont, qui est aussi coach sportif.
Il y a beaucoup d'actions, et abondance de comique de situation, et quand une réplique déclenche le rire on se surprend à trouver la suivante encore meilleure tant elle est décalée.
On aimerait croire celui qui dit que c'est une blague cette soirée ...
On pense au syndrome de Stockholm, imaginant une fin heureuse. Celle-ci arrive, brutale et saisit le spectateur à la gorge alors que s'égrènent les paroles d'une autre chanson Stay with me ... Please don't go ...Mise en scène : William Willebrod Wégimont
Scénographie et costumes : Antonin Boyot Gellibert
Lumières : Vera Martins Artins
Sound design : Lucien Pesnot
Avec Nouritza Emmanuelian et Romain Poli, et les voix d'Éric Guého (le reporter radio) et de Sophie de Fürst (Emma)
Du 6 au 29 juillet (relâche le 16 juillet) à 14h 10
Au Théâtre Arto (3 rue du Râteau 84000 Avignon - 04 90 82 45 61)
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Fabienne Rappeneau