Comédiens! a été un succès dès le mois de mars et il a été amplement confirmé par son couronnement au cours de la soirée de remise des Trophées de la Comédie musicale. Le spectacle reçoit 5 trophées.
Samuel Sené en reçut deux, pour la mise en scène et pour le livret (avec Éric Chantelauze).
Il a souligné que le trophée est la preuve que treize ans après être resté dans un tiroir un projet comme Comédiens! peut ressortir et vivre. C'est aussi la preuve qu'on peut être pluridisciplinaire, musicien certes, mais aussi metteur en scène.
Il ajouta enfin sa fierté de participer à l'aventure d'un art qui mélange tous les arts.Marion Préïté fut honorée du trophée de la révélation féminine et Fabian Richard celui de de l'artiste interprète masculin.Toute l'équipe est récompensée puisque Comédiens ! a le trophée du meilleur spectacle musical de l'année. Comme quoi aussi une "petite" production peut être distinguée. Petite par le nombre de personnes présentes sur scène mais grande par l'imagination qui a présidé à l'écriture d'un spectacle qui représente un formidable anniversaire pour les 70 ans du théâtre.Samuel Sené s'est inspiré de Paillasse, un opéra italien de Ruggero Léoncavallo basé lui-même sur un fait réel. Éric Chantelauze a écrit avec lui un livret et des paroles de chansons qui jouent sur les sous-entendus et les non-dits. Raphaël Bancou a mis le tout en musique. Le trio d'acteurs-chanteurs est formidable. Le décor d'Isabelle Huchet est très astucieux par sa modularité. Tous les ingrédients étaient réunis pour un succès.Le compositeur italien avait donc en 1882 raconté l'histoire d'une troupe itinérante (ce qui justifie la praticité du décor) de comédiens dont le directeur, fou de jalousie, confond son rôle de mari battu avec la réalité, allant jusqu'à tuer sur scène sa femme infidèle.
Samuel Sené a transposé l'intrigue dans le Paris de 1948, juste après la seconde guerre mondiale en conjuguant des sentiments explosifs et passionnels : amour, jalousie, colère ...
Colette Cordier, dite Coco (Marion Préïté, Tante Polly dans Les Aventures de Tom Sawyer à Mogador), a accepté de sacrifier sa carrière parisienne pour suivre Pierre (Fabien Richard), son époux en province. Il est le metteur en scène d'Au diable Vauvert, une pièce censée se dérouler dans le Paris de 1880, écrite par Léon Roussin, un auteur imaginaire, où il s'empare du rôle du mari trompé. Il échange quelques répliques avec Coco dans le rôle de l'épouse infidèle en attendant leur ami Guy (Cyril Romoli), qui joue le rôle de l'amant, qui n'arrive pas et dont on s'apercevra qu'il ne connaît pas encore son texte par cœur. Forcément, à son arrivée, la tension grimpe. Pierre le soupçonne vite d'être amoureux de Coco. Le doute est permis, la fiction se mêle alors dangereusement à la réalité.
Les deux conventions se superposent : celle de 1948, ultraréaliste, comme une fenêtre sur la vie réelle, et celle de 1880, le théâtre dans le théâtre, code de vaudeville adapté à l’œuvre imaginaire "Au diable Vauvert". La scénographie est celle d’un vaudeville réinterprété à la mode 1948, décor abstrait et silhouettes appuyées.Les artistes jonglent avec les codes du théâtre musical, alternant les numéros chantés et dansés du vaudeville, avec des numéros musicaux supposés improvisés des comédiens de 1948. Ces allers-retours sont limpides, par la scénographie et le jeu des acteurs, et entraînent le spectateur dans un ouvrage très divertissant montrant les coulisses d’une comédie musicale, mais glissant imperceptiblement, de scène en scène, vers un drame glaçant.
Le théâtre dans le théâtre est parfaitement maitrisé. Le vaudeville fait bon ménage avec le jazz. On passe une soirée réjouissante qui fête dignement l'anniversaire de la Huchette.Comédiens !
Une comédie musicale
Avec Marion Préïté, Fabian Richard et Cyril Romoli
Concept et mise en scène : Samuel Sené
Livret et paroles des chansons : Éric Chantelauze et Samuel Sené
Musique : Raphaël Bancou
Décors : Isabelle Huchet
Costumes : Julia Allègre
Lumières : Laurent Béal
Chorégraphies : Amélie Foubert
Au Théâtre de la Huchette
Du 20 mars au 1er septembre 2018 (avec sans doute des prolongations)
Du mardi au vendredi 21h
et samedi 16h et 21h.
Réservations : 01 43 26 38 99 ou [email protected]
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Lot