Partager la publication "[Critique] MAMMA MIA ! HERE WE GO AGAIN"
Titre original : Mamma Mia! Here we go again
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Ol Parker
Distribution : Lily James, Amanda Seyfried, Dominic Cooper, Meryl Streep, Andy Garcia, Pierce Brosnan, Colin Firth, Stellan Skarsgard, Cher…
Genre : Comédie Musicale/Suite
Date de sortie : 25 Juillet 2018
Le Pitch :
Cinq années ont passé et Sophie prépare l’inauguration de l’hôtel légué par sa mère, Donna, que celle-ci n’aura pas pu voir achevé avant son décès. Une façon de lui rendre un ultime hommage et d’évoquer les souvenirs des rencontres successives d’une toute jeune Donna avec les trois pères potentiels de Sophie durant l’été 1979…
La Critique de Mamma Mia ! Here we go again :
Pour beaucoup, l’été, c’est les vacances, le soleil, les flirts et le farniente. Mamma Mia! Here we go Again est donc le film idéal en ce mois de Juillet caniculaire, à la condition toutefois de ne pas être allergique à la musique du groupe Abba. (NDR : j’entends déjà Gilles Rolland hurler « Abba le disco! »)
On ne change pas la formule gagnante de Mamma Mia! premier du nom sorti en 2008 : même distribution, mêmes décors, même look, plein de chansons de Abba, et…même histoire ! Car le pitch du film frise l’indigence en se focalisant sur les rencontres de Donna (Lily James incarnant donc une jeune Meryl Streep) avec ses trois amours de vacances et pères potentiels de sa fille. Soit des moments déjà évoqués lors de courts flashbacks dans le film original ! Mamma Mia! Here we go Again se focalisant à 80% sur les événements de 1979, il serait même juste de le considérer comme une préquelle. Coup d’épée dans l’eau ? Simple projet opportuniste ? Oui et oui. Et alors ?
« Abba ça alors ! »
À l’origine, il y eut Muriel de PJ Hogan (1994), une sympathique comédie australienne ayant connu un certain succès critique et public en son temps, narrant le quotidien de la Muriel du titre (Tony Colette, avec vingt de kilos de plus pour le rôle), une fan de Abba rêvant du prince charmant. Le film inspira une comédie musicale (sans lien direct en termes d’histoire) qui ouvrit dans le West End londonien en 1999. Ce show fait partie de ce que les aficionados appellent les « juke box shows », soit des pièces construites autour de chansons populaires existantes. Mamma Mia! The Musical ouvrit ainsi la voie à Thriller, We will rock you, Rock of Ages et, dans une certaine mesure, à The Jersey Boys. La différence de taille entre Muriel et Mamma Mia! (la comédie musicale et le film de 2008), c’est que dans le premier, le plaisir d’écouter Abba était clairement coupable, alors que dans Mamma Mia!, il était tout à fait décomplexé. Pourtant, quelle que soit votre confession musicale, difficile de nier les qualités mélodiques et harmoniques du quartet suédois. Dancing Queen a beau être un titre usé jusqu’à la corde, le plus chevelu des rockeurs aura bien du mal à ne pas battre le tempo de la pointe du pied. Origine théâtrale oblige, Mamma Mia! Le Film (qui reprenait le show à la lettre et à la note près) parvenait à élaborer un scénario prétexte pas plus idiot qu’un autre, avec cette jeune fille cherchant l’identité de son géniteur parmi trois suspects potentiels (Pierce Brosnan, Colin Firth et Stellan Skaarsgard, visiblement contents de se lâcher un peu). Mamma Mia! Here we go Again ne prétend pas à la même « exigence » scénaristique et ne s’en soucie guère. Avec pour principal crédit la rédaction des scénarios du diptyque Indian Palace (Indian Palace 1 et 2 – 2011 et 2015), deux films « so british » et particulièrement tendres, c’est à Ol Parker qu’incombe l’écriture et la réalisation de cette suite. Conscient qu’il ne peut vraiment dévier de la trame et des personnages du film original, mais aussi du fait que celui-ci avait déjà utilisé les chansons « best of » de Abba, il ne cherche pas à réinventer la roue et se focalise sur les seuls élément recyclables de l’entreprise: le rythme et la légèreté.
« ABBAllez, c’est pesé » (accent lorrain)
Mamma Mia! Here we go Again enfile donc les numéros musicaux comme des perles, les reliant par des scènes de dialogues aussi brèves et simples que possible. Pas question de perdre son temps en palabres et en complications narratives, on est là pour chanter et danser, et la bonne humeur l’emporte, coupant l’herbe sous le pied des esprits les plus critiques. Car pour critiquer, encore faudrait-il qu’il y ait matière à cela. Et c’est là le « génie » (notez bien les guillemets !) de Ol Parker : il court-circuite notre cerveau pour s’adresser à nos oreilles et nos pieds de danseurs contrariés. À ce sujet, la playlist propose de beaux restes, bien que le premier film ait déjà utilisé les plus gros succès de Abba. .
Certes, par rapport aux comédies musicales récentes, on est loin de la gravité des Les Misérables, du néo-classicisme de La La Land ou de la sophistication visuelle de The Greatest Showman, mais ce Mamma Mia! Here we go Again ne cherche pas à concurrencer ces titres sur leur terrain. Et tant mieux !
Si Meryl Streep ne fait ici qu’une courte apparition alors qu’elle tenait rien moins que le premier rôle dans le premier film, Lily James, qui incarne donc son personnage en 1979, s’en tire avec les honneurs. Après avoir incarné une Cendrillon peu charismatique dans l’adaptation du conte par Kenneth Branagh en 2015, la jeune britannique est ici parfaitement à l’aise. Certes, le rôle n’est pas exigeant pour un sou sur le plan dramatique, mais elle fait preuve d’une énergie et d’une fraîcheur essentielles. Et quand la Grande Meryl prend enfin le relais à l’écran (sa participation au film n’étant en rien une surprise vu qu’elle apparaît sur l’affiche), c’est sans effort qu’elle se ré-approprie le personnage. On est forcément loin du Choix de Sophie en termes d’intensité, mais en quelques minutes à peine, elle nous rappelle si besoin était qu’elle peut et veut tout jouer avec une implication et une application jamais prises en défaut.
« Abracadabra »
Parmi la quinzaine de numéros musicaux, on retiendra peut-être tout particulièrement Waterloo pour sa mise en scène théâtrale, ses danseurs et le rythme du montage, ou encore un duo final aussi surprenant qu’inattendu avec Fernando (amené via un amusant aveu du réalisateur de l’impossibilité de justifier la présence de la chanson dans le contexte du film), et l’inévitable Dancing Queen (seule chanson à figurer dans les deux films), dont les travellings aériens sur une foule en liesse expriment à la fois la vacuité et la fraîcheur du clip d’une quelconque danse de l’été, sans que l’on puisse pour autant y voir une quelconque objection tant cela fonctionne.
En Bref…
Mamma Mia! Here we go Again pourrait très bien avoir été monté de toutes pièces à partir de scènes coupées du premier film. Pourtant, son aspect « Juke Box » et sa totale absence de prétention assumés lui permettent de dispenser de toute tentative de critique cinéphile objective. Car au terme des 114 minutes de projection (restez jusqu’au bout pour une amusante séquence post-générique), c’est avec le sourire et en fredonnant qui Dancing Queen, qui The Name of the Game que l’on rentre chez soi, content et le cœur léger. C’est déjà pas si mal après tout, non?
P.S. : L’avis noté accorde une note de 3 sur 5 au film. Les fans de Abba et du premier film pourront aisément lui attribuer un quatrième point.
@ Jérôme Muslewski
Crédits photos : Universal Pictures Releasing France