Franck Courtès est photographe. Ou il l'était. Il a décidé de ne plus jamais toucher à un appareil photographie, alors que cette passion l'a fait vivre toute une partie de sa vie. Franck Courtès revient sur cette vie de photographe, où l'on croise Agnès Varda, Jean-Jacques Schuhl, Robert Doisneau, Pierre Barouh, ou encore Arletty, son premier portrait de célébrité. Mais depuis quelque temps, le métier n'est plus le même. Le mépris des artistes, des politiques et des autres (aussi) pour la photographie journalistique l'attriste. Il n'est plus qu'en bout de chaîne. Après l'interview, on lui laisse 5 minutes, parfois moins, pour prendre les quelques clichés/portraits qui illustreront l'interview ou l'article. Quant à la photographie d'art, il ne s'y est jamais essayé pour plein de raisons, et en particulier car, ce qu'il aime, c'est son journal. Il a créé un journal photographique. Or, il est très compliqué d'en faire quelque chose. La photo d'art aime la série, les thématiques de société, et j'en passe, mais le journal intime sans réel lien sur la forme entre les différentes photographies, c'est compliqué. Alors Franck Courtès a trouvé une nouvelle passion. Après des dizaines d'années passées dans la photo, il décide de se lancer dans l'écriture...
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Ce livre est une lettre d'amour à la photographie. Une lettre d'amour déçue, peut-être. Je crois que Franck Courtès aurait préféré continuer à photographier, mais l'accélération de l'actualité, le fait que tout le monde se promène avec un appareil dans sa poche a considérablement modifié le métier. Il écrit d'ailleurs :
" Dans une journée, aujourd'hui, on photographie plus souvent qu'on ne se lave les dents. "
Ce qui, pour ma part en tout cas, est totalement vrai. Ce livre m'a particulièrement touché, parce que moi-même je fais un peu de photographie depuis quelques années. Or, je vois cette méfiance dont il parle. Les hommes et femmes, quels qu'ils soient, n'aiment plus tellement l'objectif. Dans la rue, il semble désormais impossible de prendre une photographie sans être foudroyé par quelques regards noirs soupçonnant une malveillance de l'appareil et de son photographe. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles je ne prends quasiment jamais de photographie des gens en masse, ni de portrait. Pour moi, la photographie est un plaisir, une passion et je ne veux pas avoir à faire signer une décharge à chaque photographie prise. Tout est attaquable, tout prend des proportions gigantesques, alors que tout le monde prend des photos. On devrait être plus à l'aise avec notre image, or c'est le contraire qui se produit. Les gens sont de plus en plus méfiants face à l'appareil.
Cher Franck Courtès, je vous comprends. Votre texte est devenu un livre de chevet que je rouvrirai souvent. Page de Franck Courtès à l'agence VU' Site des éditions JC Lattès