Voici le deuxième sencha de Asamiya (département de Shiga) à entrer dans ma sélection 2018. Dans le précédent article j'avais évoqué le formidable Kôshun, un cultivar bien rare en dehors de Shizuoka. Aujourd'hui c'est un autre cultivar que l'on trouve essentiellement à Shizuoka, Oku-hikari. C'est un autre producteur, bien qu'il porte le même patronyme, Kitada, par ailleurs productueur du Yabukita que je présentais l'an dernier.
Oku-hikari est un cultivar qui fut sélectionné parmi des croisement entre Yabukita et des théiers originaires du Hubei en Chine. Si c'est arômes ne sont pas aussi forts et reconnaissables que ceux de variétés comme Kôshun, Shizu-7132, Yamakai ou même Gokô, pourtant il possède néanmoins des qualités aromatiques qui le distinguent bien de Yabukita. Comme le préfixe "oku" l'indique, c'est un cultivar tardif. La petite plantation de Oku-hikari à Asamiya a ainsi peu été touchée par les dégâts dû au froid qui ont pourtant parfois sévèrement sévi dans cette région l'hiver dernier.
Au nez, l'infusion procure un parfum léger mais rond, sucré, avec une impression un peu épicée, rappelant la feuille de menthe aussi. En bouche, la liqueur est très présente. Là aussi très ronde, sucrée, avec une présence d'umami importante mais diffuse, et qui persiste très longtemps en bouche. Ce corps puissant me semble assez typique des thés de Asamiya. On y pratique par ailleurs un séchage important durant le roulage (moto-bi), qui permet ici de se passer presque de torréfaction finale (hi-ire). C'est ainsi que ce sencha n'est pas végétal et procure une sensation chaleureuse, sans pour autant qu'on y trouve une odeur de torréfaction.
Oku-hikari est un cultivar qui peut avoir beaucoup d'umami, mais qui peut aussi devenir un peu tannique lorsqu'il n'est pas ombré, avec ces arômes stimulant. En effet, herbes aromatiques, épices, poivre, sont les nuances, propres à Oku-hikari, que l'on retrouve dans ce thé, pourtant, c'est bel est bien la douceur et le sucré qui dominent, avec cette rondeur et cette force en bouche exceptionnellement gourmande. Cela est probablement en parti dû à ce terroir de Asamiya, de la zone de Okuyama plus exactement, avec ses pentes en altitude, souvent dans la brume, et au climat très frais (bien plus frais qu'à Wazuka, pourtant tout proche voisin).
Ainsi, on peut dire que ce sencha de Asamiya laisse les caractéristiques de Oku-hikari à l'arrière-plan en comparaison d'autres Oku-hikari que je présenterai plus tard, mais qu'en revanche, il se présente comme un bel exemple de sencha de Asamiya, riche et doux en bouche, avec un after et une longueur superbes alliant sucré et umami.