Même si les albums de reprises sont tout sauf rares, le choix d’un album complet pour cet exercice est rare, d’autant plus en studio. Mais ce n’est pas ce qui allait faire peu à Angélique Kidjo.
Bien au contraire, elle ose tout simplement s’attaquer à un disque culte, d’un groupe lui aussi culte : Remain In Light des Talking Heads. Oui, c’est bien ça : l’album avec les quatre têtes sur fond bleu et peinturées de rouge ! Ah, et pour continuer sur les faits notables, c’est bien un certain Brian Eno qui avait produit l’album…
Bien sûr, l’artiste béninoise, installée à New York, peut compter sur l’aide d’un grand producteur, à savoir Jeff Basher (Rihanna, Kanye West, Drake, Jay-Z) ou d’artistes aussi fantastiques que le batteur Tony Allen, l’artiste anglais Blood Orange ou encore Ezra Koenig de Vampire Weekend, pour ne citer qu’eux.
Cette petite équipe formée, Angélique pouvait s’approprier les huit chansons de l’album original, célébré depuis plusieurs décennies maintenant comme l’un des meilleurs albums mêlant musique occidentale et musique africaine : Remain In Light fut, en effet, grandement influencé par la musique du Nigérian Fela Kuti.
« Puisque Remain In Light a été influencé par la musique de mon continent, je veux lui rendre hommage en créant ma propre vision africaine des chansons des Talking Heads ».
Si, comme moi, vous découvrez les chansons de Remain In Light en 2018, n’oublions pas de remercier autant les Talking Heads que la grande Angélique, qui chante avec autant de conviction et de vitalité dans la langue de Shakespeare que dans des langues de son pays d’origine.
Le métissage entre la musique venue d’Amérique et celle venue d’Afrique n’a jamais aussi bien été porté sur disque. J’ose à peine imaginer ce à quoi son concert, avec David Byrne en personne sur scène, a dû ressembler – assurément une fête sans commune mesure !
La musique ne connaît aucune frontière, et Angélique Kidjo aucune limite.
(in heepro.wordpress.com, le 23/07/2018)
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