Cet ouvrage de Christine Bonardi et Nicolas Roussiau s'intéresse aux représentations sociales, comme l'indique le titre. Il s'agit d'abord de définir la notion et son origine, puis de recenser les méthodes pour étudier les représentations sociales et leurs évolutions.
La définition de représentation sociale se caractérise par plusieurs aspects : la communication, car c'est un code, la re-construction du réel en lui donnant un sens et la maîtrise de l'environnement. Les éléments de représentation sont aussi hierarchisés et structurés entre eux.
Pour comprendre les représentations sociales, on s'adresse d'abord aux sociologues comme Durkheim qui imagine une conscience collective qui régit le groupe social. C'est elle qui cimente la communauté et lui permet de se pérenniser. Elle est bien sûr contraignante puisqu'elle impose des manières d'agir et de penser qui se matérialisent dans les institutions ou les croyances. Cette conscience n'est pas détachée de la vie quotidienne puisqu'elle en valide ou infirme la légitimité. Elle est considérée par la société comme une vérité. Pour Durkheim, les représentations individuelles ne pèsent pas en regard du collectif. Elles ne sont attachées qu'à des personnes vouées à disparaitre. Mais les sociétés changent, les représentations ne sont donc pas figées, notamment dans notre société où le poids des croyances s'amenuise. D'autres visions considèrent que les représentations sociales ne sont pas le propre d'une société mais de groupes sociaux parmi lesquels ils font loi. On parle de tribus.
Chez l'anthropologue, notamment Levi-Strauss, c'est la représentation individuelle qui est intéressante car elle permet les phénomènes sociaux complexes et l'émergence de représentations collectives.
Mais c'est évidemment en psychologie que les études sur les représentations sociales abondent. Avec Moscovici, elles sont en évolution constante et dynamiques. A l'oeuvre dans des petits groupes, elles sont limitées et plus diversifiées que ne le voyait Durkheim donc plus aptes à changer. Chaque individu construit en effet sa représentation du monde à partir des objets qui forment le monde et la personnalise selon les groupes auxquels il appartient.
S'ensuivent les différentes méthodes d'analyse qui n'interesseront que les étudiants amenés à travailler sur ces notions avec une mise en garde contre la subjectivité des chercheurs dans l'analyse. Il est ensuite question du noyau central, élément qui structure les différentes représentations pour leur donner un point de référence. Toute la question est de le repérer et de voir si les changements dans les représentations passent par une évolution du noyau ou des éléments qu'il fédère. Enfin, la question de la transformation des représentations est posée. Et c'est bien entendu lorsqu'un changement irreversible intervient qu'elles sont plus à même de perdurer et de se stabiliser. Sans cela, l'individu tendra à revenir à d'anciennes pratiques.
Un essai intéressant pour les références qu'il explore ainsi que pour la méthodo. Peut-être plus pour des étudiants que pour le "grand public".