« Moi, c'est Alex, quant à Manu, il n'a pas encore le don d'ubiquité, mais il s'affaire à sauver la démocratie française, l'Union européenne sociale de la prospérité et la paix dans le monde après avoir remporté la coupe du monde foot !
Quoi messieurs les policiers ?
Je plaisante bien-sûr. Je répète les arguments de langage du second tour de la présidentielle de mai 2017 pour 2022 : jamais deux sans trois ! Vous n'allez tout de même pas m'inculper pour ça !
Pardon, les convictions ?
Non, j'étais salarié au PS depuis 2010, ça payait bien ! Je ne suis pas un ingrat, j'adorais le socialisme hollandais qui me nourrissait bien.
J'ai vécu le quinquennat de Hollande comme dans un rêve ultra-libéral pour réduire le peuple à la précarité et ultra-sécuritaire pour contrôler le mouvement social.
Ah messieurs, quel plaisir de donner des dizaines de milliards d'euros par an, sans aucun contrôle ni contrepartie, aux multinationales après avoir promis le contraire pendant la campagne électorale ! Fallait oser et surtout assumer ! Bon, Hollande n'assumait pas, ça lui a coûté son deuxième quinquennat...
Hein ?
Oui, c'est un autre débat.
Pourquoi dilapider l'argent public sans contrôle ni contrepartie, me demandez-vous ?
En l'espèce, j'avoue que ça revient quasiment à le verser directement dans les poches des actionnaires. D'ailleurs, entre 2009 et 2018, la part des richesses captées par l'oligarchie est passée de 9 % à 30 % du PIB, sympa non ?
Injustice ? Ce n'est ni un crime ni un délit.
Permettez-moi de vous faire observer la démocratique continuité politique malgré les alternances quinquennales...
Hein ? Oui, j'exagère, "démocratique" est de trop.
Vous avez raison, c'est un autre débat.
Hein ? Quoi, Sarkozy et Hollande ont été battus ? Et alors ? C'est toujours un laquais du capital et de la globalisation qui est à la tête de l'Etat...
Donc, pour être tranquille au pouvoir et y rester, vous devez respecter 2 règles :
La première, appliquer la politique du MEDEF. Tous les médias du CAC 40, autrement dit 95 % des médias, en d'autres termes ceux qui appartiennent à une poignée d'oligarques vous laissent soit carte blanche, soit vous soutiennent activement.
La deuxième, il faut jouer sur les peurs bien réelles du terrorisme et les fantasmes délirants relatifs à une immigration islamiste. Cette règle permet de harceler les humanistes qui secourent les migrants et de fermer les yeux sur les agissements d'un quarteron de fascistes dits identitaires.
Pas très républicain me dites-vous... Vous êtes naïfs ou quoi ?
D'une part, l'ultra-libéralisme crée forcément du mécontentement social.
D'autre part, la politique sécuritaire, à défaut de lutter contre le terrorisme, donne de la légitimité idéologique à l'extrême droite et contribue à la maintenir à un haut niveau électoral afin qu'elle soit qualifiée au 2d tour des élections.
Enfin, le tout doit circonscrire l'influence de la gauche de transformation économique et sociale. Sans leur demander, les médias du Capital créent de fausses polémiques et divisions pour dégoûter les potentiels électeurs insoumis et anticapitalistes...
Cynisme ?
En l'occurrence, cette recette permet de sauver la démocratie... Désolé messieurs, c'est plus fort que moi. Je plaisantais. Je ne recommencerai plus !
Oui, juste un peu machiavélique et taquin...
Donc, voyez-vous, les expériences de 2002 et 2017 nous enseignent que l'extrême droite ne peut l'emporter électoralement face à un candidat qui affirme incarner le progrès, la liberté et la démocratie... avec le soutien permanent de l'appareil médiatique et ponctuel d'une partie de l'opposition.
C'est ainsi que mon Manu l'a emporté et l'emportera...
Oui, vous avez raison, c'est redondant et je m'éloigne des faits...
Grosso merdo, je bossais à l'Elysée jusqu'à cette semaine. J'avais même décroché un appartement dans les beaux quartiers.
Les responsabilités, c'est beaucoup de stress et de pression.
Faut évacuer tout ça, surtout quand vous assurez la sécurité du président de la République.
J'aurais pu faire du foot ou du footing ou aller dans une salle de sport ou de boxe me dites-vous...
Vous avez raison, mais que de temps perdu pour rien ! Par pur égoïsme...
Aussi, ai-je choisi de décompresser tout en soutenant la politique du gouvernement et de Manu!
Alors, je vais tout vous dire maintenant, avouer...
A chaque manif, je me fais un devoir de diffuser un message de soutien à la politique de mon président.
Un message d'égalité, de liberté et de fraternité...
Quoi ? Oui messieurs, je reviens aux faits !
Bon, j'ai le goût du débat démocratique, mais faut pas exagérer.
Donc, comme d'habitude, je me suis pointé à la manif, fringué en black bloc ou en facho de base, soit tout de noir de vêtu. J'avoue que je ne porte pas systématiquement ma chemise brune Hugo Boss avec un brassard pour faire de la pédagogie active à coup de matraque avec un manifestant, de préférence pacifiste, couché et maintenu au sol !
Nonobstant les conséquences directes sur le manifestant pris au hasard dans la foule et sur les témoins visuels, mon action a probablement indigné bon nombre de jeunes idéalistes sur les réseaux sociaux et suscité des vocations de casseurs, lesquels sont de potentiels alliés objectifs du pouvoir et de la violence d'Etat.
Non messieurs, je n'exagère pas, il y a le feu à la macron maison !
Tant que la prochaine réforme constitutionnelle et les lois contre les fake news et les lanceurs d'alerte n'entreront pas en vigueur, la contestation sociale menacera toujours les objectifs du président et de son écrasante majorité de députés.
Voyez-vous messieurs, mes amis miliciens et moi avons œuvré avec zèle pour le bien présidentiel.
Bon, l'Elysée n'était pas informée... Officiellement. »
Ami-e-s internautes, les quelques lignes ci-dessous constituent une oeuvre de fiction. Les personnages et les situations décrits dans cette innocente et naïve fable sont purement imaginaires : toute ressemblance avec des personnages ou des événements existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. Les images ont été photographiées sur le mur de la rue d'Aubervilliers dans le 18ème arrondissement de Paris, à quelques pas du 104.